Istanbul : première destination pepine

Les Carnets du basketteur

 

En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier »…

 

J’ai eu la chance, voire le bonheur, de participer à presque tous les déplacements européens de Pepinster. Il n’en reste pas moins que le tout premier d’entre eux demeure le plus mémorable. Ne serait-ce que par sa longueur, comme vous allez pouvoir vous en rendre compte…

Au terme d’une splendide saison, le matricule 46 décroche le droit de faire son entrée sur la scène continentale. La Coupe Korac, en l’occurrence, dont le tirage au sort a lieu le 10 juillet 1990, à Munich. Et la « main innocente » de la FIBA désigne le Fenerbahce Istanbul comme adversaire des Hoëgnards. D’un naturel aussi prudent que réservé, le secrétaire « bleu et blanc » étonne tout son monde en décrétant : « Comme nous n’effectuerons probablement pas ou plus de déplacement aussi prestigieux, autant le transformer en voyage d’agrément mêlant tourisme et sport. ». Raison pour laquelle, nous sommes partis du lundi au… vendredi.

C’est donc une délégation de 34 personnes (équipe comprise) qui monte dans le car attendant sur le parvis de la « salle du bas » : direction Amsterdam car nous décollerons de Schipol, via la KLM. Tant qu’à faire ! Après un vol sans turbulence majeure, nous atterrissons donc à Istanbul. A peine sur le tarmac, un collègue se souvient de la récente visite du pape et s’empresse d’embrasser le sol turc. Dans sa précipitation, il ne s’aperçoit pas qu’il perd ses papiers. Arrivé au contrôle de douane, il ne les retrouve évidemment pas et est emmené sans ménagement par la police de l’aéroport. C’est ainsi que La Wallonie a failli perdre un de ses correspondants…

Comme on bénéficie de quelques loisirs avant le match du mercredi, une visite du Grand Bazar s’impose. Les femmes du groupe ne sont pas prêtes de l’oublier. On me propose je ne sais plus combien de chameaux en échange de mon épouse alors que la compagne de Sam Staggers s’extirpe de la mêlée locale avec sa robe quasiment déboutonnée… Impossible, non plus, de rater le château de Topkapi où ce colosse de James Gulley prend un malin plaisir à amuser la galerie. Il rira cependant moins à l’échauffement quand le commissaire FIBA prétend que sa licence n’est pas valable. Il accepte néanmoins de donner son feu vert : à condition de lui verser 1000 deutschemarks (+/- 500 €)… bien évidemment sans reçu en retour. Pierrot Raskin passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel puis décide de se priver des services du pivot US. Pepin s’incline 83-77, mais inversera la tendance huit jours plus tard. Il y a une justice ! En attendant, notre car est caillassé par les supporters istanbuliotes quand nous quittons les lieux.

Pour se remettre de nos émotions, rien ne vaudra une petite croisière sur le Bosphore dès le lendemain. Sauf pour Jean-Pierre Crosset qui sera malade du début à la fin. Amusant : pour ce premier périple européen, on aura même mis les pieds en Asie…

Force est cependant de constater que la fatalité a frappé les deux « Ricains de service ». C’est ainsi que Tony Worrell (photo) est décédé le 10 novembre 2015 d’une attaque cardiaque à l’âge de 49 ans alors que James Gulley lutte depuis des années maintenant contre un cancer tenace. On lui souhaite beaucoup de courage et un rétablissement définitif.

 

Michel CHRISTIANE