Comme Cheryl et Reggie Miller à l’époque, Sophie et Victor Letihon représentent une fratrie orientée basket. Liège & Basketball vous emmène à la découverte du nouveau renfort des « Précieuses » d’Esneux. Entretien fleuve avec une fille bourrée de talent.
Sophie, peux-tu nous retracer ton parcours basket?
J’ai commencé par faire de la danse avant de me rendre compte que ce n’était pas du tout mon « truc ». J’allais souvent voir les entrainements de mon frère à Esneux le mercredi après-midi, j’étais également sa « pom-pom girl » durant ses matchs. On m’a alors proposé d’essayer le basket et j’ai accepté. Lors d’un match de mon frère Victor, il n’y avait pas assez de joueurs. On m’a demandé de jouer, j’en ai pleuré. J’ai ensuite rejoint, avec mon frère, le club de Comblain où j’ai passé trois saisons, de merveilleuses années au sein d’une grande famille. De l’extérieur, ce groupe pouvait paraître agressif mais quand on en fait partie, c’est magique. J’ai d’abord joué avec des filles puis j’ai rejoint l’équipe mixte dans laquelle nous n’étions que deux filles. Jouer contre garçons me motivait énormément, cela m’obligeait à me surpasser.
Tu es ensuite partie pour Sprimont.
Oui, j’étais obligée de rejoindre une équipe féminine et j’ai opté pour Sprimont, dans l’équipe de Pierre Cornia. J’étais avec des filles deux ans plus âgées que moi. Comme lorsque je jouais avec des garçons, je devais toujours donner le meilleur de moi-même pour être à la hauteur. Cela m’a apporté énormément d’expérience. Finalement, l’équipe des Carriers est devenue les Panthers. Comme les catégories ne commençaient qu’à partir des minimes et que j’étais trop jeune pour suivre le mouvement, je me suis rendue à Angleur. Je n’y suis pas restée longtemps car le projet s’est déplacé à Alleur qui est également une grande famille et où j’ai rapidement trouvé mes marques. J’y ai trouvé beaucoup de stabilité et obtenu la confiance de mes nombreux coachs, je les remercie tous pour l’expérience qu’ils m’ont apportée. « All Black un jour, All Black toujours »! J’ai néanmoins pris la décision de signer à Esneux, mon club d’origine, pour la prochaine saison.
Qu’est-ce qui te plait tant dans le basketball?
Le basket me permet de me défouler et d’apprendre à me surpasser. C’est une vraie école de la vie: il faut apprendre à gérer ses émotions, s’améliorer mais aussi tout donner pour aider les coéquipières à s’améliorer. L’esprit d’équipe est une chose qu’il faut acquérir. Cela offre de la discipline et l’envie de toujours mieux faire qui ne sont pas seulement utiles dans le basket mais dans des tas d’autres domaines, comme les études par exemple. On s’y fait aussi beaucoup d’amis et d’ennemis. Enfin, en ce qui me concerne (rires).
Quel genre de joueuse es-tu?
Je suis d’abord une grosse râleuse et je l’admets à 100%! Dans mes bons jours, je suis également une shooteuse. Mon mètre soixante-cinq ne me laisse pas vraiment le choix. J’ai une bonne main droite et je commence à avoir un bon premier pas à droite. Je pense que les entrainements et les matchs R1 auxquels j’ai pu participer m’ont apporté cela. J’aime défendre et ennuyer le plus possible l’adversaire. A partir du moment où celui-ci sort de son match grâce à ma défense, je suis satisfaite. Il me reste à apprendre à ne pas sortir du mien.
Comme toi, ton frère Victor jouera à Esneux la saison prochaine. Quels sont vos points communs sur le terrain?
Nous sommes tous les deux des shooteurs et aimons allumer à longue distance. Nous tenons sûrement cela de notre père, lui-même ancien basketteur. Mon frère aime taquiner l’adversaire mais je pense être « pire » que lui. Nous jouons souvent l’un contre l’autre dans notre jardin afin de déterminer lequel de nous deux est le plus fort.
« Le basket féminin peut être agressif »
Quels sont tes meilleurs souvenirs liés à ce sport?
J’en ai énormément: la finale de Coupe gagnée et notre titre de vice-champion de Belgique avec Comblain, notre finale de Coupe contre Profondeville avec Angleur, mes quelques finales de Coupe et celles à Esch lors d’un tournoi international avec Alleur en jeunes… Je garderai toujours en mémoire mon premier match dames en P1 à quinze ans. J’avais marqué dix-neuf points et nous l’avions emporté de justesse. Il y a aussi notre finale de Coupe contre Esneux où, malgré la défaite, j’avais obtenu le titre de MVP.
Tu n’as pas participé à la finale cette année avec tes coéquipières qui se sont inclinées contre Spa au Hall du Paire.
Je le regrette, d’autant plus que Spa est le club de mon copain, Michael Hendrick. J’ai tout de même suivi les matchs et j’étais très fière de mon équipe.
D’autres rencontres t’ont marquée?
Oui, mes matchs en première régionale, notamment ceux contre Namur et les Panthers lors desquels j’ai scoré environ dix points. Le niveau y est très élevé et, à mon âge, cela fait plaisir de disputer de tels matchs. J’ai également fait un long parcours en sélections provinciales et régionales. C’est gratifiant même si je n’aimais pas cette ambiance de compétition où le but est de se montrer sans jeu collectif. Tous ces souvenirs m’ont apporté énormément d’expérience. Les finales, par exemple, permettent d’apprendre à gérer le stress lié à l’enjeu.
Quel bilan fais-tu de ta dernière année à Alleur?
Un très bon bilan. En cadettes, j’ai eu l’occasion de participer au championnat national. C’était très intéressant de voir le niveau de ce genre d’équipes et d’affronter de futures grandes joueuses. En P1, nous avons réussi une excellente saison. Nous avons décroché notre ticket pour la R2 mais j’aurais préféré que cela soit dans d’autres conditions et pouvoir fêter cela sur le terrain. En R1, ce n’était que du bonus. Je suis très reconnaissante de l’opportunité que l’on m’a donnée. J’ai pu apprendre et engranger de l’expérience au contact de toutes ces filles et jouer les matchs était pour moi un privilège. Je devais me donner à 100% pour obtenir du temps de jeu et cela m’a rendue meilleure.
Pourquoi avoir pris la décision de rejoindre Esneux?
Tout simplement à cause des études. Je rentre à l’unif l’année prochaine, je voulais me poser dans une équipe et réduire mes séances de basket en semaine. Bien sûr, Alleur m’offrait également cela mais habitant à deux minutes de la salle d’Esneux, c’était le choix le plus raisonnable. J’ai beaucoup apprécié cette équipe lors de notre finale, les filles sont très chouettes et m’ont déjà très bien accueillie via les réseaux.
Quelles sont tes envies pour la prochaine saison?
J’aspire à pouvoir rapidement trouver mes marques et m’intégrer à l’équipe. Je veux m’amuser tout en donnant le meilleur de moi-même et gagner autant de match que possible. Par contre, je n’ai pas encore pu rencontrer mon coach et discuter des objectifs de l’équipe.
Selon toi, qu’est-ce que le basket féminin peut apporter de différent de son homologue masculin?
Le basket féminin propose un jeu plus réfléchi, plus tactique. Les hommes jouent beaucoup sur le physique. Cependant, le basket féminin peut aussi être très agressif et c’est ce que j’aime.
Crédit photo: avec l’aimable autorisation de Denis Esser