Le temps d’une soirée, le Hall du Paire se parait de ses plus beaux atours et reçevait à nouveau des basketteurs de l’Elite. Dans le cadre du projet « Basket 3.0 », Liège Basket prenait ses quartiers dans le chaudron pépin pour recevoir Limburg United. Liège&Basketball ne pouvait manquer l’évènement.
Une fine pellicule de glace recouvre la nature environnante en ce samedi matin d’automne. L’air, sec et froid, se révèle mordant. Comme hier soir, lorsqu’arrivé à Pepinster, la foule se presse à l’entrée du Hall du Paire. Ca bouchonne un peu, les enfants trépignent d’impatience, l’affiche a, visiblement, attiré du monde et la billetterie est légèrement dépassée.
Ayant récupéré les précieux sésames que Liège Basket a mis à notre disposition, il est temps de prendre place en tribune latérale pour assister à cette rencontre. Si au dehors l’atmosphère est plutôt givrée, à l’intérieur, c’est tout l’inverse tant le tohu-bohu et les chants partisans font bourdonner les oreilles et réchauffent l’ambiance. Nous remarquons toutefois que les gradins sont clairsemés par endroit, ce n’est malheureusement pas sold-out pour l’occasion.
Le Speaker fait la présentation des joueurs, Yoann Hertay est dans le cinq de base des Limbourgeois. Sans doute une volonté de son entraineur, Ronnie McCollum, de profiter de son premier match contre ses anciennes couleurs. Nous imaginons Yoann, qui a réalisé un joli score à l’applaudimètre, motivé à plus d’un titre.
A Liège, François Lhoest est dans le cinq de départ. Juste récompense au vu de son dernier match face à Bruxelles où, auteur de 14 points, dont un gros trois points en fin de partie, il a su répondre présent.
Dix premières minutes échevelées
Le match peut commencer et c’est Limburg qui prend le meilleur départ. C’est 0-4. Yoann, agressif en défense, sort rapidement après avoir raté deux paniers consécutifs et Milos sonne le réveil des Principautaires. Avec une interception et deux pénétrations, il remet Liège en selle. François « Franky » Lhoest y va de son fade-away et c’est 12-4. McCollum craque son premier temps mort pour éteindre l’incendie.
Au retour sur le parquets, Liège parvient difficilement à contenir Limburg mais un gros triple de Larson, un lay-up de Franky et un panier de Boris Penninck, ancien Pépin, sur un caviar de Larson (au four et au moulin!) permettent aux Liégeois de rester devant, 19-15. Les supporters n’hésitent pas à faire du bruit, l’ambiance est plaisante et le début de match enlevé.
Terry Deroover rentre au jeu. Le feu follet, auteur d’un match splendide face au Basic Fit Brussels, semble bien en jambes mais la défense liégeoise, déjà à cinq fautes, commet trop d’erreurs. Un temps-mort de Laurent Costantiello n’y change rien, mais Tyler Larson, avec un tir dans le corner et un lay-up on the buzzer, tient la baraque et permet aux Sang et Marine de limiter les dégâts, 24-28. Francis, notre voisin du jour, nous souffle qu’il est « quand même très bon ce meneur. Avec les Amerloques, on peut avoir de bonnes comme de mauvaises surprises. Ici, nous sommes vernis!« .
Darnell Harris en patron
Terry se rappelle à notre bon souvenir en s’illustrant from downtown pour entamer le second quart et, après avoir encaissé, c’est Darnell Harris qui dégoupille de loin, 30 partout. Les spectateurs se font entendre et l’Américain en remet une couche à 6m75, Liège passe devant, 33-32.
Cependant, Limburg rend coup pour coup, banderille pour banderille. Carl Montgomery montre ses limites en se faisant sévèrement bâcher et l’on peut entendre un sonore « get back baby! ». Harris, décidément chaud comme la braise, allume à trois points en transition, ça fait 44-40. Derrière, Tyler Larson gobe un gros rebond et délivre une passe décisive pour Bojovic. 46-40, et temps mort pour Limburg United. Une partie du public se met debout tandis que les cheerleaders nous proposent une chorégraphie énergique.
Mongtomery réalise un joli marcher (sa plus belle action du match?) et est remplacé par Lhoest. Il rejoint le banc en boudant. Une baseball pass du MVP of the Month et un Bojovic hyper propre font 50-44. Yoann Hertay remonte au jeu, il reste une minute trente. Nonante secondes qui seront entrecoupées de deux time-out, lors desquelles la sono crachera des sons d’encouragement. C’est 53-46 à la mi-temps, Liège tient le bon bout.
Du beau monde présent
Les spectateurs présents quittent leurs sièges et se dirigent vers la buvette pour se désaltérer. Nous croisons de nombreux basketteurs verviétois et Maxime Gaudoux, le joueur de Louvain, venu encourager son ami Yoann, tout comme Gaetan Hertay qui voit en vrai, pour la première fois de la saison, son frère évoluer sous les couleurs de Limburg . Nous discutons avec Liliane, Arnaud et Marcel, venus en famille au Hall du Paire. « Cela fait quatre ans que nous sommes abonnés à Liège Basket » nous expliquent-ils. « Nous sommes surpris de l’assistance, il y a du monde. » C’est la première fois qu’ils viennent au Hall du Paire. « Ca résonne plus ici, ça offre une bonne ambiance même si ce n’est pas évident pour se garer. » Comme chaque supporter, ils ont leurs chouchous. « Tyler Larson et Milos Bojovic sont vraiment talentueux, nous les aimons beaucoup. Et Darnell Harris fait une super première mi-temps » nous confient-ils. « Et nous trouvons que François Lhoest a une excellente mentalité. Il est très combatif. C’est ce qui manque parfois chez les Américains. » Il est déjà temps de rejoindre les tribunes car la seconde partie de la rencontre va débuter. En chemin, nous croisons Odell Hodge qui est encore plus imposant que lorsqu’il était joueur.
Un troisième quart-temps laborieux
Limburg marque d’entrée et il faut attendre plusieurs minutes pour que Bojovic, sur une faute de l’ancien Liégeois Mukubu, alimente le marquoir sur la ligne des lancers-francs. S’ensuit une séquence folle où Liège, par Larson, marque à trois points avant d’encaisser de la même distance et que Harris (encore lui!) ne remette le couvert au-delà des 6,75 mètres. C’est 60-51.
Yoann Hertay remonte au jeu, tout comme François Lhoest qui s’illustre d’entrée avec un gros rebond, et Penninck marque à trois points. C’est 64-53 et Liège semble vivre et mourir par son adresse longue distance. Spicer est gourmand et rate un monstrueux alley-oop. Quelques grosses caisses résonnent, ainsi que quelques chants, mais le public semble assagi durant cette troisième période. Maxime, un Spadois, ancien fervent supporter des Wolves et assis non loin de nous, regrette « qu’il n’y ait pas le nom au dos des maillots, et ce pour les deux équipes. C’est plus compliqué de savoir qui est qui. » Les minutes suivantes voient beaucoup de ballons gâchés de part et d’autre. Lhoest nous semble hyperactif en défense, pour le plus grand bonheur des Liégeois. Larson score en pénétration pour clore le troisième quart sur le score de 66 à 59.
Un splendide money-time
La sono invite les supporters à faire du bruit et le résultat est assez…bruyant. Harris aussi, qui reprend son rythme du deuxième quart-temps en inscrivant d’emblée un fade-away jumper. Larson poste son défenseur, tire via la planche et se fait contrer illégalement par Jordan Heath, le géant (2m10 sous la toise) Limbourgeois. C’est 70-59 mais Liège a déjà deux fautes d’équipe. Tate Unruh score de loin mais Harris répond avec un gros triple avant qu’Hazard soit opportuniste au rebond offensif pour inscrire un panier de filou. C’est 77-65 et les Sang et Marine semblent bien partis. C’est sans compter ce diable d’Unruh. Le shopping guard limbourgeois plante deux nouvelles bombes pour ramener les siens à 77-71. Laurent Costantiello, constamment sur le terrain, n’est pas content! Mais cela n’empêche pas Limburg, après une séquence gag (perte de balle de Liège sur rentrée, contre-attaque ratée, nouvelle perte de balle de Liège sur le rebond défensif), sur une splendide action collective de revenir à hauteur des Liégeois: 77-77 partout. Le match est relancé alors que nous entrons dans le money-time!
Bojovic, très propre et très fluide tout au long du match inscrit un gros tir pour redonner un peu d’air au club de la Cité Ardente. Mais Limburg recolle directement au score, c’est de nouveau égalité, 80-80. Harris, étincelant, réalise une superbe interception sur un shoot (remember celle de Fred Forte en finale du Final Four 1993 avec le CSP Limoges contre le Benetton Trévise) et enchaine avec un tir après step-back: quatre points d’avance pour Liège, qui en prend deux de plus grâce à une faute obtenue par un Larson supersonique en transition.
Le public se fait entendre, c’est grisant. Il scande « D-fence, D-fence » au son des tambours et cela perturbe les Limbourgeois qui font une offensive. Yoann Hertay remonte au jeu, Harris, partout sur le terrain durant ces dix minutes, chope un rebond important. Montgomery rate son dunk et Larson doit faire faute derrière. Deux plus un pour les Blanc et Rouge qui recollent à 89-85. Il reste une minute et trente secondes. Yoann rate en pénétration, le repli défensif de Limburg United est catastrophique. Bojovic, tout seul dans la raquette, porte l’avance de sa team à six points, 91-85. Mc Collum est obligé de prendre temps-mort, il reste moins d’une minute. Le public est debout et chante. Deux lancers-francs de Limburg ainsi qu’une catastrophique perte de balle de Larson sur le top, calment un peu les ardeurs des supporters, c’est 91-89 et vingt-quatre secondes à jouer. Le meneur américain, bien décidé à se racheter, provoque la cinquième faute de Wen Mukubu. La foule exulte lorsqu’il inscrit son deuxième lancer-franc, c’est 93-89. Un ultime temps-mort flamand n’y changerait rien et, après une grosse défense, Darnell Harris, homme du match, scelle le score: 94-89.
La liesse des Liégeois
La joie est palpable au coup de sifflet final. Les spectateurs applaudissent à tout rompre, le speaker hurle les remerciements d’usage et les joueurs liégeois dansent dans le rond central. Boris Penninck, particulièrement heureux, serre ses coéquipiers dans ses bras tandis que Sacha Massot, l’assistant-coach, tape dans la main du docteur de l’équipe. Une haie d’honneur se forme pour accompagner les valeureux combattants aux vestiaires. Les enfants se pressent pour toucher leurs idoles d’un soir avant d’aller jouer au ballon sur le parquet. Pendant ce temps, dans l’autre moitié de terrain, tous les joueurs de Limburg United s’étirent sous la supervision de leur staff. Nous entendons Martin, un supporter liégeois, déclarer que « le weekend commence bien!« .
Les gradins se vident, certains rejoignant le bar, d’autres quittant les lieux. Joseph Charlier « mais mes petits joueurs m’appellent Jojo » est steward à Liège depuis dix-sept ans. « Nous ne nous attendions pas à autant de monde, mais c’est chouette » nous dit-il. « Cependant, nous étions désavantagés par le terrain, c’est pour ça que Limburg a pu prendre l’avance par moment. »
Une belle propagande pour le basket
Dans la cafétéria pépine, l’ambiance est au beau fixe et les bénévoles à pied d’oeuvre pour étancher la soif des supporters. On croise le bourgmestre d’Aywaille, Philippe Dodrimont, en train de siroter une bière avec Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon de l’Emploi et de l’Economie, et Philippe Boury, directeur de cabinet de ce dernier et bourgmestre de Theux. Un ancien aficionado des Wolves regrette « qu’il n’y ait plus Pepinster en D1. C’était une belle soirée aujourd’hui, cela fait plaisir de voir à nouveau le Hall du Paire mais cela ravive des souvenirs. »
Les lumières de la salle s’éteignent pendant que les fans refont le match. Il est temps pour nous de prendre congé. C’est à un match enlevé et passionnant que nous avons assisté. Une bien belle propagande pour le basket liégeois et une première réussie pour l’asbl « Basket 3.0 ».