Francis Torreborre à la poursuite de son rêve

 

Francis Torreborre poursuit un rêve, celui de devenir basketteur professionnel et de s’imposer durablement dans la rotation d’une équipe de l’EuroMillions Basketball League. Et si le parcours semble semé d’embûches pour le natif d’Alleur, celui-ci ne renonce pas. Une abnégation qui pourrait payer.

 

Francis Torreborre a de la dynamite dans les jambes et un rêve en tête. « J’ai la réputation d’être un joueur athlétique. J’ai réussi mon premier dunk à quatorze ans » nous précise-t-il. « Mais depuis mon passage à Liège où je jouais contre de gros prospects, j’ai pris goût à défendre et j’aime humilier mes adversaires de cette manière. » Des jambes de feu et une mentalité dont se sert le Liégeois pour tenter d’atteindre son objectif ultime, celui de s’imposer sur les parquets de notre première division nationale.

Cela fait désormais presque vingt ans que Francis taquine la balle orange. S’il a commencé à Ans, il migre ensuite à Awans où son coach de l’époque, Olivier Hoyou, sait le mettre en valeur en minimes et cadets AWBB. Il commence là aussi à se frotter aux adultes en participant aux entrainements P4 et R1. Précoce pour son âge, et malgré sa relative petite taille – 1 mètre 84 – il rejoint Alleur pour y effectuer ses premières saisons en senior, sous la férule de Vincent Trinon.

 

Un pied dans le monde pro

 

Il est alors repéré par Frédéric Wilmot de Liège Basket. « Je remercie vraiment Frédéric. C’est un super coach et c’est grâce à lui que j’ai un pied dans le basket pro » nous explique-t-il. Cette première saison à Liège est particulière pour le jeune homme. Il profite de la double affiliation pour évoluer avec la D3 d’Alleur tout en évoluant avec les Espoirs de Liège. « C’était une super période. J’étais hyper motivé, je voulais me montrer et j’ai fini dans le meilleur cinq du championnat Espoir » se remémore-t-il.

Un sacré dunkeur!

C’est aussi lors de cette année-là que Francis découvre le monde professionnel. « La première fois que j’ai été appelé à l’entrainement de la D1, j’étais un peu impressionné » se souvient-il. « Il y avait d’excellents joueurs comme Lionel Bosco, Ferguson ou encore Mike Smith, qui m’a pris sous son aile. Mais passée la première fois, j’ai vraiment tout misé pour être considéré comme un pro. Je me donnais à 100% pour prouver que j’avais le niveau. »

Une attitude qui s’avère payante et qui permet à l’ancien élève de Liège Atlas de décrocher son premier contrat de sportif professionnel. « J’étais hyper content même si je savais que le chemin à parcourir était encore long » reconnait-il. Aligné en R1, où il retrouve Vincent Trinon, et en D1, Francis prend, comme à son habitude, le taureau par les cornes. « Le premier match que j’ai joué en tant que pro, c’était à Gembloux contre Pepinster. Je voulais impressionner et je claquais plein de dunks à l’échauffement » se rappelle l’explosif meneur. « J’ai fait un bon premier match, Fulvio Bastiani m’avait bien boosté. » Une façon de procéder qu’apprécie Francis, lui qui aime être mis au défi. Lors d’un match à Châlon, en France, Fulvio explique à ses joueurs qu’il ne veut pas de perte de balles, qu’il préfère qu’ils prennent un mauvais shoot que de perdre le cuir. « J’ai reçu le message cinq sur cinq. Quand tu me donnes carte blanche, je ne me fais pas prier » raconte le Liégeois. « J’ai pris rapidement cinq shoots et j’en ai inscrits trois. Et puis, sur une action, j’ai décidé de splitter un écran mais j’ai dribblé sur le pied d’un adversaire, l’arbitre n’a pas sifflé et nous avons perdu la balle. Fulvio m’a directement sorti et j’ai été benché pour le reste du match. J’étais dégoûté! »

Mais il n’en veut pas à son entraineur de l’époque, au contraire. « Sur le terrain, Fulvio est fou mais j’adore ça » explique l’actuel joueur d’Houthalen. « C’est normal, c’est un perfectionniste et je suis devenu ainsi. » Et d’ajouter: » c’est aussi quelqu’un de vrai, de sincère, qui dit les choses honnêtement. Ce qui n’a pas été le cas de certains entraineurs que j’ai pu côtoyer. »

 

Une saison délicate à Pepinster

 

Toutefois, malgré cette saison positive, celui dont la maman est Congolaise et le papa d’origine danoise décide de s’exiler en bord de Vesdre. Une expérience pour celui qui y évolue encore en tant que professionnel en D1 et D3. « C’était la  première fois que je quittais la maison. Le club me fournissait un appartement » précise-t-il. Là-bas, Francis rencontre Stéphane Moris. « Il m’a pris sous son aile, j’étais comme son petit frère. » Cependant, l’expérience pépine tourne court. Les Wolves se débattent avec des dettes abyssales et décident de mettre la clé sous le paillasson, au grand dam des joueurs et du basket liégeois dans son ensemble.

Francis et ses coéquipiers -bien que prévenus tout de même en amont par le Président du RBC Verviers-Pepinster- se retrouvent sur le carreau. A charge pour eux de se trouver un nouvel employeur. Pour le Liégeois, qui s’entraine de son côté pour garder la forme, la question ne se pose même pas: il veut rester en D1 et poursuivre son rêve.

 

Duke Tshomba, encore et toujours

 

La défense, un point fort de Francis.

Si plusieurs clubs des divisions inférieures viennent aux nouvelles, aucune équipe de l’élite ne frappe à sa porte. Et la saison 2016-2017 débute sans Francis. Une situation qui ne pouvait perdurer tant le basket occupe une place prépondérante dans la vie du jeune homme. « Armand Kabeya, avec qui j’avais joué à Liège et Pepinster y était et a pensé à moi. Il en a parlé à Duke Tshomba qui a servi d’intermédiaire et j’ai rejoint Melsele en octobre«  explique-t-il. Duke Tshomba que Francis connaît depuis de nombreuses années. « Je l’adore » s’exclame-t-il. « C’est avec lui que j’ai vécu mon plus beau souvenir lié au basket lorsqu’à Cannes, en 2011, nous avons gagné un tournoi international avec notre équipe d’été. C’était mon premier trophée collectif et cela reste un grand souvenir. Je me souviens que tout le monde se fichait de nous en arrivant là-bas et nous taxait avec suffisance de ‘petits belges’. Sauf que nous avons giflé tous nos adversaires lors des rencontres pour nous imposer en finale face à la Serbie. Après cela, tout le monde nous félicitait et nous n’entendions plus parler des ‘petits belges.‘ »

La saison dans le club de la commune de Beveren se passe bien pour Francis qui tourne à 14 points et trois passes décisives de moyenne. « Nous avions, selon moi, l’équipe la plus complète mais nous subissions trop de up and down » nous dit-il. « Il y avait une bonne ambiance dans le groupe grâce à un super capitaine, Thomas Lamotte, et j’étais vraiment proche d’Ivan Perez et d’Armand. » Sur le terrain aussi, l’acclimatation du Liégeois à la TDM1 se passe à merveille. « J’ai vraiment aimé le niveau de jeu de cette deuxième division. c’est agréable et tout de même relativement physique. Ce qui change par rapport au l’EuroMillions Basketball League, c’est le gabarit des joueurs, et des big men en particulier, ainsi que la vitesse d’exécution. » Toutefois, Francis évolue avec des joueurs qui sont au mieux semi-pro. « Beaucoup de joueurs de D2 ont le talent et les capacités pour évoluer en première division » déclare-t-il. « Mais lorsque je leur demandais pourquoi ils n’y évoluaient pas, ils m’expliquaient qu’ils étaient bien en D2, que la situation était confortable. » Le Liégeois ne renonce pourtant pas à remonter à l’échelon supérieur. « Je continuais de vivre comme un pro. Je faisais des entrainements supplémentaires, j’allais courir, faire de la muscu. Mon coach, un Serbe qui ne vivait que pour le basket, m’y encourageait. » Un entraineur qui l’apprécie et qui lui laisse carte blanche, pour son plus grand bonheur.

Aérien, le garçon.

Le bilan à la fin de la saison est plus que positif pour Francis. « Melsele voulait absolument me garder » confie-t-il. « Il m’ont proposé un contrat avec une clause de sortie et j’ai longuement hésité. » Il décide finalement de refuser le contrat, échaudé par cette clause de sortie. « Je me suis posé la question de savoir si un club ferait l’effort de payer cette clause. Et vu le peu de budget dont disposent les formations belges, j’ai préféré redevenir agent libre. »

Agent libre certes, mais surtout libre de tout club. Et rebelote! Même si certains contacts sont noués, aucun club de première division ne met une offre ferme sur la table. Retour à la case départ pour Francis qui voit, à nouveau, la saison démarrer sans lui.

 

Toujours pro dans ma tête

 

C’est alors que le Liégeois reçoit un appel du staff d’Houthalen, alors en problème en TDM1. « J‘ai été contacté le lundi avant le match à Neufchateau » explique-t-il. « Je me suis entrainé le soir-même et encore le jeudi. J’ai paraphé mon contrat dans la foulée et dans la discrétion la plus totale. Les conditions qu’on me proposait me satisfont. » Le club limbourgeois, qui met une voiture et une carte essence à disposition du meneur, ont terriblement besoin de points. « Le coach m’a dit qu’il avait besoin d’un scoreur, j’ai parfaitement reçu le message. » Dès son premier match, Francis inscrit plus de vingt points pour s’imposer en terre ardennaise. « Ma nouvelle équipe n’est pas mauvaise, mais nous pêchons sur certains détails, notamment le rebond où nous sommes archi-dominés » avance-t-il. « Mais c’est une situation intéressante pour moi. Depuis mon expérience à Melsele, je préfère évoluer du côté néerlandophone. C’est bien structuré, bien coaché. Ce qui est mis en place est carré, j’apprécie ça. »

Si la saison est encore longue, le Liégeois n’hésite pas à se fixer des objectifs ambitieux. « Nous voulons nous maintenir en TDM1 et former un ou deux jeunes de l’équipe B » explique-t-il. « A titre personnel, je veux faire gagner mon équipe et figurer parmi les top-scoreurs du championnat. » Tout cela aussi afin de convaincre un club de l’élite de lui faire confiance et de redevenir un sportif professionnel à part entière. « Dans ma tête, je suis toujours un joueur pro. Je vis comme tel et je n’abandonne pas mon rêve. Alors si j’ai la possibilité de signer en D1, je n’hésiterais pas » conclut-il.