Les Carnets du basketteur
En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …
Il y a quelques semaines, j’évoquais le déplacement quasi « hollywoodien » de Braine en Sicile. Cette fois-ci, place à d’autres présentations certes moins exaltantes, mais tout aussi croustillantes…
Début des années 80 par une belle soirée de fin d’été au magnifique Manoir des Lébioles, sur les hauteurs spadoises. C’est dans ce cadre verdoyant et majestueux que Christian Binet, président du BC Verviers (D1), a confié ses invités afin de mieux faire connaissance avec sa nouvelle équipe. Particularité : le club est issu du Collège St-François Xavier et possède toujours des ramifications avec l’évêché. Autrement dit, le vicaire général s’assied à la table d’honneur juste à côté de Mme Binet ne détestant pas arborer une poitrine particulièrement rebondie. Lors du repas, je crois que le représentant ecclésiastique a plus plongé dans le généreux décolleté de sa voisine que dans son assiette. Bref, le brave homme d’église ne savait plus à quels « seins » se vouer…
Je vous parlais de Sicile et je me rends compte qu’une année, Ostende a fait plus fort encore. C’est l’époque où les Côtiers sont sponsorisés par Sunair qui vient d’ouvrir un club de vacances à Eilat, en Israël. Et c’est là-bas que la presse a été conviée quelques jours pour découvrir le futur roster flandrien. A ce moment, je couvre le basket national pour La Libre Belgique où je prends connaissance de ce mini-trip, peu après, sous la plume d’un journaliste de la rédaction bruxelloise… n’y connaissant rien en sports. Encore moins en basket. Coup de fil au chargé de presse ostendais pour lui faire part de mon étonnement. Sa réponse me laisse pantois : « Monsieur Christiane, comme nous ignorions votre adresse personnelle, nous avons envoyé l’invitation au journal et c’est un de vos confrères qui s’est présenté affirmant qu’il vous remplaçait. » Quand il y a de la gêne… Mais, fallait-il pour la cause ériger un Mur des Lamentations à Jevoumont ?
Pour lancer sa première saison au sein de l’élite, Pepinster met les petits plats dans les grands, en août 85, au « Trôs Marets », près de Malmedy. Certains intervenants s’accrochent à leur discours tels des naufragés à leur bouée. C’est alors qu’un jeune homme politique de la région prend la parole. Sans papier, mais avec une impressionnante maitrise oratoire. Le public est déjà sous le charme quand il poursuit son exposé en néerlandais, en anglais et en allemand. Dès cet instant, j’ai compris que Melchior Wathelet (père) s’apprêtait à connaitre une carrière hors norme.
Nous sommes exactement le vendredi 22 avril 2005. Soit, entre la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Rusé, Michel Daerden profite de la présence de la presse sportive internationale pour dévoiler les plans de rénovation du Country Hall, cher – au propre comme au figuré – à Liège Basket. On est ainsi réuni au tout récent espace Horeca à l’aéroport de Bierset. Déjà assez imbibé, « Papa » monte à la tribune et tient des propos quasi inaudibles. Je suis à table avec une des « plumes » de L’Equipe qui m’interroge, éberlué : « Quel est ce guignol ? ». Quand je l’informe qu’il s’agit du ministre du budget et des sports, il me demande de répéter. Il ignore cependant que l’Ansois est capable de « mieux » encore : « Juste avant de m’adresser à vous, mon ami Joly (ndlr : Jean Joly, le regretté président de Liège) m’a certifié que, si nous voulions accueillir des compétitions internationales, nous devrions également disposer d’une salle d’entraînement distincte. A la grosse louche, il y en aurait quand même pour 4 millions d’euros supplémentaires. » Après une (courte) réflexion et devant un parterre d’invités aussi amusés que médusés, il conclut en wallon : « Allè, ki vasse ! » Pour les non-initiés : « Allez, ça ira ! » Sûr que mon collègue parisien n’en est toujours pas revenu.
Michel CRHISTIANE