Est-ce vraiment une coïncidence : « Pepin » connut deux Pierrot(s) d’exception : Raskin, le secrétaire exemplaire, et Rapsat, l’inconditionnel du Paire. Hommage à celui qui quittait les parquets et les scènes il y a vingt ans. Jour pour jour…
Les hasards de l’existence m’ont permis de découvrir le chanteur verviétois bien avant son immense implication au sein du matricule 46. Pierrot a toujours voulu vivre de son art, mais les débuts ne sont pas toujours rémunérateurs. C’est ainsi qu’il vendait – quasi à la sauvette – des jeans dans les cafés de jeunes de l’ex-cité lainière. Il finissait souvent sa tournée chez Califice, près de l’Harmonie, où j’ai fait sa connaissance en mangeant mes tartines de midi. L’établissement était tenupar Ivy qui, par la suite, ouvrait la « Jument Balance » doté de splendides caves voûtées juste en face du Grand Théâtre. Pierre s’est produit dans les deux endroits mais avec une décade de différence. Il résumait ainsi son évolution : « Il m’aura donc fallu dix ans pour traverser la rue ».
De l’autre côté de la « Bonbonnière » se trouvait le ciné « Le Parc » qui proposait, un dimanche par mois, un thé-dansant pour ados. Je me souviens qu’ils étaient souvent animés par les « Tenderfoot Kids » auquel collaborait bien évidemment l’ami Rapsat. Le très rythmé « Time is Up » est leur titre majeur. Ensuite, il fondait le groupe « Laurélie » dont l’unique album est une pure merveille. Il constitue une des raretés de ma modeste collection. Un régal musical. L’aventure ne durera pas et il rejoint alors « Jenghiz Khan », groupe bruxellois faisant un malheur à l’époque. J’ai eu l’occasion de les voir à l’œuvre par un bel après-midi d’été sur la petite place de… La Gleize peuplée de spectateurs en sarraus. Fête ardennaise, oblige.
Après ces expériences à géométrie variable, il décide de se lancer dans une carrière solo allant crescendo. Une année, l’inénarrable Alphonse Delettre, le « père » des Boucles de Spa, se met en tête d’organiser un concert, la veille du rallye, sous le chapiteau de la place Royale. A l’affiche, Pierrot qui allait mettre une ambiance d’enfer tout en faisant le plein. C’est alors que son fils, Thomas, commence à titiller le « cuir orange ». Il ne tardera pas à transmettre le virus à son paternel. Au-delà de toutes espérances d’ailleurs : « Je crois que je suis encore plus mordu de basket que le gamin », se plaisait-il à répéter. Pour preuve, il écrit une chanson dédiée à notre sport de prédilection : « Basket et la boule à zéro » que je vous recommande de réécouter. On l’ignore souvent, il est aidé dans sa tâche par Perry Rose, le plus Belge des Irlandais. En raison de sa passion dévorante, il confiait : « Lorsque l’on prépare une tournée, j’essaye toujours de ne pas avoir de dates de concert le samedi soir car je ne veux pas rater un match au Paire. » Paire qui le lui rendait bien puisque, jusqu’au dernier match en D1, toutes les rencontres étaient précédées de ce qui est devenu, en quelque sorte, l’hymne du RBC Pepinster… « Ensemble ».
Pour conclure, j’ai retrouvé ce qu’écrivait à sa mémoire, l’autre Pierrot (Raskin) en 2012 : « En cette année de célébration du 10e anniversaire du décès de Pierre Rapsat, il me parait indiqué de lui rendre un hommage personnel, véritable témoignage de deux de ses qualités. Au cours de la saison 96/97, l’équipe dirigée par Gérald Van Bladel engrangeait la défaite de trop en s’inclinant devant Vilvorde, la lanterne rouge. Je venais de subir, d’un supporter trop excité, des vociférations me plongeant dans un total découragement. Et c’est l’ami Pierrot qui, le premier – et même un des seuls – vint m’apporter des paroles de réconfort que je n’ai jamais oubliées. Sincère et fidèle, tel était Pierre Rapsat ». Foutu crabe !
Michel Christiane
Crédits photos : fan club Pierre Rapsat et DR
Il adorait la convivialité de son sport de prédilection : il participe ici à un souper « boulets », en compagnie de Jean-Pierre Darding, au basket d’Esneux.