« Je n’ai jamais vu un comité aussi investi »

Après 26 ans d’attente, les Sucriers remportent un titre pour leur équipe fanion. Et quel titre, acquis avant la fin de la saison en P2A, la plus explosive des séries liégeoises. Une conclusion magistrale d’une saison historique qui envoie Nicolas Paulus et ses coéquipiers vers un retour au sein de l’élite provinciale.

Trois moments forts dans cette saison historique :

« En premier, l’énorme dunk d’Hugo Riga en seconde mi-temps à Visé alors que nous étions menés et que mon frère et moi étions malades comme des chiens. C’était le troisième match de championnat, après une lourde défaite contre Cointe et une courte victoire contre Flémalle qui avait très mal joué chez nous. Avant ce moment, j’avais parfois l’impression que nous n’étions là que pour le show, nous ne montrions rien. Mon fils était sorti de l’hôpital ce jour-là, je n’avais pas spécialement envie d’être là quand je constatais que nous ne nous battions pas. Sauf qu’en seconde mi-temps, nous avons enchainé des séquences défensives incroyables, principalement – dans mes souvenirs – avec Sacha De Liamchine, Lio Raboz et Hugo Riga. Nous avons gagné plein de ballons et sur une des contre-attaques, avec un défenseur pas loin : paf ! Là, ça nous a transcendé et je me suis dit : nous allons le faire ! Le second date de janvier lorsque nous avons perdu deux matchs dans des circonstances bizarres, avec des absents et des problèmes de fautes contre une belle équipe du Haut-Pré qui nous a fait déjouer et puis nous nous étions repris contre une courageuse équipe du Mosa qui n’alignait que sept joueurs mais sans jamais parvenir à tuer le match et où nous finissâmes par nous faire laminer par les arbitres dans les deux dernières minutes. Nous avions le moral dans les chaussettes, tous nos efforts du premier tour – terminé avec la seule défaite contre Cointe lors du premier match – s’étaient envolés. Les Grenouilles nous étaient repassées devant au classement mais, justement, le match qui suivait était contre Cointe, chez nous. Nous ne pensions plus spécialement à l’average ou au classement, nous voulions juste nous racheter de nos deux dernières sorties et laver l’affront du premier match et d’autres duels lors desquels les Cointois nous avaient appris ce que c’était un basket collectif. Mon frère était absent, Sacha De Liamchine jouait sur une jambe mais nous étions galvanisés car nous savions que si les Liégeois l’emportaient, c’était fini pour nous et qu’ils pourraient terminer le championnat en roue libre. Dès l’entame de match, nous avions prouvé que si cela devait être le cas, nous allions d’abord mourir sur le terrain, ensemble.

Nous avons affiché une attitude, une concentration et un impact physique exemplaires, associés à une réussite importante. Ce fut seulement à deux minutes de la fin que nous avons regardé le score et, paf, nous avions les 15 points nécessaires pour reprendre l’average. Là, nous avons commencé à jouer pour cela et y sommes parvenus. Personnellement, j’ai seulement relâché la pression à 30 secondes du terme que j’ai su que c’était dans la poche. Quel soulagement de nous être maintenus dans la courses de cette manière. Enfin et troisièmement, tous les matchs depuis celui-là étaient des finales. Même si le score fut parfois largement à notre avantage, nous les avons abordés de la sorte, avec sérieux et une petite dose de stress car il ne fallait rien lâcher. Dans la plupart de ces matchs et spécialement celui dangereux contre Comblain, le collectif et la réussite répondirent présents, facilitant nos victoires. Cependant, si je dois retenir un troisième moment, ce fut ce match pour le titre contre Verlaine et la difficulté que nous avons éprouvé pour concrétiser notre ambition. Le titre était au bout de nos doigts mais une merveilleuse équipe de guerriers verlainois nous a fait déjouer et menait à la mi-temps, chez nous alors qu’avant ce match, nous étions invaincus à domicile avec un écart moyen de 27 unités. Les Verlainois en avaient décidé autrement et ni notre collectif, ni nos individalités n’ont réussi, pendant longtemps, à trouver la faille. Ce fut grâce à notre sérieux, à une intensité retrouvée et quelques shoots cruciaux à dix mètres de mon frère alors que notre réussite était en berne que nous sommes parvenus à nous imposer. J’étais super content pour mon frère qui n’avait pu participer au combat contre Cointe et Dylan Saive fut magistral avec deux trois points meurtriers pour entériner notre victoire. Après ce match, la fête fut énorme également ! »

Trois raisons qui expliquent cette belle saison des Sucriers :

« Tout d’abord la cohésion et la confiance dans le collectif. Il n’y a aucune tension dans cette équipe. Malgré les âges et les situations familiales bien différentes, nous sommes là pour nous marrer et nous nous… marrons. Ces dernières années, Wanze a toujours joué un basket en première intention, peu importe qui a la balle. Quand ça rentre, c’est jouissif, galvanisant. Souvent, nous exultons, nous sautons, levons les bras en l’air, pointons du doigt nos femmes dans les gradins. Vu de l’extérieur, nous savons que ça énerve, que nous passons pour des prétentieux. Mais comme dirait KDB : « on s’en « ballec ». Nous sommes là pour le basket, ça nous fait marrer et c’est même pire : pour notre cohésion, nous en avons même besoin, cela permet de se chauffer rien qu’en voyant un coéquipier en mettre un.

Cela étant dit, nous étions déjà une équipe offensive l’an passé mais la différence cette année et la seconde raison de notre réussite, c’est notre défense. A l’image de Lucas Fraipont (mais ce n’est pas le seul), notre défense, spécialement en zone et aux postes 1, 2 et 3, est devenue une de nos meilleures qualités. Et c’est génial de voir un joueur qui a déjà tapé 60 points dans un match il y a quelques années révolutionner son basket pour travailler sur ses défauts et devenir le joueur dont l’équipe a besoin, tant sur le terrain que sur le banc. Enfin, notre cohésion d’équipe s’étend au coach, au délégué et au comité dont le suivi est incroyable. Bien que j’ai déjà eu des coachs investis comme Tom Content l’est, depuis quinze ans que je joue en seniors, je n’ai jamais vu un comité aussi investi. Et certainement pas en P2 ! Jamais, même en déplacement, il ne faut chercher un délégué, quelqu’un pour faire la table, arranger la salle, s’occuper de nos vareuses ou des stats. Quand nous sortons du terrain, sans avoir à le demander, notre délégué Marc Tutelaire nous amène ce dont nous avons besoin : gourde, sucre, morceau de pain d’épices. Je suis super content que nous ayons pu ramener ce titre pour nos bénévoles qui étaient là avant nous, serons là après et le méritent encore plus que nous. »

Trois adjectifs pour qualifier cette équipe de Wanze :

« Nous sommes heureux de jouer au basket. J’ai évolué dans des équipes extraordinaires mais nous étions souvent aussi heureux d’être à la buvette que sur le terrain. Ici, le terrain prime, tous les mardis, jeudis et les week-ends. Cela se ressent particulièrement dans l’implication de chacun durant la semaine. Ensuite, nous sommes décontractés et désinvoltes même si parfois un peu stressés. Cela va avec le premier. Nous ne sommes pas dans le contrôle, nous nous lâchons, nous profitons du basket sur le moment quand un coéquipiers propose quelque chose de techniquement réussi ou d’intense. Une fois sur le parquet, nous oublions hier et ne pensons pas à demain. Enfin, nous sommes altruistes. Tout le monde dans cette équipe et dans ce club a le sens du sacrifice. C’est ce qui nous permet de passer d’un ensemble d’individualités à un ensemble tout court. »

Trois adjectifs pour qualifier ce titre de champion de P2A, la plus explosive série liégeoise :

« Mérité. Je ne pense pas que dans notre championnat, une équipe s’est entrainée aussi dur que nous l’avons fait, à dix ou onze, malgré les blessures et quelques fois les vacances. Même s’il y a eu des naissances ou des moments parfois compliqués avec des petits bouts malades, les papas sont très vites revenus faire le taf à l’entrainement. Ensuite, un titre attendu. Le club n’avait plus remporté de titre pour son équipe première depuis 26 ans malgré l’investissement colossal de son comité depuis tant d’années. Enfin, jouissif. Dans la vie d’un basketteur, un titre est toujours quelque chose d’unique qui a été et sera encore fêté comme il se doit. »