« Les assists de la mobylette Saïd El Ajjaji »

Robin Horrion fait le bilan de sa première saison à arborer les couleurs de Theux. Interview.

Robin, que penses-tu de la saison qui vient de s’écouler?

Globalement, nous avons fait une bonne saison. Notre premier tour fut bon, le second plus difficile, notamment à cause de la perte pour des blessures de joueurs importants. Toutefois, j’estime que nous avons perdu trop de matchs sur de bêtes erreurs comme un rebond offensif en fin de partie ou un lay-up décisif raté.

Votre position au classement est-elle conforme à vos ambitions initiales?

Nous terminons à la cinquième place, ce qui était l’objectif annoncé en début d’exercice. Mais je pense que nous aurions pu finir plus haut.

Qu’as-tu pensé de votre série de P2A que de nombreux observateurs pointaient comme particulièrement dense.

Elle était très équilibrée mais, pour moi, Tilff et Ensival étaient vraiment au-dessus. C’était un beau championnat avec de beaux matchs chaque week-end.

Comment juges-tu tes prestations pour ta première expérience à cet échelon?

C’était ma première année à Theux et je me suis retrouvé dans une équipe où, hormis Laurent Caubergh et mon frère, je ne connaissais personne. Cependant, le « feeling » est directement passé avec tout le monde. J’ai bien aimé le style de jeu où j’ai pu détaler en contre-attaque pour profiter des assists de la mobylette Saïd El Ajjaji (rires).

Quels furent les moments marquants de cette campagne 2019-2020?

Notre match à Sprimont, un match chaud que nous avons remporté sur un lancer-franc en fin de partie après plusieurs exclusions (rires). Ce fut aussi ma meilleure prestation de la saison.

Qu’as-tu particulièrement apprécié cette année?

Ce fut vraiment une bonne saison. J’ai rencontré de bons gars et nous avons passé des moments mémorables après les matchs et les entrainements. J’ai aussi pu découvrir un club très familial où règne une bonne ambiance.

« Gamine, je m’imaginais jouer devant le public de l’Etoile »

La saison prochaine verra l’arrivée d’une équipe dames à l’Etoile Jupille.

Outre une P1 new-look et une P4 compétitive, l’Etoile Jupille alignera la saison prochaine une P3 Dames. « L’Etoile Jupille a toujours été un club avec des équipes masculines. Mais, avec beaucoup d’insistance, j’ai réussi à convaincre mon papa Michel Nihon d’enfin créer, pour moi, une équipe dames » sourit Virgnie Nihon. « C’est comme un rêve qui se réalise. Quand j’étais gamine, je m’imaginais jouer devant le public de l’Etoile et devant ma famille – mes grands-parents sont les Présidents du club. Lorsque j’ai reçu l’aval de comité jupillois, j’ai sauté sur l’occasion pour trouver des joueuses et enfin créer cette équipe tant attendue. »

Les objectifs poursuivis par les futures Etoilées seront simples: « Nous voulons nous amuser sur le terrain mais aussi en dehors. Nous comptons faire de belles troisièmes mi-temps pour faire honneur à la réputation de notre club » glisse malicieusement Virgnie. « Nous ne désirons pas monter immédiatement. Peut-être plus tard? L’avenir nous le dira mais ce n’est actuellement pas dans les cartons. »

Avec un groupe composé de douze joueuses drivées par Nathalie Marteau – qui devrait revêtir son équipement de temps à autres -, la nouvelle formation jupilloise devrait plus que tenir la route. « Ce sera une équipe bien sympa avec qui nous allons jouer pour gagner le plus de match possible. Notre point fort sera la diversité du groupe puisque plusieurs filles peuvent évoluer à différents postes et que la tranche d’âge est mixte. Nous aurons, sur le terrain, à la fois de la vivacité et de l’expérience » conclut la fondatrice de cette nouvelle P3 Dames.


La composition de l’effectif: Nathalie Marteau (coach), Catherine leone, Marine hoge, Daphné Sion, Aude furnemont, Marianne Furnemont, France Martin, Stéphanie Joassin, Manon Robert, Teresa Rocchetta,Marie Thiou Gibert et Virginie Nihon.

« Rarement été dans un jour de grâce »

Thibaut Julémont fait le bilan du retour de Pepinster en D3. Entretien.

Thibaut, quel bilan fais-tu de la saison qui vient de s’achever?

Un bilan assez mitigé. D’une part, nous avons vécu une saison assez spéciale et compliquée avec un changement de coach, des résultats moyens et finalement un arrêt prématuré du championnat alors que nous étions enfin dans une bonne spirale. Mais d’autre part, nous avons prouvé – en battant ou en faisant jeu égal avec les grosses cylindrées du championnat – que nous avions notre place au sein de cette division. La majorité de nos défaites furent de moins de cinq points. Le manque d’expérience de notre formation nous a fait défaut dans les fins de matchs à suspens.

Du coup, la place à laquelle vous terminez est-elle celle que vous méritez?

Non, je pense que nous méritions mieux mais notre objectif principal était le maintien et il est acquis.

Qu’as-tu pensé de cette TDM2A?

Cette série était très jeune mais très talentueuse. Les équipes flamandes étaient très physiques et cela nous a causé pas mal de soucis au fil de la saison. J’ai bien l’impression que c’était une des plus fortes séries rencontrées depuis que je joue en D3.

Comment juges-tu ta production?

Mes prestations n’ont pas été fulgurantes. Ayant rarement été dans un jour de grâce, j’ai plutôt essayé d’apporter un plus via la défense et le travail de l’ombre (rires).

Quels moments ont marqué cette campagne 2019-2020?

Malheureusement, il s’agit de cet arrêt complet au milieu de la saison. C’est du jamais vu comme situation. Mais cela a donné de la lecture sur les réseaux (rires). Hormis cela, quelques belles communions avec notre public – aussi bien à l’extérieur qu’à domicile – furent assez remarquables. Pas mal de gens d’autres clubs nous ont confié que c’était génial d’assister à cela.

Qu’as-tu particulièrement apprécié cette année?

Comme d’habitude, j’ai apprécié l’ambiance qui règne au sein de notre équipe. Nous formons un beau groupe et les après-matchs ou entrainements sont souvent sympas.

Des regrets?

Non, hormis celui de ne pas avoir apporté davantage à l’équipe – pour le côté sportif bien sûr (rires). Mais ce n’est que partie remise…

Crédit photo: Philippe Hanus

« J’aime les projets »

Après Lionel Bosco, c’est Christian Camus, nouveau DT de Liège Basket et futur assistant-coach de la D1, qui fait le point sur sa situation au sein des Principautaires.

Coach de la R1 de Sainte Walburge, Christian Camus sera le nouvel assistant-coach et Directeur Technique de Liège Basket. L’ancien scoreur de l’Avenir Jupille répond aux questions de Sarah Muytjens pour une initiative de Liège Basket.

https://www.youtube.com/watch?v=IQ8EstcIHug&feature=youtu.be&fbclid=IwAR0FiZf0F4xI8UKJhF-XoNb6pRNJwrM7l8T1epa6e-Pw1xLq9zmfszDGoIU

Pas de panique à Ninane

Petite surprise ce dimanche avec l’annonce du championnat R1 dans lequel figure Ninane.

Les clubs engagés en R1 ont reçu deux projets pour le prochain championnat: un à dix-huit équipes et l’autre à… dix-neuf. En effet, Ninane n’aurait pas (encore) obtenu sa licence. Du côté calidifontain, pas de panique, un recours devrait être introduit et tout devrait – espérons le – rentrer dans l’ordre.

Simon Mottart, juste quelqu’un de bien

Les Carnets du basketteur, saison 3! Cette fois, focus sur l’ancien arbitre international – qui a notamment officié aux Jeux Olympiques de Moscou! – Simon Mottart.

C’est en décembre 1991 que le Hesbignon (photo, du temps où l’on contrôlait encore les ongles) devait mettre un terme à sa carrière d’arbitre international après l’avoir entamée en ‘76. Victime de cette stupide règle de la limite d’âge. Dans le magazine « Play Off » de l’époque, j’avais eu le plaisir de faire le point en sa compagnie. Je vous en propose aujourd’hui les meilleurs passages qui vous laisseront entrevoir les traits essentiels d’une personnalité profondément humaine…

« Outre la connaissance du règlement, il faut posséder une condition physique irréprochable, un minimum d’expérience et de psychologie. Mon caractère m’a permis d’allier ces qualités. Pourtant, je n’ai aucune formation pédagogique puisque je suis dessinateur industriel », posait-il en préalable. Avant de revenir sur sa progression fulgurante : « Affilié au BC Awans, j’ai commencé à siffler dès mes 24 ans pour éviter au club de payer une amende. Je suis arrivé au bon moment car, à cette époque, pas mal de mes collègues de haut niveau devaient se retirer. Je ne suis resté que six, sept mois par division et était international quatre ans après. »

Il mettait alors en exergue deux éléments essentiels de l’arbitrage : « Les clubs de D1 réclament sans cesse un rajeunissement des cadres. Et dès qu’un jeune « ref » apparait, il se fait systématiquement massacrer par les coaches. J’allais alors les trouver en leur faisant remarquer qu’eux aussi, avaient été jeunes et qu’on leur avait donné leur chance. Ils se calmaient de suite. D’autre part, on prétend souvent que nous sommes soudoyés. Je n’ai jamais été approché, mais j’ai été heurté par la façon dont certains clubs – toujours les mêmes d’ailleurs – nous accueillaient. Parfois, c’était un peu excessif. J’ai, par exemple, été une vingtaine de fois au Real Madrid. » A lire entre les lignes…

Etonnant, le basket ne constitue pas son sport de prédilection : « Retiré du devant de la scène, je continue néanmoins d’officier en provinciales. Ce qui me permet d’entretenir ma condition physique. Je dispose désormais davantage de loisirs. Une liberté qui me permet d’assouvir ma grande passion pour le football. J’assiste fréquemment à des rencontres dans les environs. »

Il était impossible de ne pas lui demander ses meilleurs et plus mauvais souvenirs : « Ce sera toujours les Jeux Olympiques de Moscou. C’était extraordinaire et je n’ai pas manqué d’arpenter un maximum de compétitions. De la boxe à l’athlétisme. En ce qui me concerne, j’ai dirigé la demi-finale qui a vu les Yougoslaves prendre le dessus d’un petit point sur les Russes… après prolongation. En revanche, je n’ai pas oublié les incidents à la fin de la partie entre le Lyra et le Fresh Air. Ce duel décidait de la descente en 2e Nationale et s’est joué sur un petit point, là aussi. Au coup de sifflet final, nous avons dû nous protéger dans les vestiaires. Mais, la salle était encore en construction et les supporters locaux en profitaient pour nous balancer des projectiles par-dessus les murs. Les policiers ont été obligés d’entrer sur le terrain-même avec leur véhicule pour nous extirper de ce mauvais pas… »

Personne n’oubliera non plus le duo de référence qu’il formait avec son ami, Claudy Tabruyn. Il y a peu, il me confiait : « Sais-tu que j’ai gardé l’ensemble de mes convocations : il doit y en avoir plusieurs centaines, voire milliers. » Autre trait de son caractère : un samedi soir, il siffle un choc au sommet de D1 à Malines et, dès le lendemain matin, il est présent – sous un crachin hivernal – à Francorchamps pour diriger un match de… 2e Provinciale.

Simon Mottart, un grand Monsieur qui a encore bon pied, bon œil. Pour de nombreuses années encore. On en est persuadé.

Michel CHRISTIANE

« Vous allez être surpris »

L’épisode 7 de The Last Dance s’annonce particulièrement croustillant.

« Quand vous allez voir l’épisode la semaine prochaine, vous allez être surpris. Peut-être que Jordan a passé l’épisode 7, car je n’arrive pas à croire qu’il ne l’ait pas fait couper » avance Jason Hehir avant d’évoquer la bagarre entre Jordan et Kerr. « Le truc avec Steve Kerr, c’est seulement une histoire qui a été racontée, et il avait hâte de la raconter, Steve aussi. Mais ce trésor d’images que nous avions de la NBA, ce que nous aborderons dans les épisodes 7 et 8 la semaine prochaine, c’est ce que c’était que de jouer avec Michael, et ce que c’était de jouer contre lui. Je ne sais pas si vous aviez envie de vous entraîner avec Michael. C’est fun à regarder, mais je ne sais pas si c’est plaisant d’interagir avec lui dans ces moments-là parce qu’il est dur. Il veut faire en sorte que l’entraînement soit encore plus dur que n’importe quel match possible. Et à l’Est dans les années 90, ça voulait dire de le rendre aussi rude et aussi exténuant mentalement que possible. Le langage employé dans l’épisode, je suis choqué qu’ESPN ait laissé ça, puis le comportement qu’on y voit, je suis choqué que Michael nous ait laissés le garder.« 

« J’ai eu mal à la tête pendant 24 heures »

Avant de prendre la direction de Belleflamme, Jean-Pierre Darmont fait le bilan de la saison qu’il a vécue avec les Sang et Marine. Interview.

Jean-Pierre, quel bilan fais-tu de cette saison?

Un bilan mitigé. Je suis super content d’avoir pu évoluer avec certains de mes amis et d’avoir rencontré des gars comme Bayo, Snacky et Chris Camus mais je suis également déçu de ne pas avoir fait mieux vu notre noyau de départ.

Vous terminez dans le ventre mou alors que votre effectif semblait taillé pour jouer les premiers rôles.

La place à laquelle nous terminons est toujours celle que nous méritons. Si nous avions voulu finir plus haut dans le classement, il aurait fallu être plus souvent au complet aux entrainement et afficher davantage d’envie. Personnellement, j’espérais figurer plus haut dans le tableau, je suis donc déçu même si nous avons montré que nous étions capables de battre n’importe quelle équipe quand nous en avions envie. Mais nous étions beaucoup trop inconstants!

Qu’as-tu pensé du championnat de R1 cette année?

C’était une très belle série avec de belles équipes et du talent. La plus grosse différence avec la D3 se situe au niveau physique. En TDM2, dans la plupart des équipes, tu as trois gars de deux mètres.

Malgré le temps qui passe, tu restes toujours performant et tu as su alimenter le marquoir avec régularité. De quoi être satisfait de tes prestations?

Je pense avoir livré une saison pas trop mauvaise. En effet, malgré les années qui s’accumulent, j’ai été présent régulièrement au scoring et essayé d’apporter mon expérience. Physiquement, par contre, j’ai quelques kilos en trop qui m’empêchent d’être au niveau auquel j’aspire. Je compte bien les perdre pour le premier août avec Belleflamme car mes futurs coéquipiers se préparent comme des bêtes durant ce confinement.

Quel fut le moment marquant de cette saison?

Sans aucun doute la fin de saison prématurée qui ne m’a pas laissé remercier les dirigeants de m’avoir fait confiance et les coéquipiers pour l’année passée ensemble.

Qu’as-tu particulièrement apprécié cette année?

De jouer avec des potes, notamment avec Tarik qui est mon pote d’enfance ainsi que Pipo qui est le joueur avec qui j’ai le plus d’affinités sur le terrain depuis plusieurs saisons maintenant. Le teambuilding que nous avons fait dans la villa que nous avions louée restera le meilleur moment de cette saison même si j’ai eu mal à la tête pendant vingt-quatre heures après et que nous avons perdu le lendemain en Coupe contre une R2 tellement nous étions mal (rires).

As-tu de regrets sur cette dernière campagne?

Non, il ne faut jamais avoir de regret. Il faut apprendre de chaque saison!

« Un génie fou et un dictateur au grand coeur »

Coach de génie, stakhanoviste de l’entrainement, visionnaire du basket, formateur hors-pair, homme cultivé avec de vraies valeurs, Niksa Bavcevic a laissé des souvenirs impérissables à Alexandre Bousmanne et au club de Pepinster.

A peine arrivé en Belgique, Niksa Bavcevic était allé assister à des matchs de jeunes. « Il était venu voir Dimitri et moi au tournoi de fin de saison de La Reid » se rappelle Alexandre Bousmanne. « Je ne l’intéressais pas en priorité mais bien mon frère par contre. » Et le technicien de l’Est de prendre rendez-vous et de débarquer le dimanche de la fête des mères au domicile des Bousmanne à Jevoumont. « Nous l’attendions tous, j’étais en train de tondre » rigole Bous’ qui jouait alors à Theux avec son grand (2m12) frère aîné.  » La vraie cible, c’était Dimitri mais ce n’était pas un grand amoureux de basket alors j’ai été invité à la réunion. J’étais super impressionné d’avoir un coach de D1 à la maison. »

Et pour recruter un « prospect », Niksa savait y faire. « Il m’a convoqué un jour dans la cafétaria VIP de Pepinster et a sorti une photo. C’était celle de son équipe junior de Split où tous les gars étaient passés pros. Il m’a désigné Toni Kukoc. C’était fait, j’avais déjà signé avant qu’il continue de parler. Le mec avait formé un des coéquipiers de Jordan!« , s’exclame l’expérimenté intérieur aubelois.

Arrivé en remplacement de Michel Baiverlin « coupable », notamment, d’une élimination sans gloire en Coupe de Belgique contre la D4 de Neufchâteau, le coach croate allait rester presque cinq ans au Hall du Paire pour écrire quelques unes des plus belles pages de l’histoire du club pepin. En un presque lustre , Pepinster obtint de magnifiques résultats sportifs tout en « sortant » de nombreux talents – Hervelle, Muya, Massot – tant pour l’élite que pour les divisions inférieures. « J’étais pas an niveau P4 avant de passer dans ses mains. J’étais juste un bon petit joueur mais grâce à lui, j’ai explosé de partout. J’ai pu toucher à la D1 mais surtout jouer durablement en D3. Tout me vient de lui » reconnait Alex. « Il a « fait » Axel Hervelle. C’était un génie, un génie fou. Un génie probablement incompris de l’extérieur mais certainement le meilleur entraineur de tous les temps – avec Dario Gjergia – en Belgique. Mais il était incapable d’accepter l’échec ou l’indiscipline, que cela soit de ses joueurs, des dirigeants, de la fédération ou des arbitres. »

Comme toutes les belles histoires, celle qui lie Niksa Bavcevic – qui préfaça d’ailleurs un ouvrage sur le cercle pepin – et Pepinster est riche en savoureuses anecdotes. « Au tournoi international de Martigny – qui était un peu le championnat des vainqueurs de chaque pays d’Europe – où nous fûmes double champions, il laissait Ivica Skelin dormir dans le hall pour être sûr que nous ne sortions pas. Il a déjà fait arrêter le car de Pepin sur l’autoroute car ma veste était dans la soute. Il ne voulait pas que je prenne froid » se remémore avec délice l’ancien pivot de SFX. « Il nous a obligé à nous entraîner en quittant l’avion après un mauvais match en Coupe d’Europe. Il avait mis Darius Hall au régime. Ce dernier, quand nous nous arrêtions dans les stations services, mettait ses paquets de chips dans mon sac pour que je paie et venait avec son énorme paluche les reprendre, paquet par paquet, pour les manger couché dans le car. »

« Des entrainements précis pointus et éreintants »

Ce boulimique d’entrainement, qui s’était aménagé un petit bureau/dortoir au Hall du Paire pouvait se montrer terriblement exigeant. « Pour mon premier entrainement avec la D1, nous faisons du 3 contre 2+1. Sur la première action, Faison me plante un trois points à huit mètres, sur la deuxième, Jorssen me contre à deux mains sur la planche. Sur la troisième, Starosta – un géant prêté par Madrid – me dunke dessus en lay-back. Niksa m’a alors dit: « take a seat ». Et j’ai regardé le reste dans les gradins » nous raconte Alex. « A un autre entrainement, toujours dans un exercice de 3 contre 2+1, il fallait, après avoir pris le rebond, monter la balle jusque de l’autre côté du terrain. Forcément, Damir Milacic me piquait la gonfle ans sans arrêt avant le milieu. Niksa arrêtait l’exercice, me rendait la balle au début et me demandait de recommencer. Encore, et encore. Les pros devenaient fous. »

Les entrainements du croate étaient réputés partout en Belgique, tant pour la débauche d’énergie demandée que pour la précision exigée. « C’était un enfer. Dès qu’il rentrait dans la salle, nous nous sentions mal. Les entrainements de Bavcevic étaient à la fois précis, pointus et éreintants. Tactiquement, c’était un pur monstre! Il nous expliquait au centimètre près où nous devions nous placer. Le jeudi soir, il nous filait les systèmes de l’équipe adverse et nous devions les connaître pour le lendemain. Moi qui était encore à l’école, je les étudais pendant les cours. Et Axel Hervelle me guidait sur le terrain quand j’étais perdu mais si un pro se trompait, il se faisait massacrer » continue l’ancien Aqualien. « Un jour, Niksa annonce « first » – un système où le meneur prend un écran – trois fois d’affilée. Il arrête l’entrainement, va prendre une petite balle jaune dégonflée, la signe et met un smiley dessus puis la donne à Damien Pirson. Il le vire alors du terrain et lui dit d’aller shooter. Damien prend un ballon normal mais Niksa arrête à nouveau l’entrainement – pour que les pros assistent bien à la scène – et précise à Damien qu’il doit shooter avec la balle jaune. « Ta petite balle à toi » lui précise-t-il. C’était ça Niksa: la perfection non-stop. »

« Un dictateur au grand coeur »

Un sens du détail qui portera ses fruits, de nombreux talents progressant à vitesse grand V alors que les victoires s’enchaînaient au Hall du Paire. « J’ai disputé mon premier match en D1 contre Wevelgem. A Vilvoorde (où évoluaient Rasquin et Kalut, les anciens Pepins), où nous jouions pour la qualifications en Playoffs, 300 supporters de Pepinster se sont levés pour demander ma montée. Bavcevic a dessiné un système pour que je marque et j’ai envoyé ma passe en tribune » rigole Bous’. « Je suis monté au jeu entre vingt et trente fois, j’ai participé à des matchs de Coupe d’Europe, notamment à Ionikos où nous affrontions Louis Rowe, mon idole pépine – il avait planté 45 points une fois, record du club – quand j’étais petit. »

Et si Niksa Bavcevic pouvait se montrer dur, c’était aussi un homme de valeurs. « Après notre deuxième titre de champion en jeunes, il est rentré dans le vestiaire alors que je fumais un gros cigare pour me dire de le lâcher car j’avais entrainement le lendemain avec la D1 » retient celui qui évolua cinq saisons sous le maillot pepin. « Mais pour ma première sélection en équipe nationale, il était tellement fier qu’un de ses produits soit repris qu’il a envoyé Serge Polet me suivre toute la première journée. A la fin de son aventure à Pepinster, il m’a pris dans un coin pour m’expliquer que, dans la vie, l’argent ne devait pas être le moteur, qu’il fallait prendre soin de moi et conserver de bonnes valeurs. »

Une vision de la vie que cet incroyable entraîneur – qui avait ses entrées en NBA lors des camps d’été – appliquait au quotidien.  » Il était présent aux obsèques de ma maman alors que personne ne l’avait prévenu. Ce mec est un dictateur au grand cœur. D’ailleurs une de ses phrases préférées est : « Trop de démocratie nuit à la démocratie ».  il est hors de lui quand il constate qu’une partie de la population ne va pas voter dans les pays où ce n’est pas obligatoire. « Ce seront les même qui, dans une dictature, manifesteront pour obtenir le droit de vote. Ce droit est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un citoyen. » Tout est dit » conclut Michel Christiane qui l’a côtoyé lors de brillant premier passage en Belgique.

Thiebaut COLOT

Crédit photo: Vevey Basket