Marine Minguet et Jules Vaesen, un couple de jeunes basketteurs liégeois, a bouclé avec brio l’Ironman de Cascais, une épreuve terriblement exigeante. Récit d’une aventure hors normes.
3,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres à vélo et 42,195 kilomètres – soit un marathon – de course à pied : c’est le programme colossal d’un Ironman. Une épreuve terriblement exigeante qu’ont réussi Marine Minguet et son époux Jules Vaesen il y a quelques jours à Cascais, au Portugal.
« Lors de l’apparition du Covid, j’ai commencé à beaucoup courir et j’avais terminé mon premier marathon à Rome. J’ai ensuite acheté mon premier vélo de route pour essayer de suivre un peu Jules, mon mari, qui roulait déjà beaucoup », se souvient Marine. « Même si Jules est bien plus fort que moi dans cette discipline, j’ai fini par accrocher et il a fait preuve d’énormément de patience pour m’aider à progresser petit à petit. »
Contaminée par la passion de la Petite Reine, cette jeune kiné débute le triathlon au point de boucler, il y a deux ans et déjà à Cascais, son premier Ironman 70.3, soit un demi Ironman. « Ce jour-là, j’ai pu regarder les participants au full Ironman qui avait lieu le même jour. Même si j’ai immédiatement promis à ma maman de ne jamais me lancer dans un truc pareil, je dois bien avouer que cela m’a fascinée », confesse Marine. « D’une part, je me disais qu’il fallait être fou. D’une autre part, j’avais terriblement envie de me lancer dans l’aventure. »
La Liégeoise n’avait que très peu d’expérience et venait de boucler son premier half en 6 heures et 12 minutes. Elle se fait la promesse de s’inscrire à un Ironman complet le jour où elle aura bouclé un demi en moins de 6 heures. Après le 70.3 des Sables d’Olonne terminé en 6 heures et 5 minutes, Marine finit celui de Knokke en 5 heures et 50 minutes. Un mois plus tard, elle s’inscrit au full Ironman de Cascais. « Ma tante vit ici, j’adore l’endroit. Et puis je trouvais ça cool de participer à mon premier complet là où j’avais couru mon premier semi », sourit-elle.
Marine se lance alors dans une préparation franchement costaude, suivie, comme depuis le début, par Fabrice Cuipers, lui-même sacrément bon triathlète. Elle s’aligne sur le triathlon de l’Alpe d’Huez en juillet pour 2,2 kilomètres de nage, 120 kilomètres de vélo avec 3200 mètres de dénivelé positif et 20 kilomètres de jogging en altitude. « C’était un sacré challenge car le vélo reste la discipline où j’ai le plus à apprendre, surtout en montage. J’ai donc énormément bossé sur ma monture pour terminer cette magnifique course dans les Alpes », sourit-elle. Elle conserve ensuite un gros volume d’entrainement à vélo tout en augmentant celui de la course à pied. Entre le boulot, les entrainements et les obligations, Marine jongle avec un planning chargé. « Cela n’a pas été rose tous les jours mais j’ai eu la chance de partager ça avec Jules tout du long. Même si nous ne nous sommes pas toujours entrainés ensemble, nous nous comprenions et nous soutenions beaucoup », continue-t-elle. « Les dernières semaines furent difficiles, surtout que les journées commençaient à raccourcir et que cela devenait long cette presque année de préparation avec l’objectif en tête en permanence. »
Arrive enfin l’échéance tant attendue. Hyper enthousiaste quelques jours avant l’épreuve, Marine voit le stress prendre un peu le dessus le jour J. « Je voyais les bouées dans la baie de Cascais qui me paraissaient si loin. J’avais peur d’avoir un souci dans l’eau », confie-t-elle. « Le speech du speaker sur la plage et l’arrivée in extremis de mes proches pour un dernier encouragement m’ont même fait verser une larme avant de démarrer. » Une fois le départ donné, Marine était reboostée. « Je voulais prendre un maximum de plaisir. »
Après un passage dans l’eau réussi même si légèrement plus lent que prévu, Marine enfourche son vélo. « Je savais que je devais m’économiser, j’ai donc débuté calmement. Croiser plusieurs fois mes proches qui avaient apporté de magnifiques pancartes et avaient de l’énergie à revendre m’a donné encore davantage le sourire », souligne Marine, qui, au moment d’entamer la dernière partie de la compétition se sentait bien. Le marathon est divisé en trois boucles de 14 kilomètres. « Jules, qui terminait son deuxième tour, m’a rattrapée à la fin de ma première boucle. Nous nous parlions, nous motivions et nous promettions d’aller au bout », poursuit Marine. « Deux kilomètres plus loin, mon estomac n’était plus d’accord. J’étais obligée de ralentir et même de marcher pour calmer les spasmes. Je ne parvenais plus à m’alimenter et fus malade quelques fois. »
Frustrée mais pas dépitée, Marine s’accroche pour les 26 derniers kilomètres, encouragée sa famille et par son chéri qui vient de boucler l’épreuve. Le dernier tour est long. « J’ai vécu les derniers kilomètres comme un robot : un pied devant l’autre et on avance. J’ai finalement atteint la ligne d’arrivée et entendu la fameuse phrase : « Marine, you are an Ironman ». Cela a été riche en émotions ! » explique-t-elle. « Je suis très heureuse d’avoir atteint mon objectif, d’avoir vécu ce moment entouré de tous mes proches qui m’ont poussée de toutes leurs forces et d’avoir tenu bon. » Et d’ajouter : « Sur une distance aussi longue, on ne peut pas tout prévoir et j’en fait l’expérience. Malgré tout, j’ai vécu mon plus beau moment sportif, la consécration de beaucoup de travail. »
Un exploit partagé avec son mari, avec qui efforts et amour se mélangent. « Partager ça à deux, c’est une chance. Nous vivons les mêmes choses – même si on ne les perçoit pas toujours de la même façon ou au même moment – et les comprenons », affirme Marine. Si la préparation était difficilement physiquement, ce fut surtout mentalement que ce fut compliqué pour la jeune Liégeoise. « Me sentir quotidiennement soutenue par mon mari qui savait exactement ce que je ressentais, c’était le plus beau dans cette aventure. J’ai adoré prendre le départ avec lui, le croiser en vélo et courir avec lui mais il était surtout dans ma tête tout du long », dévoile celle qui a également pu compter sur le soutien indéfectible de ses proches. « J’avais une équipe de supporters déchaînés qui ne nous laissaient pas l’opportunité de douter. Ce fut une énorme chance. »
Le répit sera de courte durée pour Marine qui, après avoir mis le basket entre parenthèse, va retrouver ses coéquipières d’Alleur – « elles m’ont aussi beaucoup soutenue » – d’ici quelques semaines. Avant, sans doute, de se fixer un nouvel objectif haut en couleurs !
N. B. : Jules Vaesen a bouclé cette dantesque épreuve en 11 heures et 45 minutes, Marine Minguet a terminé en 13 heures et 57 minutes.
Pour retrouver le portrait d’un autre thriathlète, le Spadois Thibault Delvenne : « Le challenge que je me fixe à moi-même » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
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