Les Carnets du basketteur, saison 3! Cette fois, coup d’éclairage sur le parcours atypique de Donald Verslycken pour un surprenant mélange entre cinéma, photographie, art plastique, basketball et croquettes aux crevettes.
Difficile d’imaginer que ce dandy mélancolique a été élu « Rookie de l’Année » en 1980. Et pourtant… Je vous propose dès lors d’aller à la rencontre d’une très forte personnalité déclinant l’incroyable paradoxe d’être assez méconnu sur la « planète basket » tout en étant un des peintres belges actuels les plus réputés hors de nos frontières. Pour tout vous dire, j’ai eu la chance, à une certaine époque, de le fréquenter de près et sa sœur Linda… d’encore plus près encore.
Donald Verslycken réalise ses premiers dribbles au sein d’un club d’Ostende profitant des largesses de Rudolph Vanmoerkerke. Ses parents sont d’ailleurs employés chez Sunair. Né doué, il ne tarde pas à s’ouvrir les portes de l’équipe pro et, dans la foulée, truste le titre d’espoir de l’année. Récompense qu’a reçue un certain Jean-Luc Selicki, trois ans auparavant. A ce propos, ils se retrouveront souvent en équipes nationales de jeunes. A ce moment, la formation côtière survole sans partage notre compétition nationale. Il sera ainsi sacré à plusieurs reprises champion de Belgique en compagnie des Rik Samaey, Jon Heath et autre Marke Browne. Un naturalisé que je croiserai, quelques années plus tard, en train de vendre des clicotes sur les marchés du littoral. C’est aussi l’époque où les protégés de « Mister V. » enflamment des Ecuries Royales aux charmes exceptionnels tout en étant soutenus par Marvin Gaye, en séjour prolongé sur notre digue. Faut-il préciser que Donald compte parmi les principaux acolytes de guindailles de l’interprète de « Sexual Healing » ?
Pas vraiment motivé par les études et n’en faisant qu’à sa tête, l’Ostendais s’installe alors comme photographe. Indépendant, comme il se doit. Artiste dans l’âme, il commence à titiller les pinceaux. Avec un réel bonheur. Adepte d’un pop’art flamboyant et d’un culot tout aussi extraordinaire, il décroche de la société Walt Disney l’exclusivité mondiale de la reproduction des célèbres petits personnages de dessins animés. Normal, quand on se prénomme Donald… Même s’il est davantage reconnu, dans le microcosme pictural, sous l’appellation de « Don Ken ».
Au fil du temps, on s’arrache ses toiles, il expose aux quatre coins du monde (de Singapour à New York) tout en restant profondément attaché à ses polders flandriens. Il n’est pas rare que ses œuvres soient vendues plusieurs dizaines de milliers d’euros. A titre d’exemple, Johnny Halliday et Vanessa Paradis comptent parmi ses clients privilégiés. Lors d’un passage en Cité ardente, Jean Jour le résumait en ces termes pour « La Libre » : « Ses œuvres sont éclaboussantes et déchirantes de technicolor. Elles réunissent à la fois le 7e et 9e arts. » Pour info, ses plus récentes productions sont accrochées aux cimaises de la galerie Art Depot, à Bonheiden (près de Malines), jusqu’au 14 juin prochain.
Il y a quelques temps déjà, la galerie Liehrmann, du boulevard Piercot, le présentait comme suit : « Don Ken, cet artiste en provenance d’Australie… » Il est vrai qu’il est commercialement plus sexy d’être originaire des Antipodes que de la… « capitale de la croquette aux crevettes ».
Michel CHRISTIANE
Crédit photos : Art Depot