Les Carnets du basketteur saison 3! Retour sur une rivalité ancestrale à Awans.
Il y eut une époque où, dans certaines communes, les clubs de basket pouvaient être comparés aux troupes de scouts : il y avait les socialistes et les catholiques. A cet égard, les tensions les plus exacerbées furent atteintes dans le pourtant paisible village d’Awans. A ma droite, le BC Awans (catho) et, à ma gauche, le CP (socialo). Si les premiers cités évoluaient sur la place communale (où un terrain existe toujours, photo de Georges Melon), les autres jouaient un peu à l’extérieur du bourg. Faut-il y voir la raison de leur intitulé : Club Plaine ? Daniel Roba, un « pur produit du terroir » apporte l’explication : « En réalité, leur aire de jeu se trouvait au milieu de la cité et je suppose que c’est de là que vient le nom du club. » Dans la foulée, notre interlocuteur revient sur la genèse de ces mémorables conflits de voisinage : « Il faut savoir que le BC a été fondé bien avant son « concurrent ». Voyant le succès que remportait le basket à Awans, le bourgmestre (socialiste) du moment a ainsi décidé de créer un autre cercle qui est devenu le CP. Avec comme président, Théo Bisschop, délégué syndical FGTB à Chertal. Il faut bien avouer que cela a été assez chaud à certains moments, mais tout s’est apaisé avec le temps. Pour preuve, Didier, le fils de Théo, est même venu entraîner au BC. »
Dans ce contexte, il n’est pas inintéressant de tracer un parallèle entre les antagonistes. C’est en 1947 que le BC dispute ses premiers matches sous l’impulsion de l’abbé Moreau alors que des dirigeants comme Joseph Hanon puis Jean-Marie Delville se débattent pour faire progresser leurs protégés. Avec succès puisque les « Bleu et Blanc » – sans doute bénis des Dieux – fréquenteront à deux reprises la 3e Nationale : à la toute fin des années ’60 et encore en 1998. Au sein de l’équipe montante, on retrouvait notamment Jean-Paul Hertay, « co-fondateur » d’une véritable dynastie de basketteurs… Sans oublier que dans les années ’80, les Hesbignons avaient comme joueur-entraîneur, Gilbert Vroonen. Le plus Tongrois des Liégeois qui avait été auparavant le distributeur du Standard et de l’équipe nationale. Rien de moins !
La politique était diamétralement différente au CP où l’on n’hésitait pas faire venir des éléments de l’extérieur et, surtout, particulièrement prometteurs. Comme les Cornia, Govaerts, Bozzi, Franic, Mailleux, Galuzzo et autre Casamento. Tout ce petit monde sous la houlette successive de Jean-Pierre Fransquet et de Luc Namèche. On retrouve ainsi les « Rouge et Blanc » en D3 de 92 à 94 tandis qu’en 82 et en 83, ils loupent d’un fifrelin l’accession dans l’antichambre de l’élite.
Pour conclure et pour mieux cerner l’ampleur du phénomène local, ces quelques chiffres révélateurs : au milieu des années ’90, la population totale d’Awans s’élevait à 8000 habitants dont 600 affiliés à la fédération. Ceux-ci et celles-ci se répartissaient entre la bagatelle de 6 clubs : outre le BC et le CP, l’US, l’AS, Othée ainsi que l’Athéna. Et, dans ces conditions, vous vous étonnerez que Thibaud Smolders, l’actuel bourgmestre du cru, soit tombé dans la « marmite basket » tout petit…
Michel CHRISTIANE