Le petit pont de bois slovaque

Les Carnets du basketteur, saison 4 ! Cette fois, place à un périple en Slovaquie.

Aujourd’hui, place à un déplacement que j’avais effectué avec l’équipe nationale masculine pour le compte de la DH et de La Libre. Nous sommes le mardi 16 novembre 1993 et nous atterrissons à Vienne, en fin de journée. Il faut savoir que les Belges s’en vont affronter la Slovaquie qui, pour l’occasion, dispute le deuxième match officiel de son existence. Donc, juste après son « divorce à l’amiable » avec la Tchéquie.

On attrape au vol – c’est le cas de l’écrire – d’énormes pizzas dans le hall de l’aéroport avant d’embarquer dans un car d’un autre âge.On transite donc par Bratislava qui n’est jamais qu’à une trentaine de kilomètres de la capitale autrichienne. Mais, c’est loin d’être notre destination finale puisque nous prenons la direction des environs de Prievidza (centre du pays, 50.000 âmes) pour un périple de près de 300 bornes. C’est à ce moment qu’il se met à neiger de plus en plus abondamment. Bref, la quasi-totalité du trajet se déroule en pleine tempête de poudreuse et s’éternisera cinq bonnes heures sur des routes aux allures de patinoires. Ceci dit, nous ne sommes pas au bout de nos peines. En vue (enfin) du but, nous nous trouvons face à un minuscule pont ne disant rien qui vaille. D’évidence, le chauffeur hésite à s’y engager avant de s’y risquer sur la pointe des pneus. Manifestement, cet « ouvrage d’art » est en bois car ça craque de partout. Un boucan inquiétant qui contraste avec le silence de cathédrale s’étant subitement installé dans le véhicule… qui finit par rejoindre l’autre rive. Ouf !

On débarque donc à l’hôtel aux environs de trois heures du matin. Il gèle à pierre fendre et je partage la chambre avec Pablo Debatty de La Meuse. Pas de chance, une des fenêtres est cassée et il fait un froid de canard. On bouche tant bien que mal le trou avec un carton de fortune. Dès le petit-déjeuner du lendemain, on le signale aux « aubergistes » qui nous promettent de faire le nécessaire sans tarder. Trois jours et, surtout, trois nuits plus tard, le carton était toujours en place… Il faut savoir que cet établissement se situait à Bojnice et appartenait à Stanislav Kropilàk (photo), star du basket slovaque ayant évolué à Fleurus, Monceau, Namur et Gilly. Pendant l’ensemble de notre séjour, aucun membre du personnel ne nous adressera la parole en français. Quand arrive le moment de régler la note d’hôtel. La réceptionniste est une vraie bombe portant une mini-jupe ayant dû être une ceinture dans une vie antérieure. Certain qu’elle ne nous comprendra pas, Pablo m’affirme dès lors haut et fort : « Elle n’est pas très sympa, mais qu’est-ce qu’elle a de belles jambes ». Et notre interlocutrice de lui répondre dans un français parfait : « Je vous remercie beaucoup Monsieur ». Mon copain est sur le cul ! Explication : elle a fait son école d’hôtellerie à… Paris.

Sachez encore qu’à Prievidza, nos compatriotes (Cornia, Marion, Cleymans, Goethals, Samaey, Weatherspoon, etc…) coachés par le duo Souveryns-Marnegrave s’inclinaient sur la marque de 73 à 71 après avoir mené 34-41, au repos. Quant au pauvre autocariste, il devait se taper, dans la foulée, le voyage-retour à Vienne en… repassant le petit pont de bois.

Michel CHRISTIANE

Crédit photo : Comité Olympique Slovaque