Pire qu’un chef, un « p’tit » chef !

Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Cette fois, notre sémillant chroniqueur évoque le fair-play au travers de diverses péripéties vécues ou observées.

J’ai l’honneur et, surtout, le plaisir de faire partie depuis belle lurette maintenant du jury des prix sportifs de la Province de Liège. Et chaque année vers la fin août, début septembre, nous sommes plongés devant le même dilemme. Il faut savoir qu’une des catégories récompense le plus beau geste fair-play de l’année dont l’auteur est une personne ou un club issu de la Principauté. Et il arrive souvent que nous devions nous creuser les méninges au vu de candidatures aussi rares qu’un cycliste respectant encore un feu rouge ou un sens interdit.

Mais parfois, aussi, on découvre de véritables pépites en ce domaine. Pour preuve, j’ai proposé, en 2013, Ludwig Lefèvre qui, lors d’un jogging réputé à Heusy, était à la 2e place de la course et s’est subitement rendu compte que le leader – le Remicourtois Arnaud Renard – se trompait complètement de chemin. Au lieu de profiter d’une situation lui offrant la victoire sur un plateau, l’Ardennais s’égosilla pour rappeler le Hesbignon qui le précédait et pour le remettre dans la bonne direction. Tout en respectant l’écart les séparant à ce moment. Une action qui n’est pas passée inaperçue car, non content d’être distingué par la Province, le Malmédien d’adoption obtint peu après le prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pas mal non plus l’initiative prise, en 2007, par Pierre Richard, le président du club de football de Ferrières. A la rentrée aux vestiaires, il constate qu’un de ses meilleurs joueurs s’en prend plus que vigoureusement à l’arbitre. Dans la foulée, le boss condruzien n’hésitait pas à exclure son « protégé » jusqu’au terme de la saison. Et ce, dès avant la sentence du conseil de discipline du CP liégeois.

En revanche, il faut bien reconnaitre qu’il existe des rigoristes en l’espèce qui ont l’art de m’énerver au plus haut point. Explication : en basket, il arrive que l’on soit confronté à l’exemple de coaches retirant volontairement un joueur pour que le match se poursuive à quatre contre quatre. En football, on nous a déjà évoqué l’attitude exemplaire d’entraîneurs intimant à leur joueur de tirer à côté du but ou de passer la balle au gardien en cas de « penalty cadeau ». Ces extrémistes rejettent d’un revers péremptoire de la main ces propositions en se basant sur le fait que les auteurs de ces gestes enfreignent en quelque sorte le règlement en vigueur. A se taper la tête contre les murs !

Ces fiers chevaliers du strict respect de la loi ne sont pourtant pas toujours à l’abri de tout reproche. La scène a lieu, en février dernier, à la Fraineuse. Le duel de TDM2 met aux prises Spadois et Comblinois. Sur une phase anodine, un des « refs » accorde la rentrée en faveur des riverains de l’Ourthe alors que tout le monde – sauf lui – a vu la balle sortir pour les Bobelins. Aussitôt, le joueur visiteur – François Lodomez (photo), si je me souviens bien – indique au directeur de jeu que c’est lui qui a touché le ballon en dernier. Le public applaudit sa sportivité mais, à l’étonnement général, l’homme au sifflet maintient sa décision envers et contre tous rendant le cuir aux ouailles de Mike Bodson. Pire qu’un chef, un « p’tit » chef !

Michel CHRISTIANE