Marathon batave et choucroute rhénane

Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Dans cette nouvelle chronique, florilège d’anectodes par delà nos frontières.

Cette semaine, je reviens sur quelques déplacements pas vraiment lointains – encore, que – mais dont j’ai gardé des souvenirs sortant de l’ordinaire. On est au début des années ’90 et Pepinster, donc en D1, s’en va disputer un match amical à Düsseldorf qui valait une très moyenne D3 belge de l’époque. Dans une salle minuscule tout en bois et surchauffée, les Hoëgnards prennent une dégelée mémorable. A l’évidence, certains d’entre eux n’étaient guère motivés à l’idée de rallier les berges du Rhin un soir d’hiver en pleine semaine. Ils n’ont d’ailleurs qu’une idée : regagner leurs pénates le plus vite possible. Ce qui ne sera pas vraiment le cas car les dirigeants du cru invitent la délégation verviétoise dans une auberge typiquement allemande. Et c’est ainsi que nous nous retrouvons attablés devant d’impressionnantes choucroutes. Une grande première pour les Américains de service qui n’en croyaient pas leurs yeux… 

On reste en Allemagne et, plus précisément, dans les environs d’Aix-la-Chapelle où le club du cru met sur pied un tournoi à l’affiche exceptionnelle avec l’Alba Berlin, le Bayer Leverkusen (champion national), Cologne et une équipe française. Le CSP Limoges, si je ne me trompe. Cette compétition de préparation à la saison se dispute dans un modeste gymnase de Brandt où il n’y a que deux pelés et trois tondus. Parmi lesquels, j’ai rapidement remarqué Jean-Pierre Darding et l’inévitable Bruxellois, Daniel Devos, l’ancien journaliste à Sport Magazine. Sur le parquet, un certain Sasa Obradovic (photo) s’illustre par l’intelligence de son jeu et son sens du panier. Il vrai que le garçon a été champion du monde en 98 avec la Yougoslavie et devrait bientôt prendre le charge le coaching de l’AS Monaco. 

Direction, cette fois, sur la Hollande. A ce moment, je collabore à « Magic Basket » placé sous la direction de l’inénarrable Francis Prégardien. Il me propose ainsi de l’accompagner au match mettant aux prises les Pays-Bas à la Turquie dans le splendide vaisseau de la « Maaspoort », à Den Bosch. De toute ma carrière, je n’ai jamais ressenti une ambiance aussi tendue, voire hostile. En cause, l’attitude des pseudos-supporters turcs qui invectivèrent les arbitres et les joueurs bataves de l’échauffement à la rentrée aux vestiaires. Sans oublier bien évidemment les jets de gobelets et de pièces de monnaie sur le terrain. Pour une fois, j’étais heureux de quitter une salle de basket au coup de sifflet final. Répugnant ! 

On terminera par un interminable marathon. Le mercredi 13 novembre 1991, la Belgique dispute une rencontre de qualification à l’Euro du côté de Den Helder. Pour les « pas doués » en géo, cette charmante cité maritime se situe à l’extrême nord des Pays-Bas. Soit, à plus de 350 bornes de Spa. Nathalie Evrard – qui travaille pour La Meuse – me se signale qu’elle y va et qu’elle aimerait ne pas effectuer le trajet seule. Je l’accompagne donc et pourrai ainsi transmettre le compte-rendu de ce « derby des Plats Pays » à la DH. Nous démarrons en tout début d’après-midi et observons que, sur autoroute, le conducteur d’outre-Moerdijk n’a rien d’un pilote de F1. En outre, le contournement d’Eindhoven prend un temps fou. Mais le « meilleur » reste à venir… C’est ainsi que l’on tombe dans d’invraisemblables embouteillages à hauteur de l’aéroport de Schiphol avant d’aborder, en pleine heure de pointe, les environs d’Amsterdam. Notre expédition prend dès lors des allures d’authentique course contre-la-montre car notre point de chute est encore à une centaine de kilomètres. Vous l’aurez compris, nous débarquons à Den Helder quand les deux équipes entament les échanges. Pour couronner le tout, nos compatriotes s’inclinent sur la marque de 65-59 au terme d’un duel de piètre facture. Et dire qu’il faut désormais se taper le voyage retour… sous la pluie. La totale, quoi.

Michel CHRISTIANE