Les Carnets du basketteur, saison 5 !
Chaque fois que j’évoque cette singularité, elle étonne mes interlocuteurs. J’en ai encore eu la preuve, le week-end passé, avec pourtant des mordus de la « petite balle jaune ». Il est vrai que cette particularité autant géologique que géographique peut paraître complètement inimaginable, mais elle est cependant d’une réelle authenticité.
Je monte donc au filet : savez-vous qui a fourni pendant plusieurs années la brique pilée du Central et, bien entendu, des autres terrains de Roland Garros ? Tout simplement, la carrière Moinet située à… Remouchamps. Il faut savoir que la superficie allant de cette entité d’Aywaille à Deigné, le long de la Semme, est constituée de schiste ferreux. Du coup, Camille, dit Bill, Moinet s’est positionné dans l’extraction et l’exploitation du grès rouge. Une spécialité qui, par je ne sais quel hasard ?, revint aux oreilles des responsables de la Porte d’Auteuil. Ceux-ci s’empressèrent dès lors de passer commande au Remoucastrien. Et ce, jusqu’à la fin des années ’90. A l’époque, j’avais réalisé un reportage à ce propos pour la DH. Le propriétaire des lieux – qui était tout sauf un grand tribun – m’avait néanmoins confié : « A l’approche du tournoi de tennis, c’est plusieurs poids lourds qui partent d’ici pendant plusieurs jours. Mais, j’en livre aussi tout au long de l’année. » Dans son « Best Hof », mon ami Jean-Claude Hoferlin y consacre un chapitre. Extraits : « Roland-Garros, croyez-moi, ce n’est pas ce que vous pensez. Les filets et les terrains ont exactement la même dimension que chez nous. Presque personne ne sait que la brique pilée du célèbre central provient de la carrière de grès rouge de Camille Moinet… Dans la tribune des invités, le capitaine des juniors francophones est coiffé d’un chapeau de paille afin que les caméras ne dévoilent pas sa calvitie naissante. Je sais qu’il est originaire d’Aywaille, mais son nom m’échappe pour l’instant. » Clin d’œil à Julien, son fils trop tôt disparu.
Ceci dit, la petite histoire réserve souvent d’étranges coïncidences. En voici une énième illustration : on le sait, Ysaline Bonaventure s’est illustrée dans la capitale française. Vincent, son paternel et ancien joueur de Stavelot, Pepinster, Spa, etc…, n’était évidemment pas le dernier à aller l’encourager (photo). Pour préparer au mieux son rendez-vous avec la terre battue parisienne, cette inconditionnelle du Laetare s’est régulièrement entraînée avec Steve Darcis sur les courts du TC Aywaille. Soit, à un (puissant) smash de la… carrière Moinet. Ca ne s’invente pas !
Michel Christiane
Crédit photo : Ville de Paris et DR