A la Coupe du monde qui se déroule actuellement en Australie, Julie Allemand est l’un des maillons essentiels des Belgian Cats qualifiées pour les quarts de finale et la meilleure représentante de la région liégeoise. Une véritable fierté pour tout le basket belge. Et si après le triomphe de Remco Evenepoel, les Cats prolongeaient l’état de grâce du sport belge au pays des kangourous ?
A vingt-six ans, Julie Allemand fait déjà partie du gratin mondial et possède une expérience colossale. Elle a effectué ses premiers dribbles à la salle de la rue Monfort pour le compte du RBC Alleur et, très vite, elle se distingue par des aptitudes exceptionnelles et une mentalité conquérante. Elle rejoint ensuite Sprimont pour ses débuts en D1 avant de s’engager à Braine où elle rafle trois titres de championne de Belgique et deux Coupes, fait ses grands débuts sous le maillot des Cats et est draftée en WNBA !
Déjà, la Belgique est trop petite pour cette meneuse ambitieuse, capable de distribuer les caviars, de scorer et de défendre le plomb. Pour la saison 2017-2018, elle quitte notre plat pays pour s’enrôler à l’ASVEL, le club d’un certain Tony Parker. Elle y reste trois saisons, le temps d’être sacrée championne de France en 2019. EN 2020-2021, elle porte les couleurs de Montpellier où elle a comme coach le Hutois Thibaut Petit. Une saison faste avec une Coupe et une finale de championnat avant un retour à l’ASVEL auréolée d’un nouveau statut : celui de super joueuse européenne.
Parallèlement à sa carrière outre-Quiévrain, Julie effectue en 2020 ses grands débuts aux States avec Indiana avec brio, s’illustrant parmi les meilleures rookies. « Elle a su se faire respecter dans une autre ligue – la meilleure ligue du monde – et même y réaliser quelques records. Mais je pense qu’elle a encore une grosse marge de progression et qu’elle n’a pas fini de nous surprendre car c’est une éternelle insatisfaite », me confiait son frère Raphaël à l’issue de la première saison américaine de la Meilleure joueuse belge 2016. Cet été, c’est avec le Chicago Sky et Emma Meesseman qu’évolua l’ancienne Alleuroise.
Une coéquipière que Julie côtoie au sein des Cats, l’équipe nationale belge qui fait la fierté de la nation depuis plusieurs années ! En 2018, les Belges enthousiasment le monde entier avec un jeu collectif brillant. Elles terminent à la quatrième place d’un Mondial que la meneuse liégeoise boucle en tant que meilleure passeuse. L’année suivante, en Serbie, les Cats terminent cinquièmes de l’Euro avant de rafler la médaille de bronze deux ans plus tard au Championnat d’Europe !
Un parcours brillant pour Julie Allemand ainsi que pour nos compatriotes à peine terni par la désillusion nippone aux derniers Jeux Olympiques avec une défaite mortifiante, 85-86, contre le pays hôte qui brisa les espoirs de médaille des Belges sur la plus grande scène sportive du monde. « Cela fait toujours mal d’y penser et c’est pour ça que nous n’en parlons pas entre nous », avoue Julie sur le site de la FIBA. « Certaines d’entre nous ont toujours cette défaite à l’esprit et je pense que c’est normal, mais nous voulons résolument nous orienter vers le futur. L’équipe est un peu différente, le coach a changé, cela nous aide à tourner la page durant cette Coupe du Monde Féminine FIBA 2022. »
Depuis lors, le noyau de la Belgique a quelque peu changé : Ann Wauters a pris sa retraite, Kim et Hanne Mestdagh ont pris du recul et le Français Valéry Demory a remplacé Philip Mestdagh sur le banc. Les ambitions des Cats, elles, demeurent élevées. « Nous ne sommes plus la même équipe qu’avant. Je pense que nous avons encore besoin d’un peu de temps pour trouver notre identité. Je ne sais pas comment ce tournoi se terminera pour nous. Nous devons prêter une attention toute particulière aux détails pour être vraiment compétitives », souligne Julie. « L’équipe est très jeune, mais je trouve que c’est une bonne chose pour ne plus ressasser Tokyo et ce qui s’est passé avant. J’espère que le prochain chapitre de notre sélection nationale sera tout aussi excitant. »
Les Cats espèrent secrètement rééditer l’exploit de 2018 – où même encore faire mieux – même si la concurrence est féroce dans le basket international féminin. « J’ai l’impression que c’était il y a 10 ans, tant de choses se sont passées dans le monde et dans ma carrière depuis », sourit Julie en évoquant Ténérife. « Cette édition de la Coupe du Monde Féminine FIBA avait été incroyable et elle avait été le début de quelque chose de spécial pour moi. J’avais le sentiment d’être prête à franchir un palier et le coach m’avait confié une clé capable d’ouvrir toutes les portes que je souhaitais. Nous avions toutes joué avec tellement de liberté et personne ne s’attendait à ce que la petite Belgique pratique un jeu pareil et s’invite en demi-finales. Quand je repense à Tenerife, j’ai envie de voyager dans le temps et de m’y retrouver une nouvelle fois. »
Qualifiées pour les quarts de finale, les Cats peuvent compter sur Julie Allemand pour les aider à rejoindre le dernier carré. La Liégeoise est toujours à l’heure lors des grands rendez-vous et, comme Tony Parker, se nourrit de la pression pour exceller dans les matchs décisifs. Et si après le triomphe de Remco Evenepoel, les Cats prolongeaient l’état de grâce du sport belge au pays des kangourous ?
Thiebaut Colot
Crédit photos : Fiba et Belgian Cats