Le sujet de la dépression chez les basketteurs reste un peu « touchy » mais moins tabou qu’auparavant, et c’est une bonne chose.
Il y a deux ans, DeMar DeRozan avait osé brisé un tabou: évoquer les épisodes dépressifs qu’il avait connu. « Je sais que beaucoup de gens ont honte d’en parler. Et c’était mon cas pendant longtemps. Les gens se demandaient pourquoi j’étais un gars si peu bavard. Et c’était en partie pour ça, parce que je ne voulais pas en parler, je ne voulais pas que les autres le sachent exactement ce que je traversais. Et puis arrivé à un certain âge, vous avez envie d’aider les autres. Il ne s’agit pas simplement de parler de ce que vous vous vivez, car vous n’êtes pas le seul. En en parlant publiquement, ça peut aider quelqu’un. Que ce soit une personne, ou des centaines, des milliers de personnes. J’en suis simplement arrivé au point où il était temps que je dise quelque chose » avait ainsi confié à The Star.
Kevin Love avait fait de même et ouvert son coeur pour évoquer les problèmes de dépression qu’il avait traversé. « Le basket m’a en partie sauvé, mais j’ai eu l’immense chance d’avoir un groupe d’amis qui ne veulent vraiment rien d’autre que d’être là pour moi et d’avoir cette relation […] (Graham Bensinger lui demande s’il lui arrivait toujours d’avoir des pensées suicidaires) Si tu es passé par là, si tu as eu ces pensées-là, ça te traverse l’esprit. J’ai appris à dire la vérité sur ce que je ressentais, car rien ne va plus te hanter que les choses que tu ne dis pas. Il ne faut pas garder ça pour soi. Je sais que ça va peut-être me rendre vulnérable, mais je sais que beaucoup de gens vivent ça aussi et que plus on sera à en parler mieux ce sera.[…] Tu ne choisis pas les moments où ça va te tomber dessus. J’ai tendance à m’inquiéter pour les autres sans prendre soin de moi. Il y a des jours plus difficiles que d’autres, et j’ai tendance à souffrir du syndrome de l’imposteur aussi. Parfois je n’ai pas l’impression de mériter le succès que j’ai eu et très souvent je me sens comme un escroc parce que je n’ai pas le sentiment d’avoir accompli assez. Les cicatrices sont là et ne guérissent pas toujours à 100%. Ça te rend plus empathique. Il faut travailler sur toi, avoir une forme d’échappatoire qui te soit bénéfique » avait-il écrit dans The Player’s Tribune.
Dans un entretien avec Graham Besinger, Love est revenu sur cette sombre période traversée. « La dépression, c’est épuisant. J’ai juste envie de m’enfermer dans une pièce sombre sans jamais en sortir. Et il y a eu des moments où je n’en sortais que pour manger ou jouer au basket. Aller au travail, c’était mon exutoire, là où je me sentais en sécurité. Et quand on t’enlève ça, ça devient encore plus épuisant. C’est une accumulation de choses qui s’empilent. Tu joues devant 25 000 fans, plus tous ceux qui regardent à la télé, ils ne savent pas que tu vis ça et c’est complètement épuisant quand tu as un déséquilibre chimique et que tu n’as pas réussi à faire en sorte que ça aille mieux.[…] Le basket c’était tout pour moi, c’était mon refuge. J’aime le basket, c’est ce que je fais, pas ce que je suis, c’est quelque chose que j’ai dû apprendre. Je n’avais pas d’autre échappatoire que le basket. Je ne voyais pas mes coéquipiers, je vivais seul. Je ne voulais même plus sortir tellement j’étais anxieux. Ça a été un moment très sombre de ma vie, c’est difficile d’y repenser, mais ça a duré des mois. Je n’avais pas de manière saine de m’exprimer ou de me sortir de là. Tu prends des médicaments, tu bois, tu traites mal ton corps, tu manges mal, en gros tu fais tout pour te faire du mal. Quand tu en arrives là et que c’est la même chose tous les jours, les pensées suicidaires arrivent. Tu commences à planifier le truc, à te demander de quelle manière tu le ferais et c’est… oui ce sont des moments terrifiants de ma vie. J’avais un certain nombres d’idées en tête… ce qu’il y a de bien c’est que quand tu fais ces recherches, tu tombes tout de suite sur le numéro de la National Suicide Prevention Lifeline. Donc oui j’ai pensé à plusieurs manières de faire mais ça faisait peur de prendre ce chemin et de penser à l’idée de m’ôter ma propre vie. C’est quelque chose qui m’a souvent traversé l’esprit. Je n’ai jamais fait de tentative, non. Heureusement » explique-t-il avec une désarmante sincérité.
Baptisée « mal du siècle » (à l’instar des maux de dos plusieurs années auparavant), la dépression (ou burn-out quand cela s’applique au milieu professionnel) touche toutes les couches de la population. Le dialogue reste le meilleur moyen de lutter contre les pensées noires.