Entre Eusebio et Preud’homme

Les Carnets du basketteur, saison 2! Pour cette chronique, il est cette fois question de l’actuel entraineur du Standard, du regretté Dany Evrard et d’autres anecdotes savoureuses.

Si vous ignorez encore que Michel Preud’homme a fêté, cette semaine, son 60e anniversaire, c’est que vous rentrez d’un mini-trip sur la lune. Une commémoration qui m’a rappelé un souvenir bien précis datant exactement du 31 octobre 1995.

Ce mardi-là, il fait (déjà) un froid de canard et la DH ainsi que la Libre m’ont envoyé en reportage à Kerkrade, au nord de Maastricht, où le Roda local accueille Benfica, en match-retour de la Coupe UEFA (1-0, à l’aller). C’est que la cage lisboète est défendue par l’actuel entraineur de Sclessin. Un entretien est d’ailleurs programmé après la rencontre. Alors que l’on se les gèle dans tous les stades belges, je suis agréablement surpris par une douce chaleur ambiante en pénétrant dans l’enceinte batave. En effet, la tribune centrale de celle-ci est dotée de « soleils » solidement arrimés à sa toiture. Peut-être pas très écolo, mais drôlement efficace… Luxe supplémentaire, les inévitables « VIP’s » assistant au duel en extérieur se voient, en outre, proposer un plaid aux couleurs (noire et jaune) du cercle limbourgeois. 

On a droit à un véritable duel de coupe puisque les troupes de Huub Stevens se croient qualifiées à 2-0 quand l’international marocain, Hassan Nader, y va in extremis d’un doublé – à chaque fois entaché d’un hors-jeu – aux 87e et 90e minutes. Benfica passe en quarts de finale où il sera sorti par le Bayern Munich, futur vainqueur du trophée. Au coup de sifflet final, je rejoins les vestiaires – heureuse époque – et en profite pour faire signe à MPH qui appelle un accompagnant en costume-cravate. Il se retourne, m’indique que Michel arrive dès qu’il aura pris sa douche et si je veux bien attendre en sa compagnie. Non peut-être puisque mon interlocuteur n’est autre que l’immense… Eusebio, un des plus grands footballeurs mondiaux de tous les temps. Et c’est entre ces deux « monuments » que j’entame, peu après, mon interview qui se déroulera dans une ambiance bonne enfant… 

Il y a quelques années, je racontais cette anecdote au regretté Dany Evrard, vrai passionné esneutois de basket, en général, et de Pepinster, en particulier. Cet ami de Pierre Rapsat me confiait dans la foulée : « En fait, j’ai eu Michel comme élève à l’Athénée de l’Air Pur, à Seraing, où j’étais prof de dessin. C’était un excellent élément, mais on sentait déjà qu’il n’y avait que le Standard qui comptait pour lui. D’où ses absences de plus en plus régulières pour aller s’entraîner. Par la suite, nous avons continué de correspondre et je lui envoyais parfois l’un ou l’autre caricature qui le faisait bien se marrer. Du moins me l’assurait-il… » 

Une petite dernière pour la route et elle a trait à la radinerie légendaire de nos voisins d’outre-Moerdijk. On le sait, le « Marathon de la Meuse » est constitué par un aller-retour de Visé à Maastricht. Les organisateurs avaient pris l’habitude de présenter leur épreuve, une année en Belgique puis l’autre aux Pays-Bas. Dans la « Cité de l’Oie », un copieux repas était systématiquement de mise. Mais, dès que l’on passait la frontière, c’était de (très) modestes tartines qui étaient servies et il fallait quasi faire des courbettes pour obtenir une seconde boisson. Je ne sais trop pourquoi, mais les promoteurs de la course ont vite compris qu’ils avaient intérêt à abandonner cette « fâcheuse » alternance. Sans quoi, ils risquaient de rester sur leur faim. Eux aussi…

Michel CHRISTIANE