Les Carnets du basketteurs, saison 4 ! Une chronique dédiée à Tongres, la plus liégeoise des villes flamandes et vraie cité de basket-ball dans laquelle de nombreux Principautaires ont brillé et brillent encore.
Comme vous allez-vous en rendre compte, la présence des Matray, Walravens et autres Hertay à Tongres ne fait que perpétuer une longue et sympathique tradition. Il est vrai que la cité limbourgeoise se situe à moins de 20 bornes de la place St-Lambert et que les habitants du cru ne sont pas peu fiers d’affirmer qu’ils sont d’authentiques Principautaires. Place à une chronique plus « impressionniste » qu’historique…
L’air de rien le BK local va allègrement sur ses 80 ans d’existence puisque ce sera pour 2023. Au départ, deux clubs se vouaient une homérique rivalité : l’Ambiorix et les Eburons. Si le premier d’entre eux évoluait sur le terrain extérieur à l’arrière du Casino, l’autre trouvait refuge derrière la Maison du Peuple. Willy, un inconditionnel du cru, explique la suite des évènements : « En 1965, la commune a accepté que les deux cercles jouent à l’intérieur du « Varkensmarkt », le marché aux bestiaux (photo). Dès le vendredi soir, il fallait tout nettoyer avant de mettre en place terrain et gradins. Outre une odeur nauséabonde et des conditions de jeu assez rustiques, il y faisait un froid canard. Il n’était d’ailleurs pas rare que l’on doive jeter du sel pour faire
dégeler les flaques d’eau. » Un de ses copains en remet une couche (de crasse) : « Dès le match terminé, on se ruait à la buvette avec les mains noires comme du charbon… mais on n’avait pas encore inventé les allergies à cette époque-là. »
En 78, les Tongrois décrochent la montée en D2 après un test-match contre des Hannutois, eux aussi, réputés pour leur… inimitable marché couvert. Au printemps 80, ces mêmes Limbourgeois, emmenés par Paul Vervaeck (coach de Malines), s’ouvrent les portes de l’élite. Ils ne lésinent pas sur les moyens au moment de choisir leur duo US. A savoir, deux anciens sociétaires de NBA : Mike « Rambo » Odems (passé ensuite au Royal Anderlecht, D1) et Gill McGregor devenu le speaker officiel des Hornets. Un personnage hors norme qui, en fin de carrière, compilait une « Sélection McGregor » écumant les tournois régionaux (grande habituée de la Pentecôte à Esneux) afin de placer l’un ou l’autre de « ses » Américains dans des équipes du coin.
Moins amusant, Runxter rachète le matricule tongrois – descendu d’un échelon – suite à une faillite. Il s’ensuit une série de fusions. On a ainsi droit au DOSS avant d’aboutir au BasKet Tongeren actuel. Autre fait marquant : en août 2008, l’équipe séniore (R2) est confrontée au décès inopiné du Liégeois, Guy-Alain Kamga (33 ans). Dans la foulée, le club lance une vaste collecte – on dirait un crowdfunding aujourd’hui – en vue de rapatrier sa dépouille au Cameroun. Il avait pour équipiers Jeroen Eskens (ex-Liège Basket), Olivier Battocchio (désormais T2) et un certain Geert Jacobs, l’étoile montante de notre arbitrage. Tout ce petit monde était drivé par Frans De Boeck, figure emblématique d’Ostende résidant à Juprelle.
Preuve irréfutable qu’il existe une « culture basket » à l’ombre d’Ambiorix, ces passionnés ne peuvent nier leurs origines tongroises : Tony Souveryns (ex-coach national), la dynastie Notelaers, Robert Box (ancien secrétaire général d’une fédé encore unitaire), mon copain Massot (père du tandem Sacha-Dimitri) et, bien entendu, Gilbert Vroonen, le moteur du Standard Boule d’Or. Quand j’étais joueur, on savait qu’on allait souffrir à l’infâme « Varkensmarkt », mais on savait, aussi, qu’après la rencontre, nous attendait un succulent « moules-frites », grande spécialité du cru. Après l’effort, le…
Michel CHRISTIANE
Crédit photo : BK Tongeren