Les Carnets du basketteur, saison 4 ! Une chronique sous forme d’analyse, de Limburg à Trooz et avec quelques anecdotes savoureuses, de la place malheureusement trop peu importante qu’occupe le basket en Belgique malgré d’indéniables atouts.
D’emblée, cette précision d’importance : j’ai énormément d’estime pour Marteen Bostyn, le boss de Limburg. Je le considère comme un véritable passionné au grand cœur. Il n’hésita pas ainsi à voler au secours de Liège Basket quand celui-ci pouvait craindre le pire pour son avenir au plus haut niveau. Ceci dit, lors de la présentation de la BNXT League – décidément, je ne m’y ferai jamais – il y alla du genre de petite phrase, voire d’une formule à l’emporte-pièce, faisant autant le buzz (sur l’instant) que pschitt (juste après). Ainsi, le dynamique chef d’entreprise hasseltois déclarait : « Le basket possède tous les atouts pour devenir, chez nous, le sport n°1 ».
C’est beau l’optimisme, mais a-t-il réellement conscience où est retombé notre sport de prédilection ? Que ce soit sur le plan sportif, médiatique que populaire. Et, par voie de conséquence, financier. Le plus indispensable dès qu’il s’agit de phalanges professionnelles. Qu’on le veuille ou non. Pourtant, il y eut une époque où le basket « made in Belgium » a failli faire vaciller le foot, notre sport-roi, de son indétrônable piédestal. On est au début des années 90 et il faudrait reculer les murs des salles pour accueillir d’impressionnantes marées humaines de spectateurs voulant assister aux matches des Ostende, Malines, Anvers, Charleroi, Pepinster et autre Braine. A ce moment, André Renauld, cette pile électrique faite président des Castors, lâche de bonne foi : « Le basket sera le sport de l’an 2000 ». Plus lourde sera la chute.
Par expérience, j’ai appris qu’il y a de ces lieux communs de prime abord positifs qui, à l’autopsie, ne disent rien qui vaille. Exemple d’une navrante répétition : dans n’importe quelle discipline lorsqu’un dirigeant de club affirme au terme d’une rencontre perdue : « L’entraîneur a toute notre confiance », il est clair que les jours de ce même mentor sont plus que comptés… Dans un contexte identique, j’ai encore en mémoire l’épisode vécu vers 1995 à l’administration communale de Prayon-Trooz. Les plus jeunes l’ignorent, mais les « Rouge et Bleu » des bords de Vesdre ont évolué jusque dans l’antichambre de l’élite. Grâce à ces authentiques « Tchantchès des parquets » qu’étaient les Servais, Demany, Spiessen, Firquet, Demoulin, Lapaille, Lizin et Pluys. Vu l’évolution ultra-rapide des troupes locales, un nouveau comitard « présentant bien » accède d’emblée à la présidence et s’empresse de réunir la presse. Question, surtout, de faire son show. Dans son exposé, il ose en guise de conclusion : « Et pourquoi ne pas retrouver d’ici peu Prayon en D1 ? » Un collègue en fin de carrière et rôdé à ce genre de numéro de haute voltige me glisse alors à l’oreille : « Soit, il n’y connait rien, soit c’est un charlatan. » Pour le grand malheur des Trooziens, c’était les deux…
Michel CHRISTIANE