Ce soir, Liège Basket reçoit Mons-Hainaut. Un derby entre deux formations wallonnes ambitieuses mais, surtout, l’occasion pour Liège d’enfin renouer avec la victoire. Du côté montois, Brieuc Lemaire se méfie de la force offensive des Liégeois.
« Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire, nous en avons eu la preuve avec notre défaite contre Louvain » lance Brieuc en préambule. « Et je me méfie de Liège qui aura très probablement à coeur de nous faire mordre la poussière. »
Les Principautaires possède une des meilleures attaques du championnat, un élément clé selon l’ancien Pépin. « Nous savons que cette équipe compte dans ses rangs des joueurs capable de mettre la balle dedans. Terry Deroover, Milos Bojovic, Darnell Harris… Ce sont de sacrés artilleurs! De plus, les intérieurs se battent constamment, ce qui rend Liège difficile à manoeuvre » détaille Brieuc. « Nous devrons priver de ballons Terry et Bojovic, qui sont les deux fers de lance de l’attaque locale. Il faudra débuter la partie comme si c’était notre dernier match de la saison, avec beaucoup d’envie. »
Une rencontre particulière pour le Liégeois. « C’est toujours spécial d’affronter une équipe de la Province » rappelle-t-il. « Ma famille et des amis, qui n’ont pas forcément l’occasion de venir à Mons, seront dans la salle. Cela fait plaisir.«
Ce vendredi, Belleflamme reçoit les jeunes du Centre de formation de l’AWBB. Typiquement le genre de match piégeux. Damien Aussems en est bien conscient.
Nous devrons surtout éviter de nous relâcher et de penser qu’il suffira de paraître pour nous imposer. Cette équipe est composée de jeunes joueurs talentueux qui sont parvenus à créer quelques surprises, ici et là. Il est hors de question qu’ils en fassent de même chez nous. La prudence et l’application doivent donc être de mise pour vivre un match sans problème et continuer de jouer les premiers rôles.
Ce championnat de P1 est décidément haletant et nous réserve moult surprises. Ce jeudi, Spa a, de nouveau, fait tomber le leader de l’élite et s’est imposé 75 à 72 face à Haut-Pré.
Ce fut un match serré, un chassé croisé. Après dix minutes, les Spadois menaient d’un point. Au terme d’un deuxième quart-temps plus laborieux de part et d’autre, les deux équipes rejoignaient les vestiaires sur une parfaite égalité, 38 partout.
Dès l’entame de la deuxième mi-temps, les Bobelins faisaient le break, 47 à 40 et cela s’échauffait légèrement du côté visiteur lors du temps-mort demandé par Yves Dehousse. Ce dernier exhortait ses troupes à jouer collectif et à appliquer les systèmes. Un panier acrobatique d’Ougrée suivi de deux énormes bombes de Stéphane Grandry relançaient Haut-Pré qui prenait les commandes, 47 à 49.
A l’aube de l’ultime période, les leaders de notre élite menaient de trois points, 54 à 57 et même 54 à 59 sur un panier d’entrée de jeu. Les Thermaliens répliquaient par un gros triple suivi d’un panier de Desert. Il restait un peu plus de huit minutes à jouer et les deux équipes étaient, de nouveau, à égalité.
A moins de quatre minutes de la fin de la rencontre, c’était toujours un score de parité, 66 partout. L’ambiance montait d’un cran, les supporters spadois présents et le banc des locaux hurlaient « défense, défense » à l’unisson. Les Bobelins, via une distribution percutante et une belle agressivité au rebond offensif, prenaient les commandes, 74 à 71.
Une victoire spadoise au bout du suspens
Sur une pénétration à trente-quatre secondes du terme, Bernard obtenait la faute mais se faisait mal en retombant. Il ne convertissait qu’une seule de ses deux tentatives sur la ligne de réparation. Haut-Pré réalisait ensuite une excellente défense et Stéphane Grandry pouvait se projeter en transition. Malheureusement pour les visiteurs, son coéquipiers ratait son lay-up tandis que Spa scellait le match sur un dernier lancer-franc, alors que le temps règlementaire s’était écoulé.
Une victoire spadoise 75 à 72 qui relance totalement la course pour le titre, Aubel, Neuville et Haut-Pré ayant désormais le même nombre de défaites: trois. Spa aura laissé une excellente impression dans sa circulation du ballon et les diverses défenses proposées tandis que, du côté visiteur, Benjamin Herman impressionnait par son côté all-around et sa sobriété.
Alors que Dison-Andrimont s’est à nouveau incliné ce weekend, Michael Petit ne veut pas jeter le bébé avec l’eau du bain et croit encore au maintien pour le club verviétois.
« Je veux revenir en forme dans quinze jours pour essayer de sauver le club » précise d’emblée Mike Petit, blessé au doigt depuis plusieurs semaines. « Il ne nous manque pas grand chose et nous serons bientôt au complet avec les retours de Carmelo et Lionel. »
Des retours de blessures mais également un départ, celui de Benjamin Liégeois, qui a décidé de rendre son équipement. « Bien évidemment, je suis un peu déçu que Benja arrête car c’est lui qui m’avait fait quitter Esneux pour Dison. Mais je comprends sa décision » continue l’intérieur aux mains d’argent. « C’est plus difficile de recréer un groupe en cours de saison mais j’y crois. »
Avec une seule défaite de retard sur les deux équipes qui les précédent, les Andrimontois peuvent encore -mathématiquement- se sauver. Et en basket, rien n’est joué avant que le coup de sifflet final retentisse.
Ce jeudi à 19h30, Spa reçoit Haut-Pré Ougrée en match d’alignement. Les Spadois peuvent-ils rééditer l’exploit du match contre Aubel et s’offrir, à nouveau, le scalp du leader de P1?
Il y’a quelques semaines, Spa s’imposait contre Aubel, alors leader de notre élite provinciale. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, Aubel s’étant incliné à Neuville et contre Haut-Pré. Le Haut-Pré qui est désormais le nouveau leader de première provinciale et qui se rendra ce jeudi dans la Cité Thermale, avant le choc contre Neuville.
« Ce sera un gros match à Spa où nous savons que ce n’est jamais facile de s’imposer » confirme Stéphane Grandry qui ne veut pas mettre la charrue avant les boeufs. « Nous devrons, comme à chaque fois, jouer libérés en attaque. »
Face à l’armada d’Ougrée, Spa vendra chèrement sa peau. « Notre victoire contre Aubel nous a fait beaucoup de bien. C’est le même esprit revanchard que j’espère voir ce soir » nous confie Bruno Dagnely qui sait que la tâche ne sera pas aisée. Pour contrecarrer le premier du championnat, le mentor spadois possède déjà son plan de bataille. « En premier lieu, il faudra contenir Stéphane Grandry » explique-t-il. « Il faudra également que nous soyons très vigilants sur le repli défensif car Haut-Pré affectionne de jouer la contre-attaque. Mais le plus important sera d’imposer notre rythme. J’ai pu constater que lorsque nous n’imprimions pas notre tempo à la rencontre, il nous est difficile de l’emporter. »
Compte-tenu de ces observations, Spa peut-il, à nouveau, créer l’exploit? Réponse ce soir!
Pierrick van den Brule fait les beaux jours de Visé mais a décidé de relever un nouveau challenge la saison prochaine et rejoindra Spa. Pour Liège & Basketball, le talentueux intérieur revient sur son club actuel, la saison en cours et les raisons qui l’ont poussé à signer à Spa.
Pierrick, comment juges-tu votre saison en R2?
Pour l’instant, nous ne nous en sortons pas trop mal. Nous jouons la tête et prenons match après match. Notre série est très relevée cette année, tout le monde peut littéralement battre tout le monde. Il faut donc aborder chaque rencontre avec sérieux au risque de se faire surprendre. Il faut également souligner que nous avons hérité d’un calendrier très bizarre avec de nombreux matchs à domicile jusqu’à présent. Désormais, nous allons enchainer les déplacements et il faudra jouer correctement afin de conforter notre place dans le Top 4.
Les Playoffs sont l’objectif du club?
C’est un objectif, un effet. Je suis persuadé que nous pouvons les atteindre. J’espère que Ninane se qualifiera également afin de retrouver mon ami Romain Nicaise en post-season.
Et quid de votre saison en P1, qui s’avère plus délicate?
Nous sommes montés la saison dernière et le niveau est bien différent de la P2. Nous avons eu un peu de mal à nous adapter mais nous nous améliorons. Tous les matchs sont importants à cet échelon.
Confiant pour le maintien?
Nous avons malheureusement perdu plusieurs rencontres de quelques points dans les dernières minutes, cela aura peut-être son importance en fin de saison. Nous devons être plus intelligents. Mais je suis persuadé que nous pouvons nous maintenir. La semaine prochaine, nous rencontrons Alleur, c’est un match crucial qui sera suivi d’un important déplacement à Spa.
« Visé est un club extraordinaire »
Tu évolueras à Spa la saison prochaine. Pourquoi avoir décidé de quitter Visé?
Pour un challenge sportif. Je joue en R2 depuis quatre ans et, à un moment donné, il faut être capable de sortir de sa zone de confort. En rejoignant Spa et la TDM2, je vais tomber sur des pivots plus expérimentés et je me réjouis déjà de m’y frotter.
Nous connaissons ton attachement à Visé. Etait-ce une décision difficile à prendre?
Visé est, humainement, un club extraordinaire. Le travail accompli par les bénévoles est énorme. Sans parler de mes coéquipiers, tant en P1 qu’en R2, que j’apprécie vraiment. Je m’entends d’ailleurs très bien avec toutes les personnes du club. Par exemple, le jeudi, nous restons après l’entrainement pour boire un verre, parfois jusqu’à « pas d’heure ». L’ambiance sur et en dehors du terrain est excellente dans la Cité de l’Oie. La décision de partir fut donc particulièrement compliquée à prendre. Mais tous mes coéquipiers et les membres du club ont compris mon choix. Tous m’ont félicité pour ce nouveau challenge. Cela m’a profondément touché et m’a prouvé, encore une fois, que Visé est un club extraordinaire et extrêmement « classe ».
« Notre fougue nous permettra de nous maintenir »
Quels sont tes objectifs pour la saison prochaine à Spa?
Prendre du plaisir sur le terrain. Nous avons une équipe jeune, la saison risque d’être compliquée mais je suis persuadé qu’avec du travail et une bonne cohésion nous pouvons nous maintenir. Et même aller embêter toutes les équipes de la division. Notre jeunesse est à double tranchant. Notre manque d’expérience sera parfois rédhibitoire mais notre fougue compensera et devrait nous permettre d’aller chercher assez de victoires pour nous sauver.
Content de retrouver des amis?
Je suis ultra-motivé de pouvoir évoluer avec mon meilleur ami, Nicolas Franck. Cela fait plusieurs saisons que nous essayons de nous retrouver et nous y sommes enfin parvenus. C’est génial car nous nous connaissons par coeur. Je retrouve aussi deux autres joueurs nés en ’96 contre qui j’ai déjà joué à plusieurs reprises, tant en jeunes qu’en seniors. J’affronte chaque année Romain Nicaise et c’est vraiment un gars en or. Quant à Martin Wintgens, je m’entends très bien avec lui et nous faisons nos études ensemble. Je suis d’ailleurs persuadé que nous pouvons être complémentaires et j’espère qu’il sera remis à 100% de son opération pour le début de saison.
Comment penses-tu pouvoir faire encore évoluer ton jeu?
Je suis jeune et j’ai encore beaucoup à apprendre. Lors de chaque rencontre, j’essaierai d’apprendre de mes adversaires et de faire progresser mon jeu. Je manquerai bien évidemment d’expérience mais je compenserai par de l’envie et de la hargne.
« Bon vent à Pierrick »
Michel Lejeune, le Président de Visé, remercie Pierrick:
C’est un très chouette gars, à tous les niveaux. Je ne peux que le remercier pour les quatre belles saisons qu’il a réalisées à Visé et je lui souhaite le meilleur dans cette nouvelle aventure. C’est le bon moment pour lui de relever un nouveau challenge, après les nombreuses sollicitations dont il a fait preuve ces dernières années. C’est aussi une fierté pour le club, tant pour Pierrick que pour Quentin, d’avoir pu les amener à ce niveau. Je sais que ça décision ne fut pas facile et notre porte lui sera toujours ouverte.
Déjà auteur de soixante points il y a quelques semaines, le jeune Templier a récidivé pour infliger cinquante-six points à la défense de Saint Louis.
« Je suis très efficace en pénétration et j’ai une bonne finition. J’attaque bien l’anneau grâce à un premier pas très explosif. Vu mes progrès au shoot, les défenseurs doivent me coller et cela me facilite encore plus l’accès au panier » nous confiait Luca Fraipont après son match à soixante points contre US Awans. Et, visiblement, le meneur des Templiers n’a rien perdu de ses qualités puisque c’est pas moins de cinquante-six unités qu’il a passées à la défense, médusée, du Collège Saint Louis, en P3.
« J’arrivais à attaquer l’anneau et à obtenir des 2+1 durant toute la partie » explique le principal intéressé. « Mais ce n’est que dans le dernier quart-temps que j’ai été en réussite. » Le plus impressionnant, au-delà de cette marque remarquable, c’est que cela ne s’est pas produit lors d’un score fleuve, Au contraire. Les cinquante-six points de Luca ont été inscrits sur un total de septante-huit marqués par l’équipe. Et, comme face à Awans, la victoire est au bout pour Haneffe. « Durant la rencontre, je voyais qu’en scorant beaucoup nous étions devant » continue Luca. « Je devais donc continuer car nous ne pouvions pas encore perdre un match contre une équipe moins bien classée que nous alors que nous sommes capables de nous imposer face aux premiers de la série. » Les Hesbignons présentent désormais un bilan équilibré de neuf victoires en dix-huit rencontres.
Pour occuper les longues soirées d’hiver au coin du feu, Liège & Basketball vous propose la lecture, en découpage, d’un ouvrage de référence sur la Dream Team de Barcelone. C’est avec cette équipe incroyable que la popularité du basket et de la NBA a explosé au début des années 90. Le livre « Dream Team » écrit par Jack McCallum, éminente plume d’ESPN, nous plonge au coeur de cette équipe légendaire et de cette formidable épopée qui fête cette année ses 25 ans. Bonne lecture.
Chapitre 2 : L’Élu
C’était l’un de ces moments rares hors de la vue de Bob Knight, leur coach olympique tyrannique. Deux candidats à l’équipe américaine pour les Jeux olympiques de Los Angeles de 1984, Michael Jordan et Patrick Ewing, profitaient de cette fenêtre de liberté pour chahuter dans leur chambre d’internat. Les défis sauvages de lutte dans les chambres étaient un dérivatif majeur pour ces étudiants, particulièrement Charles Barkley et Chuck Person, deux coéquipiers d’Auburn qui en étaient de fervents adeptes avant de tomber sous la coupe très stricte de Knight.
Jordan, qui venait de terminer sa troisième année à North Carolina, s’apprêtait à rejoindre la NBA, tandis qu’Ewing rempilerait pour une quatrième année à Georgetown. Ils étaient bons amis, s’étant déjà rencontrés lors de All-Star Games de lycée et, d’une manière plus concrète, lors de la finale NCAA 1982.
C’est à cette occasion qu’un tir extérieur du freshman Jordan donna définitivement l’avantage aux Tar Heels, 63-62, sur le freshman Ewing et les Georgetown Hoyas. Bien que personne ne le réalisât à époque, Ewing devint le premier de nombreux grands joueurs à se faire couper l’herbe sous le pied par Michael.
Un Jordan de 1,98 m tenait un Ewing de 2,13 m d’une clé de tête. Aucun des deux jeunes hommes n’était en colère mais cela ne voulait pas dire que ce n’était pas du sérieux : pour Jordan, tout ce qui revêtait un caractère compétitif prenait de l’importance. Finalement, Ewing dit le mot « uncle » pour signifier qu’il abandonnait. Et quand l’immense pivot se réveilla le lendemain matin, il ne pouvait plus bouger son cou.
Ça promettait de donner lieu à une explication houleuse.
« Coach, je ne peux pas participer à l’entraînement ce matin, dit Ewing en rassemblant tout son courage.
– Qu’est-ce qui t’arrive ? lui demanda Knight. »
Et Ewing fut obligé de lui déballer toute l’affaire, en désignant Jordan comme coupable.
« Donc, je suis resté sur le banc et Coach Knight est devenu fou, se souvint Ewing plus tard. Mais il n’en voulait qu’à moi seul. Michael ? Rien ne lui est arrivé. Il n’arrivait jamais rien à Michael. »
Oui, l’été 1984 fut glorieux pour Michael Jordan, le premier de beaucoup d’autres, malgré le fait qu’il avait été initialement réticent à se présenter à Los Angeles. « J’étais un peu intimidé par Coach Knight, me raconta Jordan à l’été 2011. Je n’aimais pas ses façons de faire. J’avais entendu dire qu’il maltraitait ses joueurs, qu’il les engueulait, et je ne voulais pas passer l’été à me faire enguirlander par quelqu’un. »
Donc, il demanda conseil à son coach, Dean Smith, avec qui il avait une relation de type père-fils, même si le propre père de Jordan, James, était un pilier dans sa vie.
« Coach Smith m’a dit que tout ce que Knight voulait voir, c’était les fondamentaux du jeu du basketball, poursuivit Jordan (même dans les conversations informelles, Jordan utilise l’expression « le jeu du basketball », comme s’il décrivait les Saintes Écritures). J’avais ces fondamentaux, donc ce n’était pas un problème. Et une fois que je me suis trouvé là-bas, j’ai vu un homme qui exigeait que vous jouiez d’une certaine façon et que vous ne fassiez pas la même erreur deux fois. Ce qui ne m’est pas arrivé. »
L’été fut glorieux, aussi, pour les gens qui dirigeaient le sport amateur aux États-Unis. Le boycott des Jeux de Moscou de 1980, qui les avait rendus amers envers le président Jimmy Carter, n’était plus qu’un lointain souvenir. Une solide équipe d’universitaires volontaires – emmenés par Jordan, dont les qualités singulières, si elles n’étaient pas connues du monde entier, étaient déjà reconnues aux États-Unis, où il venait de terminer une carrière universitaire dorée – était sur le point de déferler, à la conquête de la médaille d’or à Los Angeles. Quand les Soviétiques décidèrent de rendre la politesse de 1980 en boycottant les Jeux de L.A., cela ne semblait plus avoir beaucoup d’importance. Les universitaires américains auraient battu cette équipe de toute façon, ou du moins, c’était le sentiment général à l’époque.
Bobby Knight était l’archétype parfait sorti tout droit des manuels du basket universitaire, un tyran de tout premier ordre mais un gars du sérail, un disciple dévoué de l’Amateur Basketball Association of the United States (même s’il sortait parfois de ses gonds), l’organisation qui gérait le basket amateur à l’époque. « Avec Bobby aux manettes, me raconta C.M. Newton, l’un de ses assistants, il n’y avait pas de demi-mesure. C’était droit au but. »
Knight fit des sélections olympiques un exercice darwinien du début à la fin. Plus de cent joueurs furent invités et il en exclut vingt d’un coup. Karl Malone, un élément de Louisiana Tech très musclé mais complètement inconnu, se rappela que les premiers tris avaient quelque chose d’impersonnel. « Vous alliez faire la queue à la cafétéria, où ils avaient affiché une liste, me raconta-t-il. Si votre nom était dessus, vous étiez retenu. » Un jour, le nom de Malone n’a plus été sur la liste. De même, cette force de la nature appelée Charles Barkley a été évincée. Idem pour l’arrière appelé John Stockton.
Il y avait une partie du milieu du basket qui n’adhérait pas à Jordan quand il était à North Carolina où, d’après l’habituelle logique, le seul qui pouvait l’arrêter était Dean Smith, un fondamentaliste rigide dont les équipes devaient le plus possible se trouver en possession du ballon. Toute personne dotée de bons yeux et d’un cerveau en état de fonctionnement savait que Jordan allait être spectaculaire chez les pros ; mais une hypothèse était qu’il serait du type Clyde Drexler, ce produit de l’université de Houston qui venait de terminer sa première saison avec les Portland Trail Blazers – c’est-à-dire flashy mais parfois incontrôlable, un scoreur mais pas un shooteur, un chouchou du public mais pas une première option pour les coaches.
Bien que cette impression perdurât, chez certains, jusqu’en 1991, l’année où Jordan remporta son premier titre de champion NBA avec les Chicago Bulls, les connaisseurs qui suivaient les matches de Los Angeles virent le véritable potentiel de Michael. C’était un joueur qui pouvait faire éclater une zone avec son tir extérieur, étouffer un adversaire habituellement fort scoreur, assurer la mène s’il le fallait. Il pouvait « contenter » Bobby Knight, pour l’amour du ciel. « Les Jeux de 1984, me dit son agent David Falk, ont été sa révélation. »
Emmenés par Jordan, les Américains survolèrent la compétition olympique, remportant leurs huit matches avec une moyenne de 30 points d’avance. Ce faisant, ils rivalisèrent, en comparaison, avec la grande équipe d’Oscar Robertson et de Jerry West qui avait gagné la médaille d’or à Rome en 1960. Les États-Unis battirent le Canada en demi-finale et écrasèrent l’Espagne 96-65 en finale. Le nom de Michael était sur toutes les lèvres.
His Airness.
Il était devenu évident que Jordan était l’Élu et personne ne savait mieux que Falk, qui avait déjà entamé des négociations de sponsoring avec Nike, que cela changerait pour toujours la façon dont les athlètes seraient dorénavant sponsorisés. Jordan avait toujours porté des Converse, la chaussure choisie à la fois par son coach d’université et par le Comité olympique des États-Unis. C’était, de fait, le choix historique de la plupart des fans de basket. Michael a dit depuis que lui, comme de nombreux joueurs, pensait qu’Adidas faisait les meilleurs produits. Si une offre intéressante lui avait été faite, il aurait tout aussi bien pu signer avec Converse ou avec Adidas.
Cependant, Falk vit que Nike était plus « agressif » et plus pertinent, d’un point de vue marketing, que ses deux concurrents. Magic Johnson et Larry Bird, les deux plus grands noms du basket pro, portaient tous les deux des Converse. Mais la glorieuse firme, se reposant sur ses lauriers passés, ne fit presque rien pour eux. Arrêtons-nous un instant : Magic avait un surnom immortel, un sourire à 1 000 kilowatts, un jeu flashy, un lieu de vie très glamour et des titres de champion en pagaille. Pourtant, dans les premières années de sa carrière, Converse n’investit pas du tout sur son image, ce qui coûta des millions à Magic ainsi qu’à son sponsor. « Bien avant que Michael ne rejoigne la Ligue, me confia Falk, Magic aurait pu prendre possession du monde entier. »
Au contraire, chez Nike, des dirigeants tels que Rob Strasser virent en Jordan un nouvel horizon pour le jeu du sponsoring. De plus, Nike avait besoin de faire un gros coup car le boom des années 1970 s’était considérablement essoufflé. C’était une entreprise qui se flattait de savoir prendre des risques. Donc, elle décida de miser tout son budget marketing, 500 000 dollars, sur une campagne qui « vendrait » Jordan et de lui verser, en plus, des sommes substantielles pour qu’il porte des Nike. Malgré tout ça, Michael restait réticent envers Nike. Il n’avait jamais porté leurs chaussures et n’en savait pas grand-chose. La veille de prendre l’avion avec son père et David Falk pour se rendre au siège de Nike, à Beaverton, en Oregon, il dit à sa mère qu’il n’irait pas. Mais elle ne voulut rien entendre.
« Tu seras dans l’avion, Michael », dit Deloris Jordan. Et il fut dans l’avion.
Après cette première rencontre, Peter Moore, le designer en chef de Nike, montra à Jordan et à Falk des esquisses qu’il avait faites pour les chaussures Air Jordan, les survêtements, et des articles de prêt-à-porter, tous en rouge et noir – « les couleurs du diable », comme les décri- vit Michael à Falk. Jordan ne broncha pas, ne sourit pas, ne dit mot et tout le monde, dans la salle, pensa qu’il était subjugué. Après cette réunion, il admit qu’il avait été impressionné et ému ; et Falk négocia un contrat à 2,5 millions de dollars qui, comme tant de contrats au fil des années, était censé être la fin du monde. Ainsi naquit Air Jordan.
Au début, Jordan détestait ces chaussures rouges et noires. « Je vais avoir l’air d’un clown », disait-il. Mais il se radoucit et les porta. Ensuite, la NBA les déclara illicites pour d’obscures raisons, infligeant à Jordan 5 000 dollars d’amende par match, une somme que Nike paya en riant sous cape. Un compromis concernant le design fut finalement trouvé et la principale chose que ces amendes permirent fut de faire des chaussures de Jordan l’un des plus énormes coups médiatiques de la saison 1984-85, en focalisant l’attention du monde entier sur Nike.
Rod Thorn, le general manager des Bulls à l’époque, demanda à David Falk : « Qu’essayez-vous de faire ? Faire de lui un joueur de tennis ?
– Maintenant, vous l’avez », lui répondit l’agent.
Chapitre 3 – Le commissioner et l’inspecteur des viandes
La NBA trempe un timide orteil dans les eaux internationales. Fin 1985, le commissioner, David Stern, et son représentant, Russ Granik, ont reçu l’Inspecteur des viandes dans les bureaux new-yorkais de la Ligue. Le patron de la FIBA n’en croyait pas ses yeux. « Vous devez comprendre d’où je venais, m’a dit récemment Stanković à propos de cette réunion. C’était considéré comme presque criminel de simplement communiquer avec la ligue professionnelle. Dans le monde amateur, on n’était pas censés leur parler. Et je suis assis là, avec le commissioner, et nous avons une relation normale. » Il était franchement radieux à l’évocation de ce souvenir, comme Sally Field recevant l’Oscar de la meilleure actrice en 1984 et lançant son fameux « You like me ! ».
David Stern l’appréciait. Les deux hommes étaient attirés par le pouvoir, tout comme le sont les papillons par la lumière, mais ils avaient en commun ce quelque chose d’informel. Ce n’était exactement des gens normaux mais ils étaient suffisamment sensés pour savoir qu’ils devaient se comporter comme des gens normaux. Et Granik – avocat attentionné, calme et posé, qui était arrivé en NBA en 1976 – était le parfait complément de Stern, qui avait un tempérament fort, parfois volcanique.
Après les présentations d’usage, Stanković en vint directement aux faits. « Je ne crois pas en ces restrictions concernant qui devrait jouer et qui devrait ne pas jouer, dit-il. Les meilleurs joueurs du monde devraient pouvoir jouer partout, et même aux Jeux olympiques. Mais je ne peux pas le faire seul. »
Selon quelques théories révisionnistes, Stern – qui voit tout, qui sait tout – aurait instantanément saisi l’importance de s’aligner avec la FIBA, envisageant le jour où les joueurs de NBA deviendraient la crème du continent et où la Ligue inonderait l’Europe et l’Asie de baskets, de T-shirts et de sweats à capuche. Rien ne serait plus éloigné de la vérité et Stern, ce qui est tout à son honneur, n’a jamais prétendu le contraire. Ce n’est pas que l’idée de joueurs NBA aux Jeux fut renvoyée aux calendes grecques ; ce n’était même pas à l’ordre du jour.
Oui, Stern avait vu l’hypocrisie des règles – l’Allemand Detlef Schrempf, qui jouait en NBA pour environ 500 000 dollars par an, était considéré comme professionnel alors que le Brésilien Oscar Schmidt, qui jouait en Italie pour environ 1 million de dollars par an, était considéré comme un amateur éligible aux Jeux olympiques. Tout le monde voyait cette hypocrisie, sauf les coquilles vides qui dirigeaient l’olympisme. Cependant, le commissioner n’envisageait pas d’ajouter les Jeux olympiques à un calendrier déjà surchargé.
« David et moi pensions que le basket mondial entraînerait avec lui autant de charges que de bénéfices, dit Granik aujourd’hui. Et c’est ce que nous avons dit à Boris. »
Quoi qu’il en soit, quand Stanković évoqua une compétition réunissant une équipe NBA et quelques équipes FIBA, une sorte de premier pas, Stern répondit oui. « Nous l’accueillerons », dit-il immédiatement. C’est de cette réunion que naquit le premier Open McDonald’s, qui se tint à Milwaukee en 1987. Mais cela n’avait jamais été le projet de Stern de faire participer ses joueurs aux Jeux olympiques, en grande partie parce qu’il devait faire face à des problèmes bien plus pressants.
Le vent commençait à tourner au moment de la visite de Stanković mais la NBA était encore relativement fragile.
La blague populaire « Jusqu’où va la nullité de la NBA ? » est illustrée par les Finales 1980, retransmises en différé alors qu’un match au sommet opposait les Los Angeles Lakers (le rookie Magic Johnson, la superstar Kareem Abdul-Jabbar) aux Philadelphia 76ers (Julius Erving). Il y a d’autres indicateurs du faible poids de la NBA de l’époque. Quand Rick Welts fut embauché en 1982 pour diriger les opérations de sponsoring – « Comme tous les gars de David à l’époque, j’étais parfait pour le poste parce que j’étais jeune, naïf et pauvre », dit Welts aujourd’hui – la NBA n’avait absolument aucun business plan. Elle ne vendait rien à personne. Welts et les autres bons petits soldats, jeunes, naïfs et pauvres, se trouvaient dans un pays qui non seulement n’avait rien à faire de la NBA mais, en plus, la dénigrait ouvertement.
« La perception générale était que la NBA était mal gérée, qu’il y avait trop d’Afro-Américains, trop d’accusations de drogue, trop d’équipes en défaut de paiement, me confia Welts en 2011. Je contactais des annonceurs et c’était un miracle d’obtenir un retour quand on était rattaché au sigle NBA. La priorité était la NFL, la ligue majeure de baseball (MLB) et le sport universitaire. La NHL, quant à elle, passait bien avant la NBA. »
Tandis que sa troupe de jeunes commis bataillait au quotidien pour redorer l’image de la NBA, Stern cajolait et manigançait sournoisement en sous-main. « Le pouvoir des choses inlassablement répétées par tout le monde est quelque chose d’assez impressionnant… me dit Welts. Je rentrais à la maison complètement abattu après m’être fait jeter pendant douze heures et le téléphone sonnait à 22h dans ma chambre d’hôtel du Summit, sur Lexington Avenue. C’était David. Après 15 minutes, j’étais regonflé à bloc et prêt à repartir à la charge. »
Stern était si communément appelé « le meilleur commissioner sportif de tous les temps » qu’il s’est presque accaparé l’usage exclusif du terme. Mais il y a certainement eu une part de circonstances favorables dans son ascension. C’est sous sa coupe, après tout, que Michael/Magic/Larry sont descendus des cieux et à la fin de la journée, la seule chose qu’un homme de marketing puisse faire est de mettre un peu plus de lumière sur la scène. Si les gens n’aiment pas ce qu’ils voient, rien ne va se passer. Mais Stern et d’autres membres de son équipe ont trouvé comment valoriser au maximum le potentiel de ces joueurs et rentabiliser leur popularité.
Et alors même qu’il ne voyait pas complètement la voie qui se profilait devant lui, le commissioner garda toujours une oreille attentive aux sermons de l’Inspecteur des viandes, qui pensait que de grandes choses arriveraient si les États-Unis parvenaient à réunir leurs stars, les ficeler dans un beau paquet bleu, blanc et rouge et les envoyer jouer sur des terrains sacrés.
Chapitre 4 – La légende
« Je suis le roi du shoot à 3 points. » Le matin du 8 février 1986, Larry Bird était sur le parquet de la Reunion Arena, à Dallas, là où huit heures plus tard, il disputerait le premier concours de shoots à 3 points du All-Star Game de la NBA. Leon Wood, des New Jersey Nets, était là lui aussi. Il est aujourd’hui arbitre en NBA mais figurait parmi les favoris du concours à l’époque.
« Hey, Leon, lui dit Larry, t’as changé ton shoot dernièrement ? Il a l’air différent. »
Larry Legend.
Ça n’avait pas de sens, bien entendu. Mais Wood, dans sa deuxième année NBA, était réputé pour son shoot à 3 points – il n’avait pas peur de déclencher son tir plus d’un mètre derrière l’arc. Il eut l’air complètement paniqué. « Merde, si Larry Bird me dit que mon shoot a changé, je me demande si… »
Puis Bird commença à parler des ballons bleus, blancs, rouges, ceux qui valaient deux points (au lieu d’un) sur chacun des cinq présentoirs de cinq ballons qui avaient été installés pour la compétition. Bird dit qu’ils avaient l’air glissants. Wood sembla encore plus paniqué. Vous pouviez rayer Leon Wood des potentiels vainqueurs. Les autres verraient leur tour venir plus tard.
À ce moment-là – au milieu de la saison 1986 – Larry Joe Bird était le roi incontesté de la NBA. Il était bien parti pour remporter son troisième titre de MVP et ses Celtics étaient sur la route du titre NBA. Mais cela allait bien au-delà de ça. Ce fut l’esprit bravache de Bird, sa grande confiance en lui-même, sa verve moqueuse et goguenarde (son « trash-talk », comme disent les Américains, légendaire dans toute la Ligue mais que le grand public ignore, car Bird faisait du trash-talk de manière subtile), ce style de jeu « street » dans un enrobage un peu pataud, qui firent que la première moitié des années 1980 fut « son » jeu, « son » ère.
Les nombreux talents de Bird – l’adresse, l’opportunisme au rebond, la qualité de passe, la lecture du jeu, la combativité – étaient déjà à l’œuvre depuis son année rookie, en 1979-80. On a tendance à le voir comme un bourreau de travail, une machine à shooter qui s’était forgée depuis le lycée et à certains égards, il l’était. Mais c’était aussi un talent naturel, quelqu’un qui, comme il l’a admis, appréhendait le jeu avec une certaine facilité. Il le voyait tout simplement différemment de la plupart des autres personnes.
Bird savait très bien qu’à 29 ans et dans la septième année d’une carrière qui le mènerait au Hall of Fame, il n’y avait personne de son calibre. Et ce, malgré des problèmes de dos qui survinrent à l’été 1985, quand il pelleta du gravier dans la maison qu’il avait fait construire pour sa mère dans sa ville natale de French Lick, en Indiana. Dès le début de cette merveilleuse saison 1985-86, Bird eut parfois recours aux mains magiques de son physiothérapeute, Dan Dyrek, juste pour pouvoir quitter la position horizontale.
Un mois après le début de la saison, Dyrek était appelé dans la maison de banlieue de Larry. Il n’en crut pas ses yeux quand il observa Bird tenaillé par d’atroces douleurs. Cependant, son dos connut un répit – ça n’irait jamais vraiment en s’améliorant – et Larry put accomplir une autre saison transcendante.
Peu de temps après le All-Star Game, « Sports Illustrated » m’envoya écrire un article pour définir si Bird était, oui ou non, le plus grand joueur de tous les temps. Les magazines adorent ces histoires de « plus grand de tous les temps » – les hommes, en particulier, sont d’infatigables faiseurs de listes, prompts à perdre des heures et des heures en argumentaires enflammés pour savoir qui, de Keith Moon ou de John Bonham, était le plus grand batteur ; si « Taxi Driver » ou « Raging Bull » offrait son meilleur rôle à Robert De Niro.
De manière prévisible, je me suis pris au jeu et j’ai fait de Bird le plus grand joueur de tous les temps, relayé par plusieurs commentaires d’observateurs impartiaux, dont l’un était John Wooden. « J’ai toujours considéré Oscar Robertson comme le meilleur basketteur, me dit « le Magicien de Westwood ». Mais aujourd’hui, je ne suis pas sûr que Larry Bird ne le soit pas. »
A suivre…
– Jack McCallum, « Dream Team », éditions Talent Sport, sorti le 8 juin 2016, 396 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)
Wanze vient d’abandonner la place de descendant à Huy -pour Fonds-de-forêt, les carottes sont déjà cuites avec zéro victoire au compteur. L’entraineur des Mosans, Steven Vanherck, fait le point sur la saison de ses troupes, son boulot de jeune entraineur et les échéances à venir.
Steven, vous devancez désormais Huy et Fonds-de-forêt. Penses-tu que le maintien est possible?
Bien sûr. Le groupe est remotivé après nos deux succès consécutifs. J’ai plus de joueurs présents aux entrainements et le moral est bien meilleur. Et, en toute sincérité, j’estime que nous ne sommes pas à notre place dans le fond du classement.
Pour vous maintenir, as-tu coché des matchs que vous devez absolument gagner?
Pas spécialement. Chaque rencontre doit être disputée comme si c’était la dernière. Nous sommes allés arracher une victoire à La Villersoise, pourtant troisième du championnat. Nous avons mené au score durant trente-sept minutes à Hannut et nous ne sommes battus que de sept points à Grivegnée, alors que nous n’étions que sept. Cela démontre que nous sommes capables d’embêter les grosses équipes. Nous jouons d’ailleurs mieux contre plus fort, nous nous ajustons au niveau de notre adversaire.
Vous résultats récents sont-ils le signe que vous jouez mieux?
Nous ne jouons pas spécialement mieux mais nous prenons les points que nous avions bêtement laissés au premier tour.
Tu es assez jeune comme entraineur. Ce n’est pas trop difficile de coacher des joueurs plus âgés que soi?
C’est ma première saison en seniors Homme mais j’ai déjà coaché des Dames par le passé. Ce n’est pas difficile. Le groupe est vraiment chouette, les joueurs écoutent et appliquent bien mes consignes. De plus, nous avons une excellente ambiance en dehors du terrain. Cela permet de garder mon groupe soudé. C’est vraiment une belle expérience.
En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …
Septembre 1980, la Gazette de Liège, édition principautaire de la Libre Belgique, décide de rajeunir son lectorat, via le sport. Le football étant suffisamment couvert, John Erler, le secrétaire de rédaction, jette son dévolu sur le basket. Et me contacte : « On va suivre le basket et j’aimerais un correspondant par arrondissement. Serais-tu intéressé par celui de Verviers ? » Ma réponse le laisse pantois, voire interrogatif : « Je m’occupe de toute la province ou de rien du tout ! » Et j’ajoute : « Il faudra aussi que les comptes rendus paraissent dès le lundi matin car ceux de La Wallonie et de La Meuse ne sont diffusés que le mardi. » Les résultats ne se font pas attendre puisque la Gazette augmente ses ventes du lundi de 15% avant que les deux autres journaux n’avancent leur date de parution « basket » à la reprise de janvier 1981.
A cette époque, le club-phare est la JS Grivegnée qui s’ouvre les portes de la D2 nationale. Le club cher au président Lanni dispute ses matches à domicile le dimanche en fin d’après-midi (17 h 30) devant une foule sans cesse croissante et enthousiaste. Au sein de cette équipe, on retrouve notamment les frères Lallemand (Patrick et Pascal), Jean-Marie Grifgnée (le bien nommé), Paul Rambaux (le prof de français au look de bûcheron), Thierry Meurmans (le toubib de Bressoux), ou encore, cette pépite en devenir qu’était Jacques Stas faisant déjà l’admiration de son grand-papa. Entre autres. Sans oublier Didier Mayenga, devenu ingénieur à Infrabel et qui fut repris en équipe nationale zaïroise (voir photo, 2e à g.). Tout ce petit monde était drivé par Jacques Paquay, le « roi de la zone », que je considère comme un des meilleurs coaches liégeois de tous les temps. Né malin, il a cependant préféré sa place (quasi assurée) d’instituteur à une aventure (toujours) aléatoire d’entraîneur professionnel. Véritable passionné, il est encore en fonction chez les jeunes à Aywaille.
Retour à La Gazette où j’éprouvais les pires difficultés à obtenir les points des joueurs de la rue Nicolas Spiroux. Au contraire des autres formations qui étaient toutes contentes que l’on parle enfin d’elles. Après plusieurs coups de téléphone et même une lettre officielle du journal au comité de Grivegnée, tout finissait par s’éclaircir de la voix-même de M. Bouché, la personne chargée de transmettre ces précieux renseignements : « Ecoute bien, m’fî, tu m’es fort sympathique. Mais je suis délégué syndical FGTB et, tant que je serai vivant, je ne donnerai jamais rien aux calotins*. » Faut-il préciser que La Libre était de tendance catholique ? A ce moment-là, du moins.
Je me dois aussi de constater que, suite à cette prise de position sans équivoque, une réelle « paix sociale » est intervenue entre nous. Au point que j’étais désormais le premier à qui l’irascible « P’tit René » sonnait pour communiquer les points de ses protégés. L’Internationale des basketteurs, quoi…
Michel CHRISTIANE
*Calotin : terme péjoratif pour désigner une personne au service du clergé