A Hartford Univeristy, Romain Boxus a eu la chance de pouvoir travailler avec celui que Kobe Bryant himself considérait comme le plus dur défenseur à qui il a eu affaire au cours de sa carrière: John Linehan.
« J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de sessions individuelles avec de bons coachs comme John Linehan – surnommé « Le virus » en France – pour développer ma technique » nous confiait Romain Boxus début avril. « Il nous en faisait voir à l’entrainement. Il possède toujours le record de steals en NCAA. »
John Linehan a effectué la majeure partie de sa carrière en ProA, au Paris Basket Racing avant de passer par Stasbrourg, Nancy, Cholet et de revenir au SLUC pour boucler la boucle. Auteur de quelques brillantes saisons – notamment une saison à plus de quinze points par match et d’autres à plus de dix points – et détenteur un moment du record d’assists en Euroleague avec quinze caviars, c’est en défense que le double champion de France s’est particulièrement illustré. Un secteur dans lequel « Le Virus » brille depuis toujours.
« Dans ma ville, à Chester en Pennsylvanie, on est connu pour jouer vraiment dur en défense. Je crois que ma mentalité vient de là, alors que j’étais encore jeune. Le fait d’être petit aussi, j’ai toujours fait partie des joueurs les moins grands de ma catégorie, je me devais de faire quelque chose de différent des autres. J’étais très rapide par contre. On ne veut jamais se retrouver dans l’embarras sur un un terrain de basket et en ce qui me concerne, j’ai toujours eu cette volonté d’éteindre mon adversaire direct en l’empêchant de marquer. J’ai donc eu cette mentalité très tôt. Lorsque j’ai grandi et que j’ai commencé à jouer en AAU (Amateur Athletic Union, réservé aux joueurs âgés de 7 à 18 ans) avec Kobe Bryant et Richard Hamilton, j’ai compris qu’il n’y avait pas assez de ballons pour chacun d’entre nous sur un terrain de basket. Donc le seul moyen pour moi de me démarquer, c’était de me montrer sur l’aspect défensif. C’est parti de là, j’ai ensuite appris à être une vraie peste pour les adversaires, essayer d’arracher des ballons, casser la dynamique » explique ainsi « Le Virus » sur le site de la LNB. «
Une phrase qui m’a suivie toute ma carrière
En effet, alors encore adolescent, Linehan s’était déjà forgé une solide réputation de docteur ès défense. Au point d’être considéré par Kobe Bryant himself comme l’adversaire le plus coriace à avoir défendu sur lui. « Ça va peut-être vous faire rire, mais c’est un gars qui s’appelle John Linehan » avait répondu le « Black Mamba » au journaliste Lars Anderson lorsque celui-ci lui avait demandé qui était le défenseur le plus dur qu’il ait jamais affronté. Un éloge qui avait rendu fier l’ancien meneur de la SIG. « Je n’arrivais pas à y croire, ça m’a fait me sentir tellement bien. Que quelqu’un d’aussi bon que lui et au niveau auquel il évoluait à cette époque dise ça de toi, je peux vous dire que ça vous fait vous sentir plutôt bien. C’est une phrase qui m’a suivie toute ma carrière et ça m’a beaucoup aidé » avait-il réagi.
Linehan et Kobe se sont rencontrés plusieurs fois en étant plus jeunes et furent même coéquipiers sur le circuit AAU. En dernière année de High School, Chester – où évoluait Linehan – et Lower Marion – où brillait la future légende des Lakers – se sont affrontés. Et l’actuel assistant-coach de Hartford University a mené la vie dure au quintuple champion NBA. « Les équipes de nos lycées respectifs se sont affrontées à de nombreuses reprises. On jouait également contre et ensemble durant l’été, dans différentes ligues. Chacun de ces matchs était mémorable et c’est même lui qui a mis fin à ma carrière à Chester. On a perdu en prolongation le match qui nous permettait d’accéder au plateau final de l’État de Pennsylvanie. Et si je me souviens bien, il avait fini avec 39 points, 27 depuis la ligne de lancer-francs ! Je n’en ai jamais vu un autre comme lui. Il nous a laissés à tous un paquet de souvenirs mémorables » se souvient le distributeur de poche.
Une rencontre remportée 77-69 en overtime par Kobe – auteur d’un énorme dunk pour sceller la victoire de son lycée – et ses coéquipiers mais qui aurait pu bouleverser l’avenir du mythique numéro 24. « C’est ce match qui a fait penser à tout le monde que Kobe Bryant n’était pas encore prêt pour être un joueur NBA.Tout le monde disait qu’il n’arrivait pas à passer le milieu de terrain avec le ballon en main contre Chester » raconte l’ancien assistant-coach de Lower Marion. « Et je me rappelle leur dire à tous : Vous ne comprenez pas, John Linehan est plus rapide que n’importe quel meneur NBA!«
Finalement, Kobe confirmera son énorme potentiel au plus haut niveau tandis que Linehan continuera d’être un défenseur d’élite avant de pousser Romain Boxus et ses coéquipiers à progresser grâce à d’excellentes sessions individuelles.
L’ancien leader du Paris Basket Racing n’hésite d’ailleurs pas à partager ses « trucs » pour performer en défense. « J’ai appris de la nécessité d’être aussi près que possible de la personne sur qui je défends, bien sûr, sans faire de faute. Personne n’aime avoir quelqu’un comme ça sur le dos. Mais le truc le plus important que j’ai appris, c’est de jouer avec les angles et comment pousser mon joueur à changer de direction. Je ne peux pas courir tout droit à côté de lui, je dois lui couper la route autant de fois que possible. C’est le seul moyen, d’une, d’arrêter son dribble, et, de deux, de maîtriser sa vitesse. Dès qu’il change de direction, le ballon est exposé et si je suis bien placé, ça fait autant d’opportunités pour moi de lui prendre. L’idée aussi, c’est d’utiliser les limites du terrain, les corners, pour mettre la pression et le piéger, presque à moi tout seul. Ça peut t’aider à mieux maîtriser un joueur. Ce sont des choses qui s’apprennent, comment rester proche d’un gars, travailler ses angles et savoir quand c’est le bon moment pour se jeter sur le ballon » explique-t-il au site de la LNB. « Il faut avoir l’état d’esprit nécessaire, le mental d’un guerrier. Si tu m’as vu jouer, tu as vu que je m’étais cassé le nez trois fois, j’ai perdu des dents, je me suis cassé des os, les poignets. C’est comme ça. Il faut être un guerrier, avoir la volonté de stopper le gars en face de toi, par tous les moyens possibles. L’idée que ton adversaire marque un panier doit t’être insupportable. Il n’est plus question de l’équipe, ça devient un combat personnel. L’équipe a pour objectif de gagner en essayant de contenir l’adversaire à un certain nombre de points marqués, mais personnellement, je ne veux pas que mon adversaire score, pas une seule fois. » Et nombreux furent ceux qui ont souffert face au meneur américain…