Les Carnets du basketteur, saison 5 !
Chose promise, chose due : je reviens ce week-end sur les tribulations d’Alfonso McKinnie (29 a, 2,03 m) chez nos voisins grand-ducaux. Pour faire court, après son passage au sein d’une plus modeste ligue continentale, il allait défendre les intérêts de Raptors, des Cavaliers, des Warriors, des Lakers et des Bulls.
Christophe Ney, son coach de l’époque à Berbourg, cerne les raisons de son arrivée sur les bords de la Moselle : « Il avait brillé en NCAA, mais avait été aussi victime d’une blessure au ménisque entraînant deux opérations dont il avait du mal à se remettre. Bref, personne ne voulait de lui en Europe. Il se fait qu’avec les East Pirates, nous venions de monter en D2 et un agent nous l’a proposé. Presque en désespoir de cause. Nous avons néanmoins pris le risque de le recruter et nous n’avons pas eu à le regretter. Loin de là, d’ailleurs. Surtout au vu des conditions dans lesquelles, il évoluait chez nous… »
Et de s’en expliciter : « Afin de réaliser un maximum d’économies, il logeait dans un petit appartement en Allemagne où le prix de loyers sont nettement plus avantageux qu’ici. Bref, il doit être l’unique basketteur pro transfrontalier de l’histoire… Pour l’occuper, nous avions trouvé un accord avec les « Gladiators » de Trêves (D1 allemande) pour qu’il puisse s’y entraîner en matinée. Il eut plusieurs « panne d’oreiller » et les Allemands préférèrent stopper la collaboration. Pour qu’il puisse se déplacer, nous lui avions cédé une vielle Audi d’occasion avec laquelle, il dut s’habituer à la conduite manuelle. » Ce qui n’alla pas, semble-t-il, sans problème d’adaptation…
Sur le plan sportif, ce n’était guère plus glorieux : « Il gagnait une misère, évoluait devant une vingtaine de spectateurs en moyenne et nous accumulions revers sur défaites. Et ce, malgré toute sa bonne volonté. Il en aurait eu marre et aurait regagné les States, vite fait, bien fait, je l’aurais parfaitement compris. Mais, il a tenu à remplir son contrat jusqu’au bout. » Pourtant, il n’était au bout de ses (mauvaises) surprises : « Lorsqu’il a compris que nous allions redescendre au plus bas niveau luxembourgeois, il alla proposer ses services à Dudelange, champion national à de multiples reprises. Lui qui s’apprêtait à briller en NBA fut cependant obligé d’y passer un test de plus d’une heure au terme duquel, le coach du T71 ne le jugea pas assez fort pour le Luxembourg estimant principalement ses tirs à trois points par trop irréguliers. » Cet inestimable expert en la matière ( ?) est l’Allemand, Phil Dejworek, actuellement en poste à l’Avanti Mondorf (D2). Quant à McKinnie, il s’est fait viré par les Bulls en février dernier et est toujours sans club. M’étonnerait quand même fort qu’il revienne jouer au Grand-Duché…
Michel Christiane
Crédit photo : East Pirates Berburg