Zana-Niksa, duo de choix !

Les Carnets du basketteur, saison 3! Pour une fois, le « Carnet » vous transportera au-delà des frontières principautaires. Mais, comme vous allez pouvoir le constater le voyage en vaut la peine…

Nous sommes revenus assez récemment et à deux reprises sur le séjour transalpin de Niksa Bavcevic. Dans cette splendide région vaudoise, l’ancien « gourou du Paire » fréquente quotidiennement Nathan Zana (photo), un président de Vevey Riviera qui ne laisse pas indifférent… lui non plus. Le garçon est né, voici 43 ans, à Beer-Sheva, en Israël. Dès son plus jeune âge, il allait se montrer hyper actif tant sur le plan professionnel que sportif. Accrochez-vous : dans un premier temps, il se perfectionnait au sein des centres de formation du Maccabi Tel-Aviv (2600 affiliés) et d’Antibes tout en y effectuant quelques apparitions en Pro A : « Ce qui m’a permis de jouer contre les Laurent Sciarra, Yann Bonato et autre Tony Parker », cite-t-il les yeux dans les étoiles.

Après divers petits boulots, il montait sur les planches, via un one-man-show intitulé « L’homme moderne » qu’il présentait notamment à la Comédie St-Michel, à Paris. On était au début des années 2000 et il n’allait pas tarder à découvrir les charmes – sonnants et trébuchants – de la Confédération Helvétique. Flairant le bon filon, il y devenait agent immobilier. A succès. Il n’oubliait toutefois pas ses premières amours et était nommé assistant-coach de Monthey sous les ordres de… Niksa Bavcevic. Evidemment. Un duo de choc que l’on retrouve donc une poignée de saisons plus tard à Vevey.

Pour mieux cerner le personnage, voici un florilège de formules dont il a le secret : « Quand j’ai repris le club, il était en faillite et l’on m’a traité d’illuminé. Ma première décision a été de faire venir Niksa. » « Je m’engueule dix fois par jour avec lui, mais je l’adore. » « Vous connaissez un mec de plus de 60 ans aussi passionné que lui ? Ca n’existe pas et le manque d’implication de la plupart de jeunes actuels le rend fou. A juste titre. J’ajoute qu’il s’est quand même assagi (rires). » « Avec lui, j’ai deux priorités : devenir champion dans les trois ans et créer le plus important centre de formation du pays. » « Le basket suisse souffre d’une carence de gros sponsors. Sans eux, impossible de progresser. » « Au plus haut niveau, il nous faut des clubs 100 % pro. Je ne crois absolument pas au semi-professionnalisme. » « Incroyable, voire scandaleux : la Suisse est un des pays les plus riches au monde et la plupart des salles n’ont pas de parquet. » « Quant à nos installations d’entraînement, leurs murs déterminent souvent les lignes du terrain. » « En plus d’être président de Vevey, je coache aussi à Blonay (3e niveau). J’y ai été suspendu un mois entier pour avoir affirmé à l’arbitre qu’il aurait mieux fait de s’exclure lui-même. » « Cette saison, on a évolué en moyenne devant 400 spectateurs : un exploit car la fédé nous a fait jouer le mercredi soir ou le dimanche après-midi. » « Notre budget était de 400.000 FS (375.000 €) mais, vu l’actualité, il sera raboté de 25 %. Pour le boucler, il ne faut surtout pas compter sur les « rentrées spectateurs ». Sinon, on va droit dans le mur. » « En D1, de rares étrangers touchent jusqu’à 8000 FS (7.500 €) par mois. En revanche, la majorité des éléments autochtones perçoit 750 FS (700 €) : c’est de l’esclavagisme ! » « A part le foot et le hockey sur glace, nos politiciens se foutent carrément des autres sports. Nous devrions organiser une grande marche sur le Palais Confédéral pour leur prouver que le basket existe aussi. »

Le pire, c’est qu’il en est bien capable…

Michel CHRISTIANE

Crédit photo: Canal 9