Les Carnets du basketteur, saison 3! Cette fois, focus sur l’ancien arbitre international – qui a notamment officié aux Jeux Olympiques de Moscou! – Simon Mottart.
C’est en décembre 1991 que le Hesbignon (photo, du temps où l’on contrôlait encore les ongles) devait mettre un terme à sa carrière d’arbitre international après l’avoir entamée en ‘76. Victime de cette stupide règle de la limite d’âge. Dans le magazine « Play Off » de l’époque, j’avais eu le plaisir de faire le point en sa compagnie. Je vous en propose aujourd’hui les meilleurs passages qui vous laisseront entrevoir les traits essentiels d’une personnalité profondément humaine…
« Outre la connaissance du règlement, il faut posséder une condition physique irréprochable, un minimum d’expérience et de psychologie. Mon caractère m’a permis d’allier ces qualités. Pourtant, je n’ai aucune formation pédagogique puisque je suis dessinateur industriel », posait-il en préalable. Avant de revenir sur sa progression fulgurante : « Affilié au BC Awans, j’ai commencé à siffler dès mes 24 ans pour éviter au club de payer une amende. Je suis arrivé au bon moment car, à cette époque, pas mal de mes collègues de haut niveau devaient se retirer. Je ne suis resté que six, sept mois par division et était international quatre ans après. »
Il mettait alors en exergue deux éléments essentiels de l’arbitrage : « Les clubs de D1 réclament sans cesse un rajeunissement des cadres. Et dès qu’un jeune « ref » apparait, il se fait systématiquement massacrer par les coaches. J’allais alors les trouver en leur faisant remarquer qu’eux aussi, avaient été jeunes et qu’on leur avait donné leur chance. Ils se calmaient de suite. D’autre part, on prétend souvent que nous sommes soudoyés. Je n’ai jamais été approché, mais j’ai été heurté par la façon dont certains clubs – toujours les mêmes d’ailleurs – nous accueillaient. Parfois, c’était un peu excessif. J’ai, par exemple, été une vingtaine de fois au Real Madrid. » A lire entre les lignes…
Etonnant, le basket ne constitue pas son sport de prédilection : « Retiré du devant de la scène, je continue néanmoins d’officier en provinciales. Ce qui me permet d’entretenir ma condition physique. Je dispose désormais davantage de loisirs. Une liberté qui me permet d’assouvir ma grande passion pour le football. J’assiste fréquemment à des rencontres dans les environs. »
Il était impossible de ne pas lui demander ses meilleurs et plus mauvais souvenirs : « Ce sera toujours les Jeux Olympiques de Moscou. C’était extraordinaire et je n’ai pas manqué d’arpenter un maximum de compétitions. De la boxe à l’athlétisme. En ce qui me concerne, j’ai dirigé la demi-finale qui a vu les Yougoslaves prendre le dessus d’un petit point sur les Russes… après prolongation. En revanche, je n’ai pas oublié les incidents à la fin de la partie entre le Lyra et le Fresh Air. Ce duel décidait de la descente en 2e Nationale et s’est joué sur un petit point, là aussi. Au coup de sifflet final, nous avons dû nous protéger dans les vestiaires. Mais, la salle était encore en construction et les supporters locaux en profitaient pour nous balancer des projectiles par-dessus les murs. Les policiers ont été obligés d’entrer sur le terrain-même avec leur véhicule pour nous extirper de ce mauvais pas… »
Personne n’oubliera non plus le duo de référence qu’il formait avec son ami, Claudy Tabruyn. Il y a peu, il me confiait : « Sais-tu que j’ai gardé l’ensemble de mes convocations : il doit y en avoir plusieurs centaines, voire milliers. » Autre trait de son caractère : un samedi soir, il siffle un choc au sommet de D1 à Malines et, dès le lendemain matin, il est présent – sous un crachin hivernal – à Francorchamps pour diriger un match de… 2e Provinciale.
Simon Mottart, un grand Monsieur qui a encore bon pied, bon œil. Pour de nombreuses années encore. On en est persuadé.
Michel CHRISTIANE