A défaut de paniers, les -très!- nombreux spectateurs présents dans la -très!- petite salle du Collège Saint Michel ont pu vivre un derby verviétois d’une rare intensité. Une rencontre où les défenses ont pris le pas sur les attaques et dans laquelle Fred Delsaute sut se montrer décisif dans le money time pour offrir la victoire à ses couleurs. Reportage.
Pleine à craquer! La salle du Collège Saint Michel n’avait sans doute jamais paru aussi petite tant une foule nombreuse s’était -logiquement- déplacée pour assister au derby de la Vesdre, véritable choc de première régionale entre deux équipes taillées pour le titre. La foule s’amassait partout, le moindre interstice était occupé alors que, campagne oblige, les politiques de tout bord s’affichaient au premier rang.
« Faute de grives, on mange des merles » dit le proverbe, qui trouvait écho ce vendredi à Verviers où les paniers se faisaient rares face à la débauche d’énergie mise en défense. C’était les visiteurs, via Julémont (5 points au total) et Nyssen (14 unités en tout) à distance, qui lançaient les hostilités pour se détacher à 8 à 10 après plus de 6 minutes de jeu. Sur un lancer-franc, Jordan Maucourant (5 pions sur l’ensemble de la partie) faisait 8 à 11 mais Hugo Marechal (13 points), tête de raquette, puis Fred Delsaute, bien servi inside par une lob pass, mettaient SFX devant d’une courte tête. Après une balle perdue de Perin (15 points et une excellente prestation des deux côtés du terrain) en contre-attaque, Maucourant héritait de deux lancers. Cette fois, le meneur pépin convertissait les deux, c’était 12 à 13 et il reste une minute et vingt secondes à jouer. Marechal, très remuant en ce début de partie, était idéalement servi dans sa « coupe » sous l’anneau, 14-13. Puis, 14-15 sur un rebond offensif des visiteurs. S’en suivait une perte de balle de chaque camp. A six secondes de la fin du quart-temps, Fred Delsaute provoquait la faute. Sur la ligne de réparation, l’artificier en chef des Collégiens inscrivait le premier mais ratait le second. Rossinfosse envoyait un avé maria du milieu de terrain. 15 partout après dix minutes.
Alors que la mascotte de SFX s’agitait dans la fournaise ambiante, Halkin, après une bonne circulation face à la zone locale, plantait une banderille pour faire 15-18. Fred-le-Magnifique lui répondait de la même distance. Jérôme Thelen utilisait la planche pour un petit tir à mi-distance -que n’aurait pas renié Tim Duncan- et Mourad Chikhoui -quel volume de jeu!- plantait un joli step-back: c’était 18-22 après moins de trois minutes dans ce deuxième quart-temps. Quelques maladresses de part et d’autre et une intensité de tous les instants laissaient le score inchangé pendant deux minutes. Gaetan Hertay, remonté au jeu pour Bousmanne, inscrivait, sous les yeux de son frère Yoann venu l’encourager, un hook d’école après un bon travail au poste. Agapit marquait son seul panier du match depuis l’épaule. Gerarts provoquait une perte de balle d’Halkin -gros volume de jeu également- et Perin égalisait en contre-attaque: 24 partout à quatre minutes de la mi-temps et temps-mort.
Parole à la défense
Au sortir de celui-ci, Gerarts contrait fautivement Halkin par derrière. Ce dernier ratait son premier lancer mais convertissait le second. Après un raté de Gerarts, Maucourant plantait un gros tir pour faire 24-27. De l’autre côté, Marechal se fendait d’un splendide cross-over mais loupait son floater. Les visiteurs rataient également alors que la bataille faisait rage au rebond. Delsaute, remonté au jeu alors qu’il restait un peu plus de deux minutes à jouer, servait Hertay. La tentative de l’intérieur local ne rentrait pas, tout comme celle de Snakers en face, mais Chikaoui émergeait de la mêlée pour s’emparer de la balle et obtenir deux lancers. L’ailier pépin ne convertissait ni l’un, ni l’autre. Sur un excellent backdoor, Gerarts réussissait le 2+1. Egalité parfaite, 27 partout, et une minute et demie à jouer. La passe d’Halkin pour Nyssen était interceptée alors que cela jouait très physique des deux côtés. Hertay provoquait, en post-up, une faute et héritait de deux lancers. L’ancien Spadois ne tremblait pas, c’était 29-27. Une interception loupée de Delsaute offrait deux lancers à Julémont. L’ailier inscrivait le premier mais loupait le second, c’était 29 à 28, score à la mi-temps.
Alors que le bar était pris d’assaut et que les enfants jouaient sur le terrain, les discussions allaient bon train. Après l’échauffement de la mi-temps, Pascal Mossay, sans doute échaudé par le manque de réussite pépine, décidait de lancer Francot dans le bain. Le technicien visiteur donnait ses directives à son shooteur et distribuait les hommes. En face, Delsaute ne démarrait pas la seconde mi-temps. C’était Perin qui marquait le premier, 31-28, alors que, pour Pepinster, Francot -c’est son job- shootait son premier ballon. Pepinster, en défense individuelle, faisait faute sur Marechal en contre-attaque. Le jeune poste 3-4 local loupait ses deux tentatives. S’en suivait une succession de ratés. Les défenses étaient étouffantes, agressives, l’intensité très élevée et la bataille du rebond intense. C’est finalement Julémont, sur la ligne de réparation, qui inscrivait le premier panier pépin depuis la reprise, 31-29 à la vingt-troisième. Perin lui répondait alors que Maxime Halkin remplaçait déjà Chris Francot. Perin, justement, se faisait siffler une faute après une duel matamoresque avec Julémont. Un coup de sifflet qui avait le don de contrarier Christophe Grégoire. John Habsch enfonçait Maréchal mais loupait son hook. Sur un rebond défensif et la remontée de balle, Halkin était sévèrement secoué. Le meneur pépin finissait par obtenir la faute et les lancers. Un sur deux pour l’explosif distributeur. Delsaute montait au jeu et se signalait immédiatement par un caviar pour Marechal sur pick and roll. C’était 35-30. Nyssen profitait d’un trap base line pour planter à distance et mettre fin à l’agonie offensive des visiteurs -deux lancers marqués en cinq minutes.
Delsaute prend les choses en main
Après un temps-mort durant lequel la fanfare locale s’en donnait à coeur joie, Tsasa perdait la balle sur un drive. Chikaoui ratait sa tentative de loin. Halkin surgissait au rebond offensif mais échouait ensuite à inscrire le panier. De l’autre côté, Tsasa effaçait son défenseur mais manquait l’immanquable. Dans la raquette verviétoise, Habsch jouait des coudes et égalisait, 35 partout. Nouveau temps-mort et un peu plus de trois minutes à jouer dans ce troisième quart-temps. De retour sur le terrain, les Collégiens, avec Bousmanne, devaient composer avec la défense très agressive de leurs adversaires. Pepinster prenait les devants, 35-37. Gerarts, tout seul, loupait son tir. En défense, Delsaute était sanctionné d’une faute sur le lay-back de Chikhaoui. Fred montrait son désaccord avec cette décision, cela ne chagrinait pas son opposant qui convertissait ses deux lancers. C’était 35 à 39 à la vingt-huitième minute et les arbitres demandaient aux spectateurs de se calmer et de respecter les limites du terrain. SFX, visiblement pas au courant, dépassait le temps imparti pour shooter. Alors qu’une véritable bataille de rue avait lieu dans la raquette, Delsaute et Chikaoui rataient de loin. Après s’être télescopé avec Tsasa au rebond, Fred Delsaute scorait en pénétration. Après des ratés et des pertes de balles, Thelen héritait de deux lancers à la tout fin de ce troisième quart. Le pivot pépin, seul sur le terrain, manquait les deux. Le score restait inchangé: 37-39.
Le dernier quart-temps promettait un suspens insoutenable où chaque ballon allait être capital. Roland Delhaes n’allait visiblement pas monter au jeu, malgré la présence de son frère Arnaud venu le supporter, tandis que les deux équipes augmentaient encore- était-ce possible?- leur intensité. John Habsch gobait un gros rebond mais ratait sa outlet pass, Thelen interceptait la balle en défense mais la perdait dans la foulée. Pepinster posait de très solides écrans et Chikhaoui plaçait un superbe drive mais ratait son shoot. Perin travaillait bien en post-up et, aidé par Marechal, égalisait: 39 partout et huit minutes à jouer. Bousmanne et Snakers se loupaient à distance et Gaetan Hertay remontait au jeu en lieu et place du pivot du Collège. Ca « fightait » sec au rebond, les arbitres commençaient à beaucoup siffler, la partie devenait hachée. Sur un tip-in, ce diable de Perin donnait l’avance à ses couleurs. Maucourant ratait son deuxième tir d’affilée à mi-distance mais la balle allait en sortie et était rendue aux visiteurs. Le meneur de Pepinster, derrière la ligne des 6,75 mètres cette fois, tentait à nouveau sa chance mais se trouait. Pascal Mossay envoyait le jeune Nicolas Rossinfosse sur la chaise des remplaçants tandis que le contingent aubelois présent pour l’occasion -et visiblement pro-SFX- se faisait sacrément entendre. Delsaute, dans ses oeuvres et à une distance qu’il affectionne, plantait une banderille pour faire 44-39. Le coach pépin craquait un temps-mort, il restait un peu moins de six minutes à disputer.
Nyssen ramène Pepinster
Face à la zone des Collégiens, Nyssen perdait la balle; de l’autre côté, un tir longue distance de Delsaute ressortait du cercle. Chikhaoui et Marechal étaient rappelés à l’ordre par les hommes en gris après avoir interprété quelques pas de rumba. Les raquettes étaient le théâtre de vrais pugilats. Le triple de Chikhaoui roulait autour de l’anneau mais ne rentrait pas. Après un imbroglio sur une rentrée ligne de fond, Francot remontait au jeu pour Julémont. Rossinfosse mettait le pied sur la ligne latérale et le ballon revenait à SFX et à l’inévitable Fred-la-main-froide qui scorait sur une magnifique pénétration: 46-39 à la trente-sixième. Au sortir d’un nouveau temps-mort, Agapit servait Nyssen sous l’anneau. L’intérieur pépin était arrêté fautivement par deux Collégiens et héritait de deux lancers. Il ne tremblait pas, tout comme ensuite, dans le corner, après une belle circulation du ballon, et ramenait ses troupes à 46-43. Christophe Grégoire était obligé de prendre temps-mort.
Pour les deux dernières minutes, chaque entraineur avait désigné ses gladiateurs. Tsasa, Delsaute, Perin, Marechal et Hertay pour les locaux; Maucourant, Francot, Agapit, Chikaoui et Nyssen pour Pepinster. Marechal coupait dans la raquette adverse et recevait le ballon. Le jeune Collégien manquait de perdre le cuir, mais se reprenait et provoquait une faute pépine pour se rendre sur la ligne de réparation sur laquelle il se montrait serein. De l’autre côté du terrain, Nyssen loupait son tir à distance mais Agapit chopait le rebond offensif, servait Nyssen qui coupait. Le talentueux intérieur passait la balle à Chikhaoui qui ne la captait pas. Rentrée pour SFX. Delsaute partait au drive et finissait fort. La messe était dite, la pression tout terrain des visiteurs et le jusqu’au-boutisme de Maucourant n’y changeaient rien. SFX s’imposait 52-43 dans une ambiance électrique. La nuit promettait d’être longue dans la petite salle du Collège qui aura vibré intensément durant ces presque deux heures de match.