Depuis sa résidence bruxelloise, Serge Crevecoeur revient sur la saison particulière qu’il vient de vivre entre le Brussels et Gravelines et évoque son avenir ainsi que celui du basket belge.
C’est depuis Bruxelles où il avait pu rentrer dès le 14 mars que Serge Crevecoeur vit le confinement. « Cela se passe très bien. Nous avons un jardin et je me suis renconverti en entraineur de football pour mon fils de huit ans et de hockey pour ma fille de dix ans » rigole-t-il.
Cette saison restera marquée d’une pierre blanche pour tous les sportifs et sans doute encore davantage pour l’entraineur bruxellois. « Ce fut en effet une saison spéciale » nous confirme Serge. « Elle fut difficile au Brussels. C’était un peu inattendu après notre excellente préparation.«
D’abord sollicité par Le Portel, celui qui avait découvert la Jeep Elite avec Pau-Orthez s’engagera finalement avec Gravelines pour une mission sauvetage. « C’était un peu frustrant de partir alors que je sentais que nous remontions la pente avec le Brussels, que nous commencions à vraiment mieux jouer » continue-t-il. Avec les Nordistes, Serge n’aura l’occasion de disputer que deux rencontres avant que le Covid-19 ne provoque l’interruption puis la fin du championnat. « Nous avions remporté notre premier match et avions ensuite livré une bonne première mi-temps contre Paris-Levallois – alors quatrième au général – avant de nous écrouler en seconde période par manque de rotations » rappelle-t-il. « Egoïstement, j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec les joueurs, le staff, le club. Et je suis persuadé que nous aurions décroché le maintien sur le terrain«
De quoi donner envie au coach bruxellois de prolonger l’aventure avec le BCM. « C’est mon souhait le plus cher » nous précise-t-il. « J’y ai travaillé du mieux que je pouvais pendant les six ou sept semaines que j’y ai passé. J’avais la crainte que ce laps de temps soit trop court pour convaincre les dirigeants mais ceux-ci semblent avoir apprécié mon travail. Nous sommes en discussion mais rien n’a encore été tranché et la situation est compliquée (ndlr: le coach précédent est toujours sous contrat avec le club nordiste). J’espère un dénouement dans le courant du mois de juin mais je demeure prudent. »
Obsédé par la notion de progression
C’est aussi une fameuse page que Serge a tournée en quittant le Brussels pour Gravelines en cours de saison. « Nous sommes partis de rien pour disputer deux demi-finales de Coupe et une finale de Playoffs sans y être ridicules et décrocher trois qualifications européennes en cinq ans. Ce n’est pas anodin » souligne ce Bruxellois pur souche. « Néanmoins, je suis obsédé par la notion de progression. Cette question me taraude toujours: comment faire mieux? Et dans les conditions actuelles, je ne voyais pas comment cela aurait été possible de ne pas régresser.«
Au cœur de la réflexion du mentor bruxellois, la question de la salle de Neder-Over-Hembeek. « Ce n’est pas une salle pour le haut niveau, c’est une salle multisports. Dans ces conditions, nous ne touchions pas seulement nos limites structurelles, nous étions la tête dans le mur » déplore Serge. « Il faut toutefois reconnaitre le super apport de l’Echevin des Sports impulsif, dynamique et qui était à fond derrière nous et ce projet. Mais qui ne peut pas décider de tout tout seul. »
Vital pour la survie du basket pro en Belgique
Si le projet d’une nouvelle salle n’est pas aux oubliettes, les contours en demeurent incertains. Mais Serge ne veut pas abandonner l’idée. « Cela a toujours été « une initiative privée Serge Crevecoeur » pour y faire évoluer le Brussels et peut-être devenir gestionnaire de cette infrastructure » nous explique-t-il. « La crise que nous traversons rebat quelque peu les cartes et ce n’est pas le moment opportun d’aller frapper à la porte du gouvernement. »
Autre projet sur la table, celui d’une BeNeLeague. Une évolution jugée « absolument nécessaire » par l’assistant-coach des Belgian Lions qui avait participé à une première réunion positive à ce sujet. « Il est impératif que les dirigeants des clubs comprennent que c’est fondamental pour la survie du basket pro de tendre vers cette BeNeLeague. Il faut réfléchir au modèle et à la formule mais c’est vital pour notre basket. Cela permettrait d’unir nos efforts, de doubler notre marché et notre pouvoir économique » affirme Serge avant de conclure: « La saison prochaine sera une saison post-corona où chacun fera ce qu’il pourra mais la compétition 2021-2022 doit être cette BeNeLeague. »
Crédit photo: BCM Gravelines-Dunkerke