Les Carnets du basketteur, saison 4 !
Le grand public ne se rend pas vraiment compte de la difficulté – surtout financière – d’être journaliste indépendant. J’ai toujours adoré mon boulot et apprécié, à travers lui, la plupart de mes pairs. J’ai cependant dû m’accrocher plus souvent qu’à mon tour. Sans parler de rémunérations devenues, au fil du temps, de véritables aumônes. Mieux que de longs discours, ces exemples vous feront découvrir les pratiques – pas toujours reluisantes – d’un milieu assez particulier…
Pendant plusieurs années, j’ai travaillé pour différents médias. Il n’était pas rare que je me farcisse une dizaine d’articles par jour. Vu la quantité (et la volonté d’une relative qualité), je gagnais assez bien ma vie. Ce qui n’allait pas sans susciter la jalousie d’une poignée de mes confrères. Il y avait ainsi des samedis soirs où je me tapais la 1ère mi-temps d’un match de foot à Eupen (pour Le Soir) avant de dévaler la route des Fagnes pour y suivre la seconde période de Malmedy (pour la DH et/ou La Meuse). Du coup, un charmant collègue sonnait, dès le dimanche matin, pour proposer ses services à la rédaction à laquelle j’étais attaché : « Comme il ne m’avait plus vu après le repos », selon ses propos jésuitiques. Dans le même contexte, un (vrai) ami, secrétaire de rédaction à la DH, a miraculeusement intercepté une lettre dont l’auteur proposait les mêmes services que les miens, mais à moitié prix. Merci René. Encore un citoyen de Louveigné dont je me souviendrai…
Un de mes principaux « employeurs » a longtemps été un journal régional ayant notamment une édition verviétoise. C’était un charme de travailler avec les chefs des sports successifs. N’est pas Jojo, Pierre et Jean-Mi ? Exception confirmant la règle, leur successeur avec lequel, le courant n’est jamais passé. Pour lui, il n’y a que le foot qui compte. C’était donc mal barré. Dès son arrivée, les matches les plus pourris du week-end devinrent mon exclusivité. Dans la foulée, il m’interdisait d’évoquer des résultats de tennis avant le stade des demi-finales et de rédiger des papiers concernant Soumagne (à cheval sur deux arrondissements). A peine avais-je quitté cette rédaction qu’il regrettait, en long et en large, l’élimination des tennismen du coin dès le 1er tour tout en incluant des reportages sur un modeste pilote liégeois. Comprendra qui pourra ?
Pas mal non plus, cet autre chef des sports m’apprend qu’il se passera désormais de mes services afin de donner la chance à un jeune élément débutant dans la profession. Et mon boss de l’époque de justifier sa décision : « Je ne peux pas le bloquer car il possède une réelle plume et on le lira très bientôt en pages nationales. » J’attends toujours depuis… une bonne dizaine d’années maintenant. Les éternelles mauvaises langues n’ont pas manqué d’y voir l’intervention du paternel, homme politique important du cru, et de ses réseaux pour faire de la place au gamin. Hors de moi l’idée, bien entendu, d’y croire un seul instant. Même si après réflexion… Plus anecdotique, Ostende présente son équipe à Eilat, en Israël. Je le découvre à la lecture du papier d’un confrère bruxellois de La Libre qui avait répondu à l’invitation alors que celle-ci m’était adressée. Elle n’est pas belle la vie ?
Il y a quelques temps, ma fille m’a laissé comprendre qu’elle prendrait bien ma succession. J’ai tout fait pour l’en empêcher. On se demanderait bien pourquoi ?
Michel CHRISTIANE
Crédit photo: FC Valenciennes