Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Il est cette fois question du Standard de Liège et de sa riche histoire, truffée d’anecdotes pittoresques.
A en juger par les nombreuses réactions recueillies la saison passée, les indiscrétions concernant les coulisses du Standard n’ont pas laissé grand monde indifférent. Comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, en voici donc une nouvelle livraison. Où vous apprendrez que Gilbert Bodart ne roule pas toujours des mécaniques, qu’Eric Gerets peut fréquenter l’Opéra et que Régis Genaux possédait une face aussi cachée que sucrée…
Milieu des années ’90, le Standard part en stage de préparation en Tunisie. Cap donc sur Sousse dans un avion où nous disposons de pas mal de places. Le vol se déroule sans problème et Gilbert Bodart dort comme un bébé sur les sièges d’à côté. C’est alors que le commandant de bord annonce le processus d’atterrissage. Réveil immédiat du gardien des « Rouches » qui s’empresse de me rejoindre. Il ne m’a pas encore parlé depuis Zaventem, mais se mue soudain en un véritable moulin à paroles. Je ne parviens pas à en placer une jusqu’à l’immobilisation de l’appareil. Et de m’avouer, en attendant nos bagages, qu’il a une frousse bleue des atterrissages et que l’unique moyen qu’il a trouvé pour surmonter sa peur et de s’adresser à son plus proche voisin de voyage…
Printemps ’97, le Lierse d’Eric Gerets décroche le titre à Sclessin. Fameux pied de nez, s’il en est. Je suis présent, pour la DH, dans les vestiaires anversois et leur entraîneur de me glisser en douce une bouteille de champagne. Clin d’œil à l’appui. Septembre de la même année, le bourgmestre de Liège donne son traditionnel discours à l’occasion des Fêtes de Wallonie. Et ce, à l’Opéra devant un parterre d’invités triés sur le volet. Dont Eric Gerets qui n’est pas vraiment en pays de connaissances et vient me retrouver spontanément. Nous prenons place et, quand Jean-Maurice Dehousse termine son exposé, la salle se lève d’un seul homme à l’entame de « Valeureux Liégeois ». A une exception près : le « Lion de Rekem » qui, bien calé dans son fauteuil, m’interroge effaré avec son inimitable accent limbourgeois : « C’est quoi ça ? ».
Du temps de Robert Waseige et de Léon Semmeling, les Liégeois avaient systématiquement congé le vendredi après-midi. A cette époque, j’habitais notamment rue Pont d’Avroy et il m’arrivait régulièrement d’aller faire une course dans une grande pâtisserie située juste à côté du Churchill. J’y pénètre et, pendant que je fais la file, je jette un coup d’œil au salon de consommation. A ma grande surprise, j’y aperçois un solide gaillard s’enfonçant de plus en plus dans sa chaise tout en tentant de se cacher derrière la carte. Je le reconnais mais ne pipe mot. Deux semaines plus tard, rebelote avec un Régis Genaux confortablement installé devant deux succulents gâteaux. Et de m’adresser le genre de sourire entendu dont il avait le secret. J’avoue que ça faisait quand même bizarre de retrouver la « terreur défensive de Sclessin » en training au milieu de ces adorables petites vieilles tirées à quatre épingles…
Michel CHRISTIANE