« La P4 n’intéresse personne »

 

Stéfan Lantin est l’homme à tout bien faire de l’Elan Fexhe. Joueur, entraineur, et directeur technique du club hesbignon, celui qui est professeur d’éducation physique et coach sportif dans le civil nous livre ses impressions sur son club, sa saison, la quatrième provinciale, les blessures, le basketball en général et liégeois en particulier. Entretien avec un gars éminemment sympathique.

 

 

Stef, pourquoi avoir décidé de rejoindre Fexhe?

D’une part, j’y suis directeur technique et entraineur et je vis dans la localité, cela faisait sens. D’autre part, le projet proposé est sympa, nous visons la montée et nous souhaitons former des jeunes.

Tes soucis dorsaux ont également joué dans ton choix?

Bien sûr, et même beaucoup à vrai dire. Tant en régionale qu’en P1 avec Waremme et Tilff, je souffrais aux entrainements. J’ai réfléchi à arrêter un an pour ménager mon dos et j’ai finalement pensé qu’en allant en P4, où l’intensité est moindre, cela irait mieux. Mais ce n’est pas le cas.

Pas d’amélioration de ce côté-là?

Non. Avec Luc Stevens, mon médecin sportif, nous avons envisagé plusieurs pistes, dont l’opération. C’est frustrant car je ne peux pas jouer, ou alors à faible intensité. Et j’ai vraiment mal, ce qui affecte un peu le moral, c’est inéluctable.

Du coup, cela complique aussi votre projet d’accéder à l’échelon supérieur?

Un joueur ne fait pas tout. Malgré notre bon début de saison – 7 victoires en onze rencontres- je pense que cela sera difficile. Quatre équipes sont devant nous, dont Alleur qui est invaincu.

Tu joues meneur cette saison, cela change-t-il quelque chose pour toi?

Je suis plutôt polyvalent, je sais garder le ballon. A Waremme, j’ai été premier meneur pendant un an, la saison d’après j’étais derrière Hervé Piedboeuf qui est un super joueur. C’est donc un rôle que je connais. Le souci est que, trop souvent, lorsque je monte le ballon avec Fexhe, il y a un risque que je ne le retrouve pas au cours de l’attaque. Pour l’instant, mon rôle n’est pas top et l’équipe livre d’ailleurs de bons matchs sans moi.

Tu es redescendu en P4, comment juges-tu cette division?

Tout d’abord, au niveau de l’arbitrage, c’est parfois scandaleux. J’en deviens presque hystérique. Mais le niveau général est clairement plus bas. En terme de lecture de jeu, de jeu sans ballon, d’attention aux détails, c’est plus faible que ce à quoi je suis habitué. C’est très lent, le rythme est vraiment très particulier et cela peut être assez déstabilisant. Les contre-attaques notamment sont tout sauf rapides, il m’arrive régulièrement de prendre des shoots presque à l’arrêt. Dans notre série, Alleur est clairement au-dessus du lot. Ensuite, Grivegnée et le 4A Aywaille sont agressifs et intenses dans le bon sens du terme. A Fexhe, nous n’avons pas de vedettes, nous nous reposons sur le collectif mais je pense que chaque joueur n’a pas encore vraiment trouvé son rôle.

Lorsque Stef jouait à Tilff.

Que penses-tu du basket liégeois?

Je trouve qu’il y a une belle évolution, avec du jeu rapide et la volonté de valoriser les jeunes. L’initiative de Talento, par exemple, est super. La P2 et P3 sont particulièrement fournies en jeunes joueurs de talent. En troisième provinciale, ça joue déjà pas mal du tout au basket mais, a contrario, la P4 n’intéresse personne. Il faut vite parvenir à monter. Cette saison, nous avons perdu trois fois contre des zones immondes. Nous n’arrivons pas à servir intérieur, ni à alterner correctement. Les shoots sont pris sans rythme donc la réussite nous boude et nous sommes souvent surpris par la réaction de nos défenseurs.

Tu y trouves ton plaisir?

A l’entrainement, oui. Mais en match, pas tellement.

Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans le basketball?

C’est une bonne question. J’aime le jeu à l’américaine, avec beaucoup de paniers et de l’alternance. J’apprécie le contact physique. J’aime la complémentarité entre l’aspect physique du basketball et un côté plus « artistique ».

Quels sont tes meilleurs souvenirs de basketteurs?

Il y en a vraiment beaucoup. La saison en P2 à Tilff où nous étions presque invaincus. Avec Di Palma, Medhi Ajlani, Patrick Maquinay et les autres, il régnait une super ambiance. On finissait tous nos entrainements du jeudi en ville jusqu’à 6h du matin, c’était dingue.

Et tu étais coaché par un autre Hesbignon, David Beck?

Oui, je l’adore. C’est un super entraineur et ses entrainements sont toujours variés et intéressants. Je suis d’ailleurs très content de la saison que vit Hannut. C’est super pour David.

D’ailleurs, c’est quoi la spécificité du basket en Hesbaye?

Il y a de la qualité, les gros clubs savent produire de bons jeunes. Les petits clubs ont une mentalité plus réservée. A Fexhe, nous jouons dans une petite salle, nous sommes souvent sous-estimés. Mais j’y retrouve une ambiance familiale, un peu comme à Tilff. Et j’adore ça!