Antoine Braibant est le jeune entraineur des filles de Pepinster, promues en D1 à la suite de leur superbe saison dernière. Profitant de son anniversaire, nous avons fait le point avec lui sur son boulot de coach et le début de saison des Pépines.
Joyeux anniversaire Antoine!
Merci beaucoup.
Tu vas faire quelque chose de spécial pour l’occasion?
Pas tellement. Nous jouons ce soir à Namur, je vais en profiter pour offrir un verre à mes filles mais j’ai cours à l’Adeps demain matin à huit heures donc ça ne sera pas la grosse nouba.
Comment en es-tu venu à entrainer des féminines?
Lorsque je jouait à Herve, le coach des minimes élites a dû arrêter pour raisons de santé. Le comité m’a proposé de reprendre l’équipe, sachant que j’avais le diplôme nécessaire grâce à Liège Atlas et j’ai tout de suite été mordu.
Tu ne t’es jamais occupé de garçons?
Si, bien sûr. J’ai eu des garçons en jeunes au Mosa, et j’en ai aussi cette année à Pepinster. J’ai également effectué une courte pige avec la R2 de Cointe. Mais je préfère coacher des filles.
Pourquoi?
Déjà, l’aspect psychologique qui rebute parfois un peu mes collèges me plaît. Ensuite, j’estime que les filles sont plus assidues. Même si elles ont moins de qualités physiques que les garçons, elles offrent plus de rendu dans l’aboutissement. Et étant donné que je suis un coach qui apprécie de voir une bonne exécution de schémas offensifs, notamment, j’y trouve mon compte.
Une opinion que tu as pu te forger depuis quelques années déjà…
Tout à fait, puisque je me suis occupé des sélections provinciales et régionales féminines tout en travaillant au Centre de formation de Jambes. J’ai également déjà pu goûter à la première division en étant l’assistant de Daniel Goethals à Namur où je coachais aussi la R1.
« Nous avons reconstruit la section féminine »
Une division 1 que te retrouves cette année avec Pepinster où tu es depuis cinq ans désormais. Quel bilan tires-tu de ces années pépines?
Il est assez positif. Quand j’ai repris l’équipe en R1, la section féminine était en problème. Nous avons pu, au fil des saisons, reconstruire le club avec une belle réussite. Désormais, nous disposons d’une équipe dans chaque catégorie de jeunes et toutes nos formations « grands panneaux » sont en régionale.
Avec en point d’orgue cette arrivée au sein de l’élite. Quels sont vos objectifs pour la saison en cours?
C’est clairement le maintien. Si nous parvenons à finir neuvièmes plutôt que onzièmes, ce serait encore mieux. J’estime qu’il est nécessaire pour Pepinster d’avoir une équipe en D1. Nous voulons constituer un autre pôle pour le basket féminin à Liège, parallèlement aux Panthers.
Comme juges-tu votre début de saison?
L’entame de championnat est délicate, je reste un peu sur ma faim car nous avons un peu raté le coche à plusieurs reprises. Si nous possédions une ou deux victoires de plus, ce ne serait pas du vol. Maintenant, ayant eu l’expérience de la D1 avec Namur, je savais que le pari de conserver la totalité de l’équipe avec laquelle nous sommes montés rendrait les choses légèrement plus compliquées.
Pourquoi?
Ce n’est pas un secret que de dire que certaines de mes joueuses n’ont pas le niveau de la division. Elles le savent, je ne leur cache pas et pour certaines d’entre-elles, cette saison constitue la cerise sur le gâteau. Elles ne seront probablement plus là la saison prochaine. Il ne faut pas oublier que mes filles doivent passer d’un régime de deux entrainements et un match par weekend à quatre, cinq voir six entrainements par semaine et parfois deux rencontres sur le même weekend. Cela nécessite une adaptation en terme de rythme, surtout que la plupart ne sont pas professionnelles. Mais cela reste un apprentissage, tant pour elles que pour moi.
« Il y a Braine, et les autres »
Que penses-tu du basket féminin en Belgique du point de vue purement sportif?
C’est vraiment pas mal du tout, il y a beaucoup de jeunes joueuses de talent en Belgique. Les résultats des Belgian Cats à l’échelon international le confirment. Je pense que cela est dû à l’excellente formation dispensée dans notre pays et que le niveau ne va faire que monter.
Et quelle est ton opinion concernant notre championnat de D1?
Là aussi, c’est assez bon. Notre première division est constitué de trois groupes d’équipes qui ont des niveaux sensiblement différents. Tout en haut et tout seul, il y a Braine. Une vraie équipe d’Euroleague et injouable. Face aux Brainoises, nous faisons un bon match et nous nous inclinons 51 à 114. Cela en dit long. Ensuite, il y a plusieurs formations comme Namur ou Waregem qui sont un cran en-dessous mais qui restent injouables également. Enfin, il a des clubs comme nous ou même les Panthers, qui font de leur mieux pour rester compétitifs.
Justement, n’est-ce pas compliqué de savoir à l’avance qu’une victoire est pratiquement voir totalement impossible face à certaines formations?
Si, bien sûr. Quand tu te prends plusieurs « caramels » d’affilée et qu’ensuite tu dois être prêt pour affronter un adversaire à ta portée, cela nécessite une force mentale et une capacité d’adaptation. Cela dit, nous tâchons de faire en sorte que les parties contre des équipes bien plus fortes nous servent à préparer les matchs qu’on peut prendre. On diminue ainsi la frustration.
« Nous n’avons rien à perdre »
Quelles sont les forces de ton équipe, Antoine?
La première c’est que nous n’avons rien à perdre. Chaque adversaire pense pouvoir nous battre, nous sommes toujours l’outsider de la rencontre et nous n’avons donc pas de pression. La seconde, ce sont mes deux joueuses professionnelles, Ouardat et Bungabaite, qui sont capables d’offrir des solutions supplémentaires. Tout comme la jeune Alyssa Barache, qui vient du centre de formation et qui est un vrai talent. Je ne cherche pas à les mettre en avant, mais c’est vrai qu’individuellement, elles peuvent tirer l’équipe. A contrario, si elles passent à travers, nous en pâtissons d’autant plus.
Et quelles faiblesses pointes-tu?
L’aspect qualitatif, bien évidemment. Sans faire d’affront à mes filles, nous savons que certaines d’entre-elles sont un peu justes à ce niveau. Le rythme aussi nous pose problème car mes joueuses ne parviennent pas toujours à le tenir sur la durée d’un match. Mais ceci est logique compte-tenu du contexte.
As-tu des principes sur lesquels tu ne transiges jamais?
C’est plus en ce qui concerne la mentalité. Comme notre père spirituel à beaucoup, Yvan Fassotte, je ne veux pas que mes joueuses aient d’états d’âme. Elle doivent profiter un maximum de cette aventure, se donner à fond tout le temps et se bagarrer sur chaque balle et chaque possession. Si elles font de leur mieux, alors il n’y a pas de regrets à avoir.
Tu parles d’Yvan, est-ce un modèle? Et en as-tu d’autres?
Fassotte m’a bien évidemment inspiré, plus sur l’aspect mental que basket d’ailleurs, mais comme d’autres entraineurs que j’ai pu côtoyer tels Daniel Goethals, Julien Marnegrave ou Frédéric Wilmot. Je prends un peu de tout le monde et je fais ma petite soupe personnelle. Je regarde par ailleurs beaucoup de matchs, aussi bien d’Euroleague que de P2, et j’en tire des enseignements. En réalité, tout est bon à prendre pour s’améliorer.
« Le basket, c’est ma vie »
Quel reste ton meilleur souvenir?
Bien évidemment la montée. Je suis ambitieux, je suis coach pro depuis quelques années déjà, j’ai toujours envie d’évoluer et j’attendais d’arriver en D1 avec impatience. Mais, ce qui m’a peut-être le plus marqué, c’est l’entre-saison avant notre dernière année en R1. Certaines joueuses d’envergure comme Nina Crelot ou Aly Barache nous ont rejoint et cela montrait que notre travail payait, que nous étions parvenus à construire quelque chose de solide et d’attractif. C’est une vraie fierté.
Tu coaches Gail, qui est ta compagne et maman de ton fils Niels, est-ce difficile?
Les gens pourraient le penser mais non. Pour elle, qui a un coach sur le terrain et à la maison, c’est peut-être un peu plus délicat mais pas pour moi. Pour la simple et bonne raison que Gail est une bonne joueuse, avec une mentalité exemplaire. Elle se donne à fond et est facile à coacher. Ca rend la situation bien plus simple.
Et enfin, pour conclure, qu’est ce qui te plait particulièrement dans le coaching?
Le basket c’est ma vie. J’ai toujours voulu en vivre et j’ai compris qu’en tant que joueur cela serait impossible. Le coaching me permet de réaliser cette envie. Très sincèrement, je dis souvent que je ne travaille pas et c’est vrai tant j’aime ce sport.