Focus sur l’art du tir et la manière de perdurer malgré le poids des années.
La Province de Liège possède une ribambelle de super shooteurs – Iliaens, Geurten, Delsaute, Grandry, Hubert, Maio, Borgers, Bassini, Lhote, Boxus, Lussadissu pour n’en citer que quelques uns – qui sont redoutés par toutes les défenses.
Bien souvent, un bon shooteur se distingue assez rapidement par des qualités intrinsèques et naturelles mais c’est par la répétition que les bons shooteurs deviennent d’excellents shooteurs. D’autres facteurs sont également essentiels pour enquiller les perles: le rythme et la confiance.
Jayce Carroll reste, malgré le poids des ans, un artilleur de tout premier plan et une figure emblématique du Real Madrid où il a définitivement conquis la péninsule ibérique. Le Castillan s’est longuement confié El Pais, abordant notamment les aptitudes du shooteur et livrant les secrets de sa longévité. « J’apprécie beaucoup le basket et je viens m’entraîner tous les jours avec le sourire. J’adore continuer à performer et aider l’équipe dans les minutes dont je dispose. Le secret ? Je suis mormon. Je n’ai jamais bu d’alcool ni fumé. Je mène une vie assez saine. J’ai toujours beaucoup travaillé en salle avec Juan Trapero, avec une préparation spécifique. J’essaie également de prendre bien soin de ce que je mange. J’adore les glaces et les bonbons, mais j’essaie de les limiter et de manger beaucoup de viande et de légumes » assure l’arrière US.
Avec le Real, Carroll a rentré des tirs cruciaux alors que la pression était à son comble. « C’est une question de confiance plus que de caractère. Et la confiance se gagne avec toutes les heures que vous passez à améliorer votre tir, avec tous les tirs que vous faites tout au long de votre carrière. Ensuite, il est important de savoir que l’équipe a confiance en vous. La vie d’un tireur repose sur la confiance. L’objectif est le talent, la génétique et, surtout, le travail. Vous voyez souvent comment le travail bat le talent. C’est pourquoi vous ne devez pas arrêter de travailler dur » explique-t-il. « Jouer au basket est un luxe. C’est mon rêve et mon métier depuis que j’ai 10 ans. J’ai eu la grande bénédiction de pratiquer ce sport depuis longtemps. Et bien sûr, dans ce dernier moment dans lequel vous jouez un match ou un titre, il y a beaucoup de pression. Mais cette pression n’a rien à voir avec le fait de pouvoir payer l’électricité ou acheter de la nourriture. Les conséquences de l’échec d’un triples ne sont pas comparables à celles de ne pas pouvoir joindre les deux bouts. »
Forcément, les conseils d’un tel « shoot doctor » sont inestimables. « Le premier conseil que je donnerais à un enfant est de ne pas shooter à trois-points. Vous devez vous entraîner sur la ligne jusqu’à ce que vous obteniez la technique parfaite, puis, lorsque vous avez assez de force, sortez en pour tirer à trois-points. Vous devez d’abord apprendre à feinter le shoot à trois-points et à pénétrer. Mon père ne m’a pas laissé tirer à trois-points avant l’âge de 14 ans. À 14 ans, il m’a dit: «Allez, maintenant tu peux» et cela a tout changé. Lorsque vous n’avez pas assez de force, la technique en souffre » prévient Carroll. A bon entendeur…
Crédit photo: David Kerger (en photo, Seb Maio, l’un des meilleurs shooteurs liégeois de ces 20 dernières années)