Christian Janssen et ses stars du pays des Tsars

Les Carnets du basketteur saison 3! Tout au long de cette troisième année, notre sémillant chroniqueur vous proposera d’aller à la rencontre de personnages ayant marqué notre basket principautaire. Souvent au travers d’entrevues toujours révélatrices de leur personnalité.

Il y a de ces fous géniaux. Et Christian Janssen en faisait sans conteste partie quand il s’était mis en tête de ramener « son » BC Saint-Louis en D1. Car, il faut savoir que le club historique du Longdoz avait déjà évolué au plus haut niveau : c’était de 1953 à 1955 dans… la cour (pas très plane) de l’école se transformant en patinoire à la moindre goutte de pluie. Bref, à la préhistoire !

Et Christian boit du petit lait – à la place de sa Jup’ habituelle – à la mi-mars 1991 quand les « Rouge et Blanc » s’ouvrent à nouveau les portes de l’élite avant de recevoir les voisins grivegnéens en clôture du championnat. « Pour la saison prochaine, j’ai déjà un accord avec Jean-Pierre Digneffe, l’échevin des sports, afin de jouer à Cointe à la condition expresse que ce soit le vendredi soir pour ne pas pénaliser les autres clubs », annonce le boss liégeois, « D’autre part, notre budget actuel est de 6 millions de francs (150.000 €) et il devra être augmenté car j’ai de sérieuses pistes concernant nos futurs renforts étrangers. »

L’équipe de la montée : Jean-Luc Ventat, François Gazzotti, Jean-Louis Tasquin, Olivier Henry, François Boden, Thierry Winnen, Michel Rossius et Marc François.

Sur le plan financier, un accord (portant sur 3 ans) est vite conclu avec les « Assurances Populaires » et présenté en grandes pompes à la presse dans un restaurant – tenu en son temps par Bouldou – au rond-point de Louveigné. Ceci dit, le

président Janssen fait encore plus fort en ce qui concerne sa « main d’œuvre » étrangère. C’est ainsi que débarque, en Cité ardente, cette vieille connaissance de Russ Davis mais, surtout, un duo de choc venu de l’Est (côte à côte debout sur la droite de la photo). A savoir, les Sergei Grishaiev (60 a, 2,07 m) et Tarakanov (61 a, 2,01). Pour info, le premier d’entre eux a notamment été vice-champion du monde 86 et est maintenant assistant-coach au Zenith St-Petersburg (Euroligue). Quant au second, c’était une véritable star au pays des Tsars : médaille d’or aux Jeux 88, champion du monde 88 et trois fois champion d’Europe. Les mauvaises langues prétendaient que son séjour en Principauté lui permettait de régler plus facilement ses « petites affaires » personnelles en Occident… Et un double miracle se produit puisque les protégés de Dany Tilmant vont faire la nique aux Pepins en région verviétoise et finissent par assurer leur maintien.

Encore faut-il confirmer : « Exactement car il est bien connu que c’est la seconde année qui est souvent la plus compliquée », admet un interlocuteur ayant enrôlé l’Américain Mike Anderson. Dans la foulée, il ajoute : « N’oubliez pas que nous possédons également pas mal de jeunes piaffant d’impatience. Comme David Kalut, Benoit Raskin, ou encore, Olivier Spiessens. » En dépit de l’arrivée de cet ancienne vedette de la NBA qu’est Jeff Wilkins (le papa de la Pepine), les Mosans ne peuvent éviter la relégation. Pour Christian Janssen, c’est aussi le début de la fin. Il se retire à regret beaucoup plus riche en fabuleux souvenirs qu’en valeurs sonnantes et trébuchantes.

Les plus jeunes l’ignorent sans doute mais, sous la houlette d’autres décideurs, St-Louis devint le SL Seraing et trouva refuge au Bois de l’Abbaye… pour une nouvelle aventure en D1, en 94/95. On y retrouvait le tandem Davis-Tarakanov flanqué de Marc Marnette, d’Olivier Frédéric, de Jean-François Bader, de l’inénarrable ‘Dré Green et du regretté Alain Hockins. Tout ce petit monde était drivé par Dominique Jacobs qui s’apprêtait à vivre un exercice… de « haute voltige ».

Michel CHRISTIANE