Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. C’est en quelque sorte le constat que fait Hervé Schoonbroodt au moment de dresser – sans langue de bois! – le bilan de la saison de Visé en P2A.
La saison 2019-2020:
« Nos résultats sont le reflet de notre saison: assez constants. Même si nous avons bien commencé par un cinq sur cinq, nous n’avons pas vraiment fait de vague… Nous n’avons pas vraiment évolué au fil de l’année et avons commis toujours les mêmes erreurs, sans apprendre. Cela nous a empêché de progresser et d’avancer. L’équipe était assez jeune et manquait de maturité au niveau basket. De plus, nous avons eu quelques bobos par-ci, par là, et comme une saison est – normalement – longue, il faut pouvoir évoluer afin de finir en boulet de canon. Nous avons, en quelque sorte, un peu fait l’inverse. »
Sur la place de Visé au classement:
« Nous n’avons peut-être pas terminé à la place que nous visions mais sans doute à celle que nous méritions. Nous ne pouvions pas vraiment revendiquer davantage. Au vu de notre effectif et de notre saison, nous terminons à la place où nous devons être! Nous avons gagné des matchs que nous n’aurions peut-être pas dû gagner mais nous en avons aussi perdus que nous devions gagner. L’un dans l’autre, la balance est équilibrée. Je tablais sur une victoire tous les deux matchs et nous finissons avec onze victoires et dix défaites, mon pronostic était bon. »
La P2A:
« Une belle série avec quelques « cadors » – Pepinster, Angleur – qui avaient annoncé la couleur dès le début. La P2 est un championnat très difficile où il faut jouer chaque match et où paraître ne suffit pas pour gagner. Il est plus facile de se maintenir en P1 que de monter de P2 en P1 car, chaque année, il y a de « grosses » équipes sur le papier qui rêvent de monter le plus rapidement possible. Et, au final, cela leur prend deux ou trois ans pour y arriver. N’ayant plus évolué depuis plusieurs années en provinciale(s), je ne connaissais pas réellement le niveau du championnat et de certaines équipes. Par exemple, je n’aurais pas parié sur Tilff – qui a tenu sur la longueur – mais je suis bien content pour les Porais car ils sont désormais là où ils le méritent amplement. Une saison est théoriquement longue, les faux-pas sont interdits pour se mêler à la lutte pour le titre. Par conséquent, il faut être présent(s) du début à la fin et savoir évoluer tout au long de la saison, avoir le brin de chance indispensable lors des matchs qui se jouent sur un coup de dés ou une décision arbitrale ainsi qu’éviter les blessures et les absences. Tilff a su le faire et l’a bien fait, chapeau aux Porais et bonne chance pour la suite.«
Ses propres prestations:
« Je n’aime pas parler de mes prestations personnelles, je préfère regarder les prestations collectives. Toutefois, je voulais, je veux et je voudrai apporter mon « expérience » et mon envie de gagner à ce « jeune » groupe qui descendait de la P1. En tant que capitaine, je n’ai pas toujours ressenti ce « respect » ou cette envie d’écouter et d’apprendre. J’ai l’impression que, de nos jours, les jeunes savent tout et mieux que quiconque… Que l’on n’a rien à leur apprendre! C’est assez frustrant car moi, à leur âge, j’ai côtoyé des Pluys, Breugelmans, Demoulin, Matisse et autre Mathonet avec qui j’ai appris tant de choses et que je souhaite transmettre désormais. Si c’est gars là jouent encore le haut du tableau à leurs âges en P3, c’est qu’ils en connaissent un rayon sur le basket! Ils ne doivent plus courir comme des lapins mais ils compensent ce manque de vitesse par l’expérience. Et cela, ça n’a pas de prix…«
Les moments forts de la saison:
« Les mois de juin et juillet furent assez marquants car nous n’avons pas pu constituer le groupe espéré et annoncé fin mai… Nous avons dû faire face à des changements de dernière minute qui n’ont peut-être pas pu permettre de constituer un groupe suffisamment compétitif que pour faire directement l’ascenseur. Cela a quand même changé la donne sur le long terme. Mais nous avons fait avec les moyens du bord, en interne, et cela ne s’est pas trop mal déroulé au départ avant de finalement rentrer dans le rang. Malgré cela, nous espérions mieux mais force est de constater que nous n’aurions pas vraiment pu mieux faire. »
Les coups de coeur:
« Le groupe a su rester soudé dans les bons comme dans les moins bons moments. Même si les résultats engrangés n’étaient pas à la hauteur des attentes de certains, l’ambiance au sein de groupe est toujours restée bon enfant. Nous avons continué à tous – à des degrés divers, certes – être impliqués et nous comptions terminer la saison sur de bonnes notes avant de nous mettre au travail pour la suivante. »
Les regrets:
« Je ne regrette pas les résultats, ils sont le reflet de notre saison. Compte-tenu de notre manque de progression, nous n’aurions pas pu viser le Top 3 mais. C’est justement ce manque d’évolution qui me frustre… J’ai l’impression que le groupe n’a ni évolué, ni appris de ses erreurs. Ce n’est pas grave de commettre des bourdes, de rater des choses ou de faire de mauvaises passes, mais le tout est d’essayer d’évoluer, d’avancer pour gommer ces erreurs et faire mieux la fois suivante. Lorsque le coach propose des solutions et donne des conseils mais que ceux-ci ne sont pas mis – et à maintes reprises – en application, cela me laisse perplexe. Je ne comprends pas comment la pièce ne tombe pas dans la tête de certains afin d’essayer de mettre ces consignes en place et d’évoluer. Ce manque de jugeotte me fait nourrir des regrets car nous avons un groupe de chouettes gars, qui ont le club dans leur coeur et pourraient continuer de progresser et de faire avancer le club. Mais s’ils ne veulent pas se remettre en question pour évoluer alors je pense que j’ai encore de longues années devant moi en P2… Pourtant, ce n’est pas moi l’avenir du club, ce sont eux. C’est à eux de se dire qu’ils peuvent apprendre des anciens – tout en mettant cela à leur sauce – mais pour cela, il faut savoir accepter les remarques, les conseils et mettre son orgueil de côté. Je ne pointe personne en particulier mais plutôt la société actuelle. Et je sais de quoi je parle: je suis dans l’enseignement au quotidien. Les jeunes pensent tout savoir et mieux que tout le monde mais, pourtant, ce sont dans les vieilles casseroles que nous faisons les meilleures soupes… Je ne demande que cela: pouvoir transmettre mon savoir, mon expérience. Je ne prétends pas avoir la science infuse, loin de là, mais quand j’observe les jeunes (U6-U8) que j’entraine mettre en pratique certains de mes conseils et être très contents et fiers d’évoluer et de réussir, je me dis que j’ai tout de même réussi à leur apporter quelque chose. Et c’est cela que j’aimerai pouvoir transmettre à mes coéquipiers afin de les bonifier et de les rendre plus « malins« .