Ionesco et Beckett n’auraient pas renié la soirée vécue hier à Ninane lors du match de Coupe de Belgique entre la combative escouade d’Yvan Fassotte et Oxaco. Reportage.
Au coup de sifflet final, alors que le marquoir affiche 74-78 en faveur d’Oxaco, Yvan Fassotte lâche un sonore Yes!« , et les Calidifontains se congratulent. La perplexité se lit sur les visages des Anversois et personne ne sait à quoi correspond ce résultat. La D1 de Mons-Hainaut viendra-t-elle défier Colette et ses coéquipiers dans le petit village ninanois? Une situation ubuesque que n’auraient pas renié Eugène Ionesco et Samuel Beckett et leur théâtre de l’asburde. Mais remontons le fil d’une soirée riche en émotions.
C’est devant une très faible assemblée, confirmant ainsi la malheureuse érosion de la fréquentation des salles de basket, que les deux formations s’échauffent. Côté local, seul Jérôme Giebens (malade) et Gordan Kistemann (blessé) manquent à l’appel. Avec un cinq majeur classique – Colette, Allemand, Dedave, Fassotte, Henrard – et expérimenté, Ninane démarre en trombe avec Colette (5 points) de loin et Henrard (16 pions) dessous pour faire 5-0.
Le pivot score à nouveau en-dessous, imité ensuite par Dedave (14 unités) à mi-distance alors que les visiteurs affichent déjà une insolente adresse de loin. C’est 9 partout lorsque Théo Beaujean (9 points) et Alexandre Giebens (12 unités) montent au jeu. Le jeune pivot se signale rapidement par une belle activité et deux paniers pour faire 15-12 mais les Calidifontains craquent quelque peu dans la dernière minute du quart-temps et se retrouvent relégués à 18-25.
Ninane combatif plie mais ne rompt pas
Max Bodson, maladroit jusque là, plante un triple pour ramener ses couleurs à 23-29. Les visiteurs répondent immédiatement de la même distance. Après un temps-mort sonore du mentor local, Allemand (11 unités) à la passe, Dedave et Giebens à la finition tiennent la baraque. Beaujean fait tomber son défenseur sur un cross mais les Ninanais ne parviennent pas à combler le trou. Dans les dernières secondes, l’ancien ailier d’Alost vole un ballon mais est « chassé » par un Anversois. Les arbitres ne bronchent pas, au contraire de l’entraineur ninanais qui réclame – à juste titre – une volontaire. Les « refs » infligent alors une faute technique au mentor local. Le lancer visiteur est loupé. Dedave provoque une ultime faute et inscrit ses deux lancers-francs pour clore le score à la mi-temps: 38-47
Au retour des vestiaires, Beaujean plante un triple du parking pour faire 41-47. Oxaco rapidement dans la pénalité, les Ninanais – emmenés par un Giebens épatant! – poussent et recollent à 47-52. Quelques ballons mal négociés – excès d’enthousiasme, imprécision – empêchent les locaux de revenir à égalité. Dans les dernières minutes du troisième quart, les Anversois enchainent dunk et tirs lointains pour faire le break. C’est 51-65 à la demi-heure.
Ninane revient du diable vauvert
Alors que la partie semble avoir échappé des mains ninanaises, Henrard, Beaujean et Giebens ramènent rapidement leurs couleurs à 57-67. Gérald Henrard, diablement efficace, fait 67-73 sur un rebond offensif. Les visiteurs ne craquent pas et restent en tête. Après une balle volée par Mertens, Gary Dupont (deux paniers mais quels paniers!) fait 72-78 d’un splendide « smash ». Il reste 47 secondes à jouer et les coachs donnent leurs consignes lors d’un temps-mort.
Au sortir de celui-ci, Ninane propose par deux fois une remarquable défense et, de l’autre côté, Dedave fait preuve de sang-froid depuis la ligne de réparation pour faire 74-78. Sur la dernière possession – il reste dix secondes – et de façon surprenante, les locaux ne pressent pas et ne font pas de faute. La partie s’achève sur le score de 74-78 alors que les deux camps semblent satisfaits et qu’une questions brûle les lèvres de tous les observateurs: que signifie ce résultat?
Verra-t-on la D1 de Mons-Hainaut à Ninane?
En effet, traditionnellement, en Coupe de Belgique, il existe un écart de cinq points par division – huit à l’extérieur – en début de rencontre. Ce n’est pas d’application lors du premier tour, sous forme de poules, mais serait, selon le règlement en vigueur sur le site de l’AWBB, effectif dès le deuxième tour. Or, lors de cette rencontre entre Ninane et Oxaco, les deux équipes ont démarré sur un strict pied d’égalité malgré leur division d’écart. Les arbitres n’auraient pas reçu, sur leur convocation, que les cinq points d’écart par division étaient bien d’actualité. Les Calidifontains s’étant inclinés quatre points, le calcul est vite fait. Les locaux ont-il alors gagné? Le match devra-t-il être rejoué? Le matricule 1200 a posé ses réserves, la situation devra être examinée rapidement… En attendant Mons-Hainaut, futur adversaire de Ninane lors du prochain tour si les Calidontains se qualifient, la perplexité règne dans les deux camps et la Belgique se pose à nouveau en pays du surréalisme.
*: ce titre est librement inspiré d’une célèbre pièce de Samuel Beckett: « En attendant Godot ».