Mi-temps et « frisse pèkèt »

Les Carnets du basketteurs, saison 4 ! Cette fois, coup d’éclairage sur des traditions bien de chez nous au travers d’anecdotes aussi savoureuses que cultes.

Il est une tradition – bien agréable ma foi – spécifique au football. A savoir, celle de la « réception de la mi-temps » qui, à partir de la P1, consiste à offrir un morceau de tarte accompagné d’un « frisse pèkèt » aux dirigeants adverses et aux « plumitifs » de service. En quarante ans de carrière, vous vous doutez que j’en garde pas mal de souvenirs. Les voici étalés sur deux week-ends…

Cet incontournable rendez-vous dominical est parfois fixé dans des lieux sortant de l’ordinaire. Je songe, par exemple, au stade de la Géronstère où les dirigeants spadois recevaient leurs invités dans une espèce de rotonde d’un autre temps jouxtant le « paddock ». C’est d’ailleurs ici que fut disputé un des tous premiers jumpings au monde. D’où la fameuse « barre de Spa ». On ne peut pas oublier, non plus, la salle réservée à cet effet à Xhoffraix où l’on se retrouve coincés entre bâtons et autres paires de ski en prévision des randonnées hivernales, l’« or blanc » des clubs fagnards.

Pas loin de là, vous trouvez le coquet terrain de Weywertz. Sans conteste celui où on était le mieux accueilli. A la barre, le jovial Helmut Schumacher qui poussait le vice jusqu’à préparer lui-même un vrai panel de genièvres. De « schnaps » comme on dit là au-dessus. J’étais un habitué des lieux au point qu’un dimanche et suite à l’absence du maître de cérémonie, un des dirigeants du cru vint me demander d’organiser la réception du jour. Impossible de refuser ! A Wévercé, on avait encore droit à des sandwiches d’après-match… On reste dans la partie germanophone du pays. Plus exactement à Raeren où le boss du club frontalier est assez spécial. Il mettait ainsi en place une table pour les comitards visiteurs et une autre pour les journalistes. Ceux-ci avaient uniquement droit à un « boquet d’blanke dorèye » à condition que les invités de la première table laissent quelques restes. Je lui ai fait comprendre le ridicule de son initiative et comme c’est un garçon spécial, mais… intelligent.

Cap maintenant sur Bielmont où sévissait l’Old Club jusqu’en D3. On se battait quasi aux portillons car la tarte au riz et le gâteau de Verviers de Jean-Philippe Darcis valaient à eux-seuls le déplacement. A Visé, vous avez intérêt à être rapide. A la 45e minute, vous devez dévaler les tribunes et bifurquer sur un chemin annexe au milieu du public pour enfin aboutir à la salle de réception. Sans trop s’y éterniser afin d’être revenu à temps à votre pupitre pour la seconde mi-temps…

Pour conclure cette première fournée, une petite dernière pour la route : on est à Blegny et un collègue liégeois avec sa compagne viennent me rejoindre à table. Je lui fais remarquer que je ne l’ai pas vu lors de la période initiale. Et de me répondre : « T’as raison. On fait un petit tour en voiture dans la région et je me suis rendu compte qu’on était tout près d’ici. On vient juste goûter puis on repart. » Je confirme qu’il existe d’authentiques pique-assiettes dans notre corporation…

Michel CHRISTIANE

Crédit photo : Gallus Films