Stéfan Lantin est l’homme à tout bien faire de l’Elan Fexhe. Joueur, entraineur, et directeur technique du club hesbignon, celui qui est professeur d’éducation physique et coach sportif dans le civil nous livre ses impressions sur son club, sa saison, la quatrième provinciale, les blessures, le basketball en général et liégeois en particulier. Entretien avec un gars éminemment sympathique.
Stef, pourquoi avoir décidé de rejoindre Fexhe?
D’une part, j’y suis directeur technique et entraineur et je vis dans la localité, cela faisait sens. D’autre part, le projet proposé est sympa, nous visons la montée et nous souhaitons former des jeunes.
Tes soucis dorsaux ont également joué dans ton choix?
Bien sûr, et même beaucoup à vrai dire. Tant en régionale qu’en P1 avec Waremme et Tilff, je souffrais aux entrainements. J’ai réfléchi à arrêter un an pour ménager mon dos et j’ai finalement pensé qu’en allant en P4, où l’intensité est moindre, cela irait mieux. Mais ce n’est pas le cas.
Pas d’amélioration de ce côté-là?
Non. Avec Luc Stevens, mon médecin sportif, nous avons envisagé plusieurs pistes, dont l’opération. C’est frustrant car je ne peux pas jouer, ou alors à faible intensité. Et j’ai vraiment mal, ce qui affecte un peu le moral, c’est inéluctable.
Du coup, cela complique aussi votre projet d’accéder à l’échelon supérieur?
Un joueur ne fait pas tout. Malgré notre bon début de saison – 7 victoires en onze rencontres- je pense que cela sera difficile. Quatre équipes sont devant nous, dont Alleur qui est invaincu.
Tu joues meneur cette saison, cela change-t-il quelque chose pour toi?
Je suis plutôt polyvalent, je sais garder le ballon. A Waremme, j’ai été premier meneur pendant un an, la saison d’après j’étais derrière Hervé Piedboeuf qui est un super joueur. C’est donc un rôle que je connais. Le souci est que, trop souvent, lorsque je monte le ballon avec Fexhe, il y a un risque que je ne le retrouve pas au cours de l’attaque. Pour l’instant, mon rôle n’est pas top et l’équipe livre d’ailleurs de bons matchs sans moi.
Tu es redescendu en P4, comment juges-tu cette division?
Tout d’abord, au niveau de l’arbitrage, c’est parfois scandaleux. J’en deviens presque hystérique. Mais le niveau général est clairement plus bas. En terme de lecture de jeu, de jeu sans ballon, d’attention aux détails, c’est plus faible que ce à quoi je suis habitué. C’est très lent, le rythme est vraiment très particulier et cela peut être assez déstabilisant. Les contre-attaques notamment sont tout sauf rapides, il m’arrive régulièrement de prendre des shoots presque à l’arrêt. Dans notre série, Alleur est clairement au-dessus du lot. Ensuite, Grivegnée et le 4A Aywaille sont agressifs et intenses dans le bon sens du terme. A Fexhe, nous n’avons pas de vedettes, nous nous reposons sur le collectif mais je pense que chaque joueur n’a pas encore vraiment trouvé son rôle.
Je trouve qu’il y a une belle évolution, avec du jeu rapide et la volonté de valoriser les jeunes. L’initiative de Talento, par exemple, est super. La P2 et P3 sont particulièrement fournies en jeunes joueurs de talent. En troisième provinciale, ça joue déjà pas mal du tout au basket mais, a contrario, la P4 n’intéresse personne. Il faut vite parvenir à monter. Cette saison, nous avons perdu trois fois contre des zones immondes. Nous n’arrivons pas à servir intérieur, ni à alterner correctement. Les shoots sont pris sans rythme donc la réussite nous boude et nous sommes souvent surpris par la réaction de nos défenseurs.
Tu y trouves ton plaisir?
A l’entrainement, oui. Mais en match, pas tellement.
Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans le basketball?
C’est une bonne question. J’aime le jeu à l’américaine, avec beaucoup de paniers et de l’alternance. J’apprécie le contact physique. J’aime la complémentarité entre l’aspect physique du basketball et un côté plus « artistique ».
Quels sont tes meilleurs souvenirs de basketteurs?
Il y en a vraiment beaucoup. La saison en P2 à Tilff où nous étions presque invaincus. Avec Di Palma, Medhi Ajlani, Patrick Maquinay et les autres, il régnait une super ambiance. On finissait tous nos entrainements du jeudi en ville jusqu’à 6h du matin, c’était dingue.
Et tu étais coaché par un autre Hesbignon, David Beck?
Oui, je l’adore. C’est un super entraineur et ses entrainements sont toujours variés et intéressants. Je suis d’ailleurs très content de la saison que vit Hannut. C’est super pour David.
D’ailleurs, c’est quoi la spécificité du basket en Hesbaye?
Il y a de la qualité, les gros clubs savent produire de bons jeunes. Les petits clubs ont une mentalité plus réservée. A Fexhe, nous jouons dans une petite salle, nous sommes souvent sous-estimés. Mais j’y retrouve une ambiance familiale, un peu comme à Tilff. Et j’adore ça!
Passé par Pepinster et Ninane en senior, Ludo Lambermont s’épanouit désormais dans la commune de notre ancien Premier ministre, Yves Leterme. Faisant bien moins de gaffes que l’homme aux 800 000 voix, Ludo veut s’établir à Ypres tout en gardant la D1 dans un coin de sa tête. Découverte d’un jeune homme attachant avec la tête sur les épaules.
Si Ludovic Lambermont a commencé le basketball à Bellaire, avant de passer à l’Athénée Jupille pour trois saisons ainsi qu’à la Vaillante une année, c’est à Pepinster que tout s’est accéléré pour lui. « Je suis arrivé là-bas tout bêtement » nous précise-t-il. « Un coéquipier à Jupille m’avait dit qu’une draft était organisé par les Pépins, j’y suis allé sans arrière-pensée. Dominique Steffens m’a remarqué et proposé de rejoindre le club verviétois pour la saison suivante. »
Une décision logique pour Ludo. « J’avais seize ans » nous rappelle-t-il. « Un âge où l’on peut commencer à évoluer en senior. Pour moi qui suis un véritable passionné, rejoindre Pepinster était un pas en avant. »
Bénéficiant d’un encadrement de qualité, le Liégeois progresse à vue d’oeil. « Nous avions d’excellents entraineurs comme Serge Polet et Christian Lemaire, j’ai beaucoup appris au sein d’un club qui faisait de la formation sa priorité » nous dit-il. Au point d’intégrer le noyau de l’équipe première, en D1, à l’aube de sa majorité. « Une excellente expérience » se souvient-il. « Avec Nenad Trajkovic, le coach de l’époque, nous faisions des entrainements individuels lorsque je n’étais pas à l’école. Et je participais aux séances avec les pro. »
Ludo restera cinq saisons à Pepinster, qui vivra de nombreux remous, avant de partir au terme d’une dernière année qui restera mi-figue mi-raisin pour le Liégeois. « Mais nous avions tout de même retrouvé les Playoffs après douze ans d’absence. Un beau souvenir tant pour moi que pour tous les supporters. » Désireux de poursuivre sa progression, le talentueux shooteur exporte ses talents à un jet de pierre du Hall du Paire. Il rejoint le BC Ninane pour une saison qui s’avèrera délicate, Ludo prenant la décision d’arrêter en janvier. « Je sortais du milieu professionnel et j’avais sans doute perdu l’habitude d’un club amateur, même si les Calidifontains font de leur mieux pour offrir des conditions idéales pour s’épanouir » argue-t-il. « Toutefois, je ne me sentais pas dans mon élément. Je ne m’amusais plus, j’allais à l’entrainement avec des pieds de plombs. Cela n’était bon ni pour moi, ni pour le club. »
Back to… Pepinster
Et Ludo retourne alors s’entrainer à…Pepinster. « J’y retrouvais Jérôme Jacquemin et beaucoup d’amis, j’ai repris goût au basket » nous explique-t-il. Il décide de signer là-bas pour l’année suivante. Une saison qui ravit le sympathique Liégeois. « Même si le club à décidé de se séparer de Jérôme, je connaissais aussi Aleksandar Zecevic, qui a repris les rênes de l’équipe » plaide-t-il. « Ce fut une super saison et nous nous disons souvent, avec mes coéquipiers de l’époque, que nous donnerions n’importe quoi pour revivre une telle année. »
Cependant, au terme de la saison, Ludovic a besoin d’un nouveau défi. « Je voulais quitter la région liégeoise où j’avais un peu le sentiment d’avoir fait le tour » nous confie-t-il. « Nous avons regardé avec mon agent concernant des pistes en Belgique et à l’étranger et Ypres s’est manifesté. Je n’ai pas hésité une seconde et j’ai décidé de m’embarquer dans cette nouvelle aventure! »
Au sein du club flamand, Ludo renoue avec ce qu’il estime être un juste mélange entre aspect professionnel et familial. « Un peu comme à Pepinster » compare-t-il. Mais la formation flamande, qui milite en TDM1, n’offre pas le statut de joueur pro au Liégeois. « Les dirigeants m’ont proposé de me chercher un job à mi-temps, ce que j’ai tout de suite accepté » détaille-t-il. « Je bosse quatre matinées par semaine. Je dépose les repas dans les écoles de la région. C’est chouette car cela me permet d’avoir un certain rythme de vie et de rencontrer du monde. »
Le reste du temps, « l’expatrié » le consacre à l’entrainement. « Nous nous entrainons trois fois par semaine avec l’équipe et il m’est arrivé de m’entrainer en plus avec l’équipe B. Mais, surtout, je continue à m’entrainer de mon côté avec de la musc, du shooting et je vais au minimum deux fois par mois à la Corodo Academy. Une structure qui bosse sur le développement individuel des joueurs, sous la supervision de Rossi. Cela m’est très utile » nous explique Ludo, qui garde une hygiène de vie de joueur de haut niveau. « C’est venu assez naturellement lorsque j’étais à Pepinster. L’objectif ultime reste tout de même de renouer avec le monde professionnel. »
Toujours voulu devenir pro
Une envie qui ne date pas d’hier. « Je l’ai toujours voulu et j’ai eu la chance de le vivre à Pepinster même si je garde un goût de trop peu » nous assure-t-il. « C’est ce que je désire, quitte à aller dans un championnat étranger. » Néanmoins, du haut de ses 23 ans, Ludo fait preuve d’une belle maturité. « Je dois d’abord franchir un palier et je sais que j’en ai les capacités » avance-t-il. « Je ne peux rien revendiquer actuellement. Il faut que je fasse mes preuves à Ypres et qu’ensuite je confirme. »
Si pour le moment le temps de jeu de Ludo est parfois fluctuant, rien d’illogique tant cette saison est marquée par des bouleversements. « C’est la première fois que je quitte Liège et que je vis seul » nous précise-t-il. « J’ai du m’adapter à une nouvelle langue, un nouveau club et de nouveaux coéquipiers. Je ne suis pas encore satisfait de moi, je sais que je peux apporter plus à l’équipe. »
Une notion collective chère à celui qui vit désormais de l’autre côté de la frontière linguistique. « J’ai toujours privilégié l’équipe » nous explique-t-il. « J’ai été formé à la distribution et ensuite à l’aile avec Pepinster. Plus jeune, je me reposais beaucoup sur mon shoot mais avec les années, j’ai développé des qualités athlétiques qui me permettent de varier mon jeu. »
Des rêves de titre
Et d’apporter un large écot au sein de Melco Leper, actuel troisième de TDM1. « Collectivement, cela se passe très bien » sourit Ludo. « L’année passée, le club a dû passer par les Playdowns pour se sauver donc on savoure et l’on veut se maintenir dans les places du top pour avoir l’avantage au premier tour des Playoffs. » Avec un titre de champion à la clé, mais pas de montée. « C’est vrai que savoir que l’on ne peut pas monter peut générer un peu de frustration. Mais être champion est une superbe récompense collective, qui serait la cerise sur le gâteau, et parachèverait une belle aventure. J’avoue y rêver un peu au vu de notre première partie de saison. »
Cependant, la tâche est loin d’être aisée au sein d’un championnat ultra-compétitif. « Le niveau est vraiment très bon » confirme Ludo. « Il y a de nombreux anciens joueurs de D1, des gars avec de l’expérience et des jeunes talentueux qui veulent se montrer. C’est réellement l’antichambre de la première division. »
Une première division qui appliquera de nouvelles règles lors de la prochaine saison, avec notamment l’obligation d’avoir toujours un joueur belge sur le terrain. « Il était temps » argue le Liégeois. « Si on compare avec l’Espagne, où les locaux sont protégés, on constate que cela porte ses fruits au niveau international. La formation reste primordiale, surtout dans un pays comme le nôtre, où les clubs ne disposent pas de budgets faramineux. »
Mais avant de penser à un hypothétique retour au sein de l’élite, Ludo veut se concentrer sur son club actuel, où il se sent comme un poisson dans l’eau. « Nous, Wallons, avons tendance à penser que les Flamands sont plus froids. Mais c’est une fausse impression. J’ai reçu plein de chaleureux sms à mon arrivée ici et beaucoup de personnes ont oeuvré pour faciliter mon adaptation » nous raconte-t-il.
De quoi lui donner l’envie de rendre la confiance que lui offre Ypres. « Je souhaite réaliser une excellente deuxième partie de saison. Je veux retrouver mon jeu, le plaisir, jouer sans trop me parasiter l’esprit et ainsi franchir un palier » conclut Ludo. Et c’est tout ce que nous lui souhaitons.
Gros derby ce vendredi 15 décembre en première régionale. SFX-Saint Michel se rend à la salle de la rue Nicolas Spiroux pour y affronter Belleflamme. Deux formations qui occupent le quatuor de tête de leur championnat et présentent le même nombre de victoires. On préface la rencontre avec Alexandre Bousmanne côté verviétois et Sébastien Peremans côté liégeois.
Alexandre Bousmane
Alexandre, vous attendiez-vous à être à pareille fête pour cette première moitié de championnat?
Non, pas du tout. L’objectif était de se maintenir et de le faire le plus rapidement possible. Notre position au classement est un peu inespérée et le maintien est quasiment acquis, nous sommes donc très contents.
Au match aller, Belleflamme avait dicté sa loi et s’était imposé 68 à 87 chez vous. Qu’est ce qui explique cette défaite?
Leur meneur avait eu une production offensive bien supérieure à ce que nous avions prévu et, surtout, Emma Mampuya avait été innarêtable. Il avait inscrit 25-30 points et avait fait un véritable chantier dans la raquette.
Du coup, avez-vous préparé des stratégies spécifiques pour contrer Belleflamme ce soir?
On connaît bien les Vert et Blanc. Ils évoluent ensemble depuis un moment. On a préparé quelques petites choses, notamment pour tenter de contrer Mampuya mais c’est loin d’être évident car c’est une équipe très complète.
A quoi devez-vous faire attention en affrontant les Liégeois?
Le plus important, c’est de ne pas perdre pied car Belleflamme est une équipe qui ne lâche rien. Il faut rester concentrés et rigoureux pendant quarante minutes car on sait que les Liégeois peuvent revenir à tout moment, même si on à l’opportunité de creuser un petit écart. Cette formation a une telle facilité à scorer qu’elle est constamment dangereuse.
Et à SFX, quels sont vos points forts?
On adore Belleflamme car, justement, cette équipe présente des similitudes avec la nôtre. Comme les Liégeois, nous n’avons pas de vedette mais nous sommes un groupe de potes qui vit bien ensemble et notre cohésion est notre meilleur atout.
Comment se passe ta saison, toi qui réside à la salle Saint Michel depuis deux ans, d’un point de vue individuel?
Humainement, c’est génial et j’ai une excellente relation avec le coach et avec tous mes coéquipiers. Je suis d’ailleurs capitaine de l’équipe, ce qui est une belle marque de respect et de confiance. Individuellement, je joue un peu moins qu’à l’accoutumée mais c’est tout à fait logique car Maréchal et Delhaes sont plus productifs. C’est d’ailleurs génial de constater l’explosion actuelle d’Hugo qui fait une formidable saison. C’est super pour l’équipe et le club tout entier.
Le club, au vu de cette excellente moitié de saison, a-t-il revu ses objectifs à la hausse?
Obtenir les Playoffs serait vraiment la cerise sur le gâteau et serait vraiment chouette pour le comité, les bénévoles et nous tous. Mais il faut rester réaliste. Nous avons bénéficier d’un calendrier favorable au premier tour alors qu’à partir de janvier, nous devrons jouer deux fois Nivelles, Waterloo et Liège. Cela permet de mettre aussi notre troisième place en perspective.
Avez-vous prévu quelque chose de spécial en cas de victoire?
Rien de plus que d’habitude, à savoir nos déguisements et être festifs. On va d’abord se concentrer sur le match, nous ne sommes pas du genre à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et nous savons que cela ne sera pas aisé de s’imposer à Belleflamme.
Sébastien Peremans
Sébastien, avez-vous préparé qq chose de spécial pour le match contre SFX?
Nous avons préparé ce match comme tous les autres. Mais nous avons eu un match amical contre la R2 de Ninane mardi pour nous remettre en jambes vu la remise des matchs dimanche dernier.
De quoi vous méfiez-vous avant d’aborder la rencontre?
Nous savons qu’ils sont dans une spirale positive, c’est évident. Nous connaissons les forces et marqueurs adverses. Il ne faudra pas les laisser rentrer dans le match et nous devrons être constants durant quarante minutes. Nous nous sommes imposés à l’aller de quinze points mais nous ne devons pas penser à l’avérage. Nous devons simplement gagner ce match. Pour le dernier match de l’année à domicile, nous devons nous imposer afin de rester en tête du championnat et éloigner un petit peu les Verviétois au classement
Sur quoi devez vous insister pour vous imposer?
Comme à chaque match à vrai dire, nous devons nous imposer dans la raquette. C’est notre force chaque semaine. Il faudra également jouer avec les joueurs qui seront en réussite et éviter les erreurs
Avez-vous prévu quelque chose de spécial si vous gagnez?
Si nous gagnons, nous fêterons la victoire tous ensemble à la buvette, comme à l’accoutumée. Nous savons que l’équipe adverse est egalement forte lors de la troisième mi-temps, cela promet une belle fête d’après match. Surtout si nous gagnons!
Pour occuper les longues soirées d’hiver au coin du feu, Liège & Basketball vous propose la lecture, en découpage, d’un ouvrage de référence sur la Dream Team de Barcelone. C’est avec cette équipe incroyable que la popularité du basket et de la NBA a explosé au début des années 90. Le livre « Dream Team » écrit par Jack McCallum, éminente plume d’ESPN, nous plonge au coeur de cette équipe légendaire et de cette formidable épopée qui fête cette année ses 25 ans. Bonne lecture.
PORTRAITS SUCCINCTS
BARKLEY, Charles, ailier, 1,93 m ; commentateur sur TNT (1) dont le nom n’a cessé de grandir en popularité de manière exponentielle depuis qu’il a pris sa retraite des terrains ; continue courageusement de participer à des tournois de golf de célébrités malgré un swing absolument désastreux ; meilleur marqueur de la « Dream Team », connu à Barcelone pour ses virées sur les Ramblas et pour avoir donné un coup de coude à un Angolais.
BIRD, Larry, ailier, 2,06 m ; au moment où j’écris ces lignes, il est toujours general manager des Indiana Pacers mais dans l’attente de jours meilleurs ; limité à Barcelone par des problèmes de dos qui l’ont conduit à se retirer après les Jeux olympiques ; a entretenu une amitié improbable avec Patrick Ewing au sein de la « Dream Team » ; a défié Chris Mullin dans un H.O.R.S.E. (2) de légende.
DREXLER, Clyde, arrière, 2,01 m ; hommes d’affaires, golfeur, ancien participant à « Danse avec les stars » ; souhaite devenir coach de NBA ; heureux d’avoir été membre de la « Dream Team » mais mécontent d’avoir été sélectionné tardivement ; on se rappelle qu’il a un jour porté deux chaussures gauches à l’entraînement et a tout de même essayé de s’en tirer ; ne croit pas que Michael Jordan était meilleur que lui.
EWING, Patrick, pivot, 2,13 m ; coach assistant au Orlando Magic au moment où j’écris ces lignes, malheureux de ne pouvoir obtenir d’entretien pour postuler en tant que head coach ; beaucoup plus populaire auprès de ses coéquipiers « dreamers » qu’avec la presse ; c’est « Harry », la « moitié » de Harry and Larry (3).
JOHNSON, Earvin, meneur, 2,06 m ; figure de proue de Magic Johnson Enterprises, a réussi son vœu premier de devenir un acteur de premier plan dans le monde des affaires ; a parfois agacé ses collègues « dreamers » avec son attitude « C’est-mon-équipe » mais a contribué à faire changer le regard de millions de personnes sur le VIH et le SIDA ; au moment où j’écris ces lignes, il est prévu qu’il soit immortalisé sur Broadway, en compagnie de Bird, dans une pièce sur l’importance de leur œuvre en NBA.
JORDAN, Michael, arrière, 1,98 m ; propriétaire des Charlotte Hornets ; essaie de rattraper son expérience ratée aux Washington Wizards ; a chambré un Magic furieux avec le slogan publicitaire « Be like Mike » après une victoire mémorable lors d’un match d’entraînement ; reconnu par tous les « Dreamers » comme le mâle alpha de l’équipe et comme le plus grand basketteur de tous les temps, suivi immédiatement de très près par Magic et de très loin par Drexler.
LAETTNER, Christian, ailier, 2,11 m ; son agence BD Ventures, en cogestion avec son ancien coéquipier de Duke Brian Davis, a connu des problèmes de trésorerie ; au moment où j’écris ces lignes, il souhaite intégrer le coaching ; semble déterminé à faire changer son image d’enfant gâté ; a gagné sa place dans la « Dream Team » grâce à son statut de joueur universitaire immortel.
MALONE, Karl, ailier, 2,06 m ; grand collectionneur de gros matches qui veut revenir d’une manière ou d’une autre en NBA ; son éthique de travail a été une source d’inspiration pour d’autres membres de la « Dream Team » ; les gamineries du rapport de forces entre Jordan et Magic aux entraînements l’ont sérieusement agacé.
MULLIN, Chris, meneur/ailier, 1,98 m ; brillant commentateur pour ESPN mais pourrait avoir une seconde chance en tant que dirigeant après son échec à Golden State ; son excellent pourcentage aux tirs à Barcelone (61% dont près de 54% à 3 points) a justifié sa sélection auprès des sceptiques et l’aval qu’il a reçu de l’équipe a conforté les bienfaits qu’il pouvait lui apporter par sa sobriété.
PIPPEN, Scottie, meneur/ailier, 2,03 m ; a eu de sérieux problèmes d’argent , cependant, il est toujours resté présent aux yeux du public grâce à ses piges en tant que consultant et grâce aux apparitions de sa femme dans un reality show ; a avancé que LeBron James était meilleur que Jordan puis s’est rétracté… en quelque sorte ; a montré qu’il appartenait à la « Dream Team » grâce à sa polyvalence de classe mondiale.
ROBINSON, David, pivot, 2,16 m ; dirige une école privée à San Antonio appelée Carver Academy ; ses activités religieuses sont le moteur de sa vie ; plutôt à l’écart des autres membres de la « Dream Team » mais unanimement respecté ; a fait un duo à Barcelone avec l’un des frères Marsalis.
STOCKTON, John, meneur, 1,85 m ; chauffeur à plein temps de sa famille à Spokane, sa ville natale, et il ne pourrait pas être plus heureux ; a entraîné la meneuse Courtney Vandersloot à l’université Gonzaga ; une jambe cassée a limité son temps de jeu dans la « Dream Team ».
DALY, Chuck, coach ; est mort d’un cancer en 2009 ; s’était promis de ne jamais prendre de temps mort à Barcelone et n’en a jamais pris ; tout le monde l’adorait, il manque à tous.
INTRODUCTION
« T’as une vidéo ? me demande Jordan. De ce match ? Tout le monde me parle de ce match, me dit-il. C’est le plus fou que j’aie jamais disputé sur un terrain de basket. »
Le fait que nous fassions référence ici à un match d’entraînement interne joué à Monaco avant les Jeux olympiques de 1992, et non à un match officiel, reflète bien la légende persistante de la « Dream Team », sans conteste l’équipe la plus dominante qui ait jamais existé dans n’importe quel sport. Cet été-là, il y a vingt ans, les États-Unis ont disputé 14 matches – 6 dans le tournoi préolympique qualificatif et 8 pour la conquête de la médaille d’or à Barcelone – et l’équipe la plus accrocheuse a été l’excellente formation de Croatie, qui a perdu la finale de 32 points. Les comparaisons statistiques habituelles sont tout bonnement hors de propos concernant la « Dream Team », leurs membres ne pouvant être évalués que lorsqu’ils se défiaient les uns les autres.
Une vidéo de ce match est le Saint Graal du basket ; et un compte-rendu en est donné ici au chapitre 28.
C’est une véritable tempête qui s’est abattue sur Barcelone en cet été de la « Dream Team ». Tous les ingrédients étaient réunis. Les membres de l’équipe étaient presque exclusivement des vétérans de NBA au sommet de leur gloire. Le monde entier, qui ne s’était vu offrir que des aperçus de matches NBA, les attendait, car à Barcelone se déroulaient les premiers Jeux dans lesquels des basketteurs pros étaient autorisés à concourir. Ils étaient des représentants, sous la bannière étoilée, d’un pays qui avait toujours une position dominante dans le monde.
Le scénario n’aurait pu être mieux écrit. Et quand les « Dreamers » ont finalement délivré leur puissance dans un effort collectif, le show a été bien meilleur que ce à quoi tout le monde s’attendait… et tout le monde pensait que cela allait être grandiose. Il y avait eu Johnny Cash à la prison de Folsom, les Allman Brothers à Fillmore East, Santana à Woodstock. « Si cela avait lieu aujourd’hui, me confia Larry Bird, cela serait l’un de ces reality shows. »
Les noms de Michael Jordan, Magic Johnson, Larry Bird et Charles Barkley demeurent familiers chez les fans vingt ans plus tard. Leur taux de reconnaissance dans la culture populaire reste très élevé. Ce n’est pas seulement parce qu’un membre très glamour de la « Dream Team » se trouve maintenant en tête d’affiche sur les plateaux télé et a en partie incité Danger Mouse et Cee Lo Green à baptiser leur duo de hip-hop Gnarls Barkley ; ou parce que Magic Johnson (Red Hot Chili Peppers et Kanye West), Scottie Pippen (Jay-Z), Karl Malone (The Transplants) et Michael Jordan (impossible de dénombrer les références) ont été les sujets de chansons. Notons ce fait : le nom de John Stockton, un meneur très sobre, très mesuré, figure sur une piste de 2011 du rappeur de Brooklyn Nemo Achida et le jeu vidéo très populaire NBA 2K12 affichait Jordan, Magic et Bird sur la couverture de son emballage. Pas les joueurs au sommet à ce moment-là, tels que LeBron James, Dirk Nowitzki ou Derrick Rose.
Les anciens de la « Dream Team » ne sont jamais éloignés de l’actualité, même de l’actualité criminelle. Il y a peu, un individu condamné pour viol et qui avait un tatouage du logo de Jordan « Jumpman » sur le front a décrit dans une interview sa course-poursuite avec les forces de l’ordre de la manière suivante : « J’étais comme Michael Jordan, mon gars. Je volais ! » Un voleur à main armée a demandé que sa peine soit portée de 30 à 33 ans en hommage au numéro de Larry Bird…
Et pourtant, l’ensemble des écrits sur cette équipe et cette époque n’est pas si énorme. Tels des dinosaures, les « Dreamers » ont foulé le sol de la Terre avant l’ère des réseaux sociaux. Au-delà des anecdotes journalistiques, il n’existe aucun récit détaillé, au quotidien, de leurs activités basket (« Bird a effectué une séance de tirs aujourd’hui mais il souffre du dos »), pas plus qu’il n’existe de traces écrites relatant des rencontres insolites au cœur de Barcelone (« Dingue, suis tombé sur Ch. Barkley au bar & il ma fé 1 bisou sur la joue ; l’é pa si gros q’ça LOL »). L’essentiel de cette aventure reste à découvrir à la lumière de l’histoire.
Il ne fait aucun doute que la « Dream Team », tout comme la jolie pépée rouquine qu’on a rencontrée il y a des années dans un pub de Dublin, a bien meilleure mine dans le doux flou de la nostalgie. « Aujourd’hui, c’est la Dream Team d’une mémoire bénie, dit l’ex commissioner de la NBA David Stern (4.) C’était une bande de saltimbanques révolutionnaires partant en guerre. On oublie Charles bousculant un Angolais, Michael et les autres masquant leurs logos, les grincements de dents façon “Pourquoi envoyons-nous cette équipe ? Vous voulez juste humilier les autres pays.” Avec les années est venue la béatification. »
Rien de cela n’est oublié dans ces pages, Monsieur Stern. La « Dream Team » s’est forgée au sein de conflits athlétiques et bureaucratiques. Elle a été touchée par la dramaturgie et la controverse à son retour, après une campagne olympique teintée d’un léger romantisme. Tout cela fait partie de l’aventure. Ce livre offre en fait une vision globale sur toute cette génération, en grande partie parce que les membres de la « Dream Team » ont été les personnages centraux d’une pièce captivante qui s’est jouée dans le basket pro du milieu des années 1980 au début des années 1990. Un âge d’or de la NBA qui s’est achevé lorsque le conte de fées de la « Dream Team » a lui-même pris fin, en août 1992.
Ce récit suit grosso modo la chronologie. Il m’a semblé crucial de donner une description des joueurs avant leur participation à la « Dream Team » – Michael Jordan, le jeune héros des Jeux de Los Angeles en 1984, Scottie Pippen, le novice se battant pour gagner sa place auprès d’un coéquipier infiniment plus célèbre que lui aux Chicago Bulls, Charles Barkley, le jeune loup débridé, et bien sûr la rivalité entre Magic Johnson et Larry Bird dans les années 1980.
Et puis le processus de sélection – comment cette équipe a été montée – est d’une certaine façon plus captivant que les matches eux- mêmes. C’était de la cuisine politique, une sorte d’élection pour les primaires à l’américaine sans les cotillons et les pom-pom girls. Une course d’obstacles dans laquelle les coups de poignard dans le dos ainsi que les rivalités, passées et en cours, ont chacun joué leur part.
Mais il était aussi important de donner un aperçu des joueurs tels qu’ils sont aujourd’hui, certains dans leur ville natale (Phoenix, Houston, San Antonio, Spokane), d’autres sur le lieu de leurs activités professionnelles (Charlotte et Orlando). Ces éléments apparaissent en tant qu’« interludes ». Ainsi y a-t-il des arrêts et des reprises dans ce récit, qui prend plus l’allure yo-yo d’un dribble de Magic Johnson que celle bulldozer de Charles Barkley.
Comme chacun de nous, ils ont rencontré des échecs dans leurs vies, certains en tant que pères ou maris, d’autres en tant que coaches, general managers ou hommes d’affaires. Mais d’un point de vue basket, ils ont tutoyé la perfection. Au regard de l’histoire, ils ont constitué la plus grande équipe de tous les temps et de si loin, d’après le general manager des Dallas Mavericks Donnie Nelson, qui a coaché contre eux aux Jeux, « (qu’il) ne (peut) même pas imaginer qui prendrait la deuxième place ».
Le meilleur baromètre pour se représenter la place de cette équipe dans l’histoire, ce sont les mots d’un de ses membres les plus éminents, un homme qui a gagné cinq titres NBA, trois titres de MVP, un titre NCAA et un nombre incalculable de concours de popularité. « Pour moi, la « Dream Team » est à la première place de tout ce que j’ai fait en basket, a dit Magic Johnson, parce qu’il n’y aura jamais une autre équipe comme celle-là. Cela ne se peut pas. »
PROLOGUE
Barcelone, 1992
Je savais depuis le début que c’était une mauvaise idée. Je jure que c’est vrai. Mais David Dupree, mon ami et collègue à « USA Today », était au taquet. « On a couvert la Dream Team depuis le début, me disait-il. On devrait se faire prendre en photo avec eux. C’est simple. C’est un truc qu’on gardera en souvenir. »
Prendre une photo avec des athlètes célèbres semblait être la dernière chose que David pouvait me suggérer. Mais l’ambiance de l’époque était dans une telle effervescence que l’expression « Dream Team » courait sur les lèvres du monde entier et pas seulement dans le monde du sport. Les hélicoptères illuminaient comme des lucioles le ciel espagnol vierge de nuages pour protéger des joueurs multimillionnaires. Des snipers campaient sur le toit de leurs hôtels à Barcelone pour dissuader d’éventuels assassins voulant entrer dans les livres d’histoire. Et des fans en délire s’agglutinaient jour et nuit pour entrapercevoir ne serait-ce qu’un soupçon de ces douze Américains qui s’apprêtaient à réécrire l’histoire et à tout dévaster dans leur conquête de la médaille d’or.
« J’en parlerai à Magic », nous a répondu Karl Malone quand nous avons posé la question de la photo au « Mailman » (5). Karl, David et moi dînions à Barcelone. Les autres clients n’avaient d’yeux que pour nous ; que pour Malone, en fait. J’étais allé dans ce restaurant sur la recommandation d’un ami – c’était avant Internet et ses nombreux guides gastronomiques en ligne, dont le Zagat – et cela s’était avéré être un mauvais choix. Ils nous ont servi des œufs de caille à l’apéritif.
« J’mange pas d’ce truc-là, mon gars », lança Malone, un gars de la campagne originaire de Louisiane et qui ne se privait jamais de vous le rappeler.
– Moi non plus, ai-je protesté. Est-ce que j’ai l’air d’un gars qui mange des œufs de caille ?
– Je ne sais pas ce que vous mangez, vous, les Blancs », dit Malone en envoyant un clin d’œil à Dupree, Afro-américain lui aussi.
Quand nous avons terminé, Karl a promis de s’occuper de la photo et de nous informer des suites. « Je vois ça avec Magic, nous dit-il. C’est lui le capitaine. »
Il n’y avait pas de meilleure preuve que l’acceptation sans réserve par Malone du rôle de Magic en tant que capitaine et maître du protocole pour démontrer que la « Dream Team » était devenue une grande famille, unie et heureuse. Malone n’avait jamais été un grand fan de Magic et quelques mois plus tard seulement, le « Mailman » demanderait ouvertement si Magic devait être autorisé à jouer en ayant le virus du SIDA. Plusieurs fois, pendant ce glorieux été 1992, Malone en a eu ras-le-bol des commentaires incessants de Magic, le porte-parole désigné, un homme qui, comme l’a dit Scottie Pippen, « a toujours besoin du micro ». Et Malone n’était pas le seul.
Les jours ont passé, les États-Unis ont enquillé les victoires faciles. Barcelone et le monde entier ont continué de regarder le spectacle béats d’admiration et l’équipe a continué de baigner dans cette marinade grisante d’adulation, de testostérone et de victoires de 40 points. Nous n’avons plus entendu parler de la photo. Le sujet est revenu sur le tapis une heure et demie avant que la « Dream Team » dispute la finale contre la Croatie, le 8 août.
« Maintenant ? ai-je demandé à Brian McIntyre, l’excellent et très sympathique directeur des relations publiques de la NBA. Mais nom de Dieu, ils vont jouer pour la médaille d’or ! » Brian nous a toutefois escortés, David et moi, dans l’espace réservé aux membres de l’équipe et qui menait au vestiaire le plus prestigieux du monde, juste au moment où la « Dream Team » s’avançait pour investir le parquet.
« Let’s go ! Let’s get it done ! Let’s take it to ’em ! » (6)
Je ne pouvais pas distinguer les voix mais il y a eu une grande clameur et de nombreux claquements de mains qui laissaient supposer que la Croatie s’apprêtait à affronter un océan de douleur, ce qu’elle a effectivement fait. Soudain, Magic a interrompu la procession de sorte que – j’en suis encore tout ému en l’écrivant – Dupree et moi puissions être photographiés avec l’équipe. C’était comme un détachement de soldats s’apprêtant à livrer bataille et se faisant arrêter en chemin pour partager des petits fours avec Claire Chazal. Il y eut plusieurs marques de confusion, du style « C’est quoi, ce bordel ? », mais l’équipe s’est arrêtée. Dupree et moi nous sommes glissés au premier rang et le photographe de la NBA, Andy Bernstein, s’est mis en place pour prendre la photo la moins passionnante de son illustre carrière.
Tandis que nous posions – le ventre noué, le front trempé de sueur, priant pour que ce moment dure le moins longtemps possible – j’ai entendu une voix qui venait de derrière, avec l’accent nasillard caractéristique de l’Indiana.
« Hey, Jack, plaisanta Larry Bird, tu vas nous sucer après ? »
Si vous me permettez de rebondir de façon métaphorique sur le verbe transitif de Bird – et qui parmi vous ne me le permettrait pas ? – c’était la bande de guerriers la plus « sucée » depuis l’armée de Sparte. En tant que membres de la « Dream Team », un par un, ils avaient accepté l’invitation à devenir les premiers joueurs de NBA à participer aux Jeux olympiques. Ils avaient compris qu’ils signaient pour quelque chose de spécial. Et depuis le premier moment où ils s’étaient retrouvés à l’entraînement, le 21 juin 1992 à San Diego, ils avaient été les acteurs principaux d’un spectacle sans précédent. Un public en adoration et des médias qui ne l’étaient pas moins leur accordaient une attention qui ne peut être définie que comme « pornographique ». C’est devenu un tel lieu commun de les décrire comme des rock stars que ce ne serait pas même suffisant, même si je suppose que c’est ce que je viens de faire. Il y avait eu Mick Jagger se pavanant dans une limousine décapotée, la princesse Diana minaudant de son plus beau sourire au concert d’Elton John, Liz Taylor envoyant un baiser à Michael Jackson lors d’un gala de bienfaisance contre le SIDA. Au moment où la « Dream Team » est arrivée à Barcelone, des milliers de personnes étaient là juste pour voir son avion se poser au crépuscule sur l’aéroport de Barcelone-El Prat. Ils savaient qu’ils étaient en marche vers l’immortalité. Et pas dans une note de bas de page de l’histoire du sport mais dans un chapitre tout entier.
Un problème d’emploi du temps – qui s’est révélé salvateur – m’avait projeté au cœur de tout ça. De 1981 à 1985, j’avais été une sorte de chroniqueur libre à « Sports Illustrated », plutôt dans l’ombre, en tant que deuxième, troisième, voire quatrième option sur le football et le basket pros et universitaires, la boxe, le baseball et l’athlétisme. Durant l’hiver 1982, j’ai écrit huit articles sur huit sports différents en huit semaines. L’un d’entre eux concernait les championnats du monde de squash organisés à New York, au Yale Club. Je n’y avais pas accès, à moins de porter une veste et une cravate.
Je ne suis pas en train de dire que cela équivaut à crapahuter dans les rizières et à s’acharner contre les sangsues pour couvrir la guerre du Viêt Nam, comme l’a fait un temps feu David Halberstam avant de devenir chroniqueur NBA à un niveau beaucoup plus élevé que le mien. Cela revient tout simplement à dire qu’à l’époque, j’étais en recherche de stabilité. Et je l’ai trouvée à l’automne 1985, quand le rédacteur en chef Mark Mulvoy m’a placé en numéro un sur le créneau NBA.
Le petit secret honteux du journalisme (peut-être que ce n’est pas un secret) est que vous êtes seulement aussi bon que votre matériau et bon Dieu, j’ai été parachuté dans une vallée où la source était si riche et si fertile que seul le dernier des baltringues aurait pu faire capoter une telle opportunité. Sous les ordres de Mulvoy, « Sports Illustrated » a largement été un magazine d’hommes de premier plan – c’est-à-dire que nous écrivions sur les gagneurs et que nous mettions les gagneurs en couverture. Dans les années qui ont précédé Barcelone, j’ai écrit des dizaines et des dizaines d’articles sur ces gars qui – nous en étions déjà conscients à l’époque – étaient en train d’établir une sorte d’âge d’or du basket professionnel.
A suivre…
1. Turner Network Television.
2. Le H.O.R.S.E. est un jeu d’adresse. Deux joueurs sont opposés et tirent chacun son tour d’un même endroit, cet endroit pouvant changer après que les deux joueurs ont tiré. Celui qui rate, tandis que l’autre réussit, prend une lettre du mot H.O.R.S.E. Le premier à avoir toutes les lettres a perdu.
3. En référence au couple glamour formé par Harry Styles et Louis Tomlinson, surnommé Larry Stylinson.
4. Remplacé par Adam Silver le 1er février 2014.
5. « The Mailman », le Facteur, est le surnom de Karl Malone.
6. « On y va ! On va l’faire ! On va se les bouffer ! »
– Jack McCallum, « Dream Team », éditions Talent Sport, sorti le 8 juin 2016, 396 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)
La série C de P3 est, pour beaucoup d’observateurs avisés, la plus forte de troisième provinciale. Cela méritait bien un petit focus.
Grivegnée trône en tête de la série, profitant d’un Barry Mitchell toujours saignant. Avec une seule défaite enregistrée contre les Buffalos de Grâce-Hollogne, les Liégeois termineront largement en tête au premier tour et peuvent envisager sereinement un titre de champions qui semble leur tendre les bras.
Mais, méfiance, dans une série où -presque- tout le monde semble pouvoir battre tout le monde, Hannut et La Villersoise sont en embuscade, avec une éventuelle montée à la clé. Défait à Grivegnée, justement, le weekend dernier, Arnaud Duvivier, l’entraineur hannutois, veut conforter cette deuxième place, et pourquoi pas mieux. « Je ne baisse pas les bras. Même si cela devient compliqué après notre revers, il reste malgré tout une chance. Nous devrons certes faire un sans-faute jusqu’au terme du championnat, je le reconnais, mais Grivegnée doit encore jouer quelques matches difficiles. J’y crois toujours donc, même si la seconde place est plus dans nos cordes » confie-t-il à Sudpresse. Une deuxième place qui pourrait s’avérer suffisante pour rejoindre l’échelon supérieur. « C’est bien pour cela que nous devons garder Grivegnée en point de mire tout en confortant notre position au classement. »
Défaites surprises de La Villersoise et Waremme
A La Villersoise, on vient d’enregistrer une surprenante défaite face à Wanze, avant-dernier au classement. « Mes gars ont très certainement voulu prouver qu’ils avaient les capacités pour se maintenir. Que le comité devait croire en eux. Ils étaient un peu abattus après le départ de Lambert, mais se sont retroussé les manches directement. Les deux dernières séances d’entrainement ont été les meilleures depuis le début de saison. Notre match à La Villersoise fut lui aussi le meilleur depuis bien longtemps. Misson nous a fait le plus grand bien dans la raquette. Il a apporté sa taille, ses points et a muselé Dodemont. Mais c’est tout le groupe qui est à féliciter » contextualise l’entraineur des Rouge et Blanc, Steven Vanherck, à Sudpresse.
Dans le ventre mou, avec des bilans plus ou moins équilibrés, on retrouve La Spéciale Aywaille, justement, le Collège Saint Louis, Harimalia, Hamoir, la Vaillante Jupille et Grâce-Hollogne. Le match entre Harimalia et Saint Louis n’a d’ailleurs pas eu lieu dimanche dernier à cause des chutes de neige, entrainant de nombreuses discussions sur les réseaux sociaux. Pour les Collégiens, qui peuvent compter sur la précision de Martin Francoeur, cette saison d’apprentissage est relativement positive. Pour Harimalia, les choses se corsent car l’effectif est diminué. « Je connais de nombreuses défections. Un de mes gars part en Israel pour 8 mois tandis qu’un autre s’en va à Phoenix. De plus, un joueur qui devait venir chez nous a repris sa parole, ce qui a encore un peu plus compliqué les choses » nous confiait récemment Johnny Bantuelle.
La Vaillante, profitant notamment d’une belle cohésion d’équipe et de la singularité de la salle des Argilières, vend chèrement sa peau à chaque rencontre mais semble un peu juste pour revendiquer autre chose qu’un accessit. Pour la Spéciale Aywaille, après un début de saison délicat, les choses se mettent en place avec quatre succès en cinq rencontres. « Nous avons énormément progressé défensivement depuis le début de saison » nous explique Morgan Wey, joueur et Président du club aqualien. « Malgré un déficit de taille et de nombreux blessés, nous parvenons à imprimer notre rythme durant la partie et cela se traduit par des victoires salutaires. Tout le groupe tire dans le même sens et nous espérons bien être le poil à gratter du second tour. »
A Hamoir, la victoire à Huy a fait du bien à une formation qui marque le pas. « En effet… Se dire qu’en cas de défaite nous aurions dû jouer le maintien, c’est un peu dur à avaler. Surtout avec les joueurs mis à ma disposition » confirme, à Sudpresse Didier Pissard. L’entraineur des Vert et Blanc aborde le deuxième tour avec certaines envies. « Déjà faire mieux qu’au premier tour » annonce-t-il. « Ce qui ne sera pas bien compliqué. Si nous gagnons les quelques matches perdus avec moins de cinq points d’écart, cela nous permettrait de bien remonter au classement. Pour y arriver, je compte sur la motivation jamais démentie de mes gars. »
Les carottes sont cuites pour Fonds-de-Forêt
Pour les Buffalos, seule équipe à avoir fait tomber Grivegnée et qui a dû s’incliner face à Hannut d’un grand Martin de Liamchine (48 points!), les choses se passent de mieux en mieux après un début de saison poussif. « Nous avons pu remarquer que notre équipe était peut-être mieux balancée que la saison dernière, avec des profils différents. Malgré notre début de saison manqué – zéro sur trois- une certaine cohésion est en train de naître via l’explosivité de la jeunesse, la qualité de shoots de certains, l’expérience sur tous les postes et un secteur intérieur très bien fourni. D’autant plus que le tout est encadré par un coach qui comprend déjà parfaitement le groupe » nous confiait Julien Wéry voici quelques semaines.
Viennent ensuite Huy et Wanze. Si chez les Mosans, le comité a fait du maintien de la P2 sa priorité, Huy et ses jeunes joueurs pourront profiter de l’expérience acquise en première moitié de saison pour livrer un deuxième tour plus convaincant. Le match à venir de ce samedi 16 décembre face à Aywaille vaudra déjà son pesant de cacahuètes.
Les carottes semblent cuites et recuites pour Fonds-de-Forêt. L’équipe de Trooz ferme la marche et a bien du mal à exister (cf: la rouste prise à domicile face à La Spéciale Aywaille). Le groupe semble en perdition et bien trop tributaire de son meneur, Sébastien Martinez.
Après la trêve qui arrive à point nommé pour soigner les bobos de chacun, c’est un deuxième tour passionnant qui s’annonce au sein d’une série qui ne l’est pas moins.
A 24 ans, Jimmy Stas déjà vécu pas mal d’expériences entre son aventure outre-Atlantique, son passage en D1 à Pepinster et son boulot d’instituteur à l’Ecole Européenne de Bruxelles. Celui qui se passionne également pour le coaching revient sur sa saison pépine, la particularité d’être le fils de son père et l’évolution du basketball belge.
« Ce qui doit arriver, arrivera. L’essentiel, c’est d’être heureux » nous confie Jimmy Stas, philosophe. Et, malgré la saison délicate de Sainte Walburge, c’est une forme de bonheur que ressent aujourd’hui le jeune joueur des Sang et Marine. Il n’en a pas toujours été ainsi. « J’ai été dégoûté du basket professionnel à Pepinster » reconnait-il aisément.
Jimmy est arrivé dans le club verviétois suite à son expérience aux Etats-Unis. « Je suis allé y faire un master pour devenir instituteur international et j’y suis resté un an » nous raconte-t-il. « Ce fut une chouette aventure, j’y ai rencontré beaucoup de personnes géniales, dont mon roomate (ndlr: partenaire de chambrée) qui évolue désormais au Pays-Bas et je me suis entrainé avec Kay Felder qui joue désormais aux Bulls de Chicago. » Après un an, le Liégeois décide pourtant de revenir au pays. « Etait-ce trop tôt? » s’interroge-t-il. « On peut toujours réécrire l’histoire mais je n’ai pas de regret. La vie en Belgique me manquait, tout comme ma copine avec qui je suis toujours. Et puis, surtout, Pepinster avait mis un contrat pro sur la table, ce qui était l’objectif ultime. »
Dégoûté du basket pro
Et le début d’une galère pour Jimmy. « Après six mois, j’ai compris que je ne voulais plus toucher au monde professionnel du basket tant mon expérience pépine m’a chagriné » avoue-t-il. Alors qu’il s’était en partie exilé aux States pour ne pas souffrir de la comparaison perpétuelle avec son père, Jacques, Jimmy se voit sans cesse renvoyer à lui par son entraineur de l’époque, Thibaut Petit. « Il existait une rivalité entre lui et mon papa qui coachait Charleroi à l’époque. J’étais tout le temps comparé à mon père et, le pire, ce sont les mots très durs qu’à pu tenir Thibaut à mon encontre et celle de mon paternel. Cela m’a poussé à claquer la porte. »
C’est qu’être le fils du grand Jacques Stas est une sacrée étiquette à porter dans le monde du basket. « C’est évident que cela n’est pas anodin » reconnait Jimmy. « Il y a du bon et du moins bon. Je suis très fier d’avoir le père que j’ai, de porter ce nom. Mais dès que je rentre dans une salle de basket, on me regarde différemment. J’ai appris à le gérer mais c’est une forme de pression constante depuis mes 14 ans. »
L’expérience pépine étant la goutte d’eau qui fit déborder le vase. « C’est ce qui s’est passé à Pepinster. Sans mon nom, je pense que serai toujours en train de me battre pour faire ma place en D1 » concède-t-il. Une filiation qui l’a peut-être désservi dans le monde du basket professionnel mais qui lui a tant apporté du point de vue humain et basket. « Je baigne dans le basket depuis tout petit, Papa connait tous les systèmes, cela me permet de mieux lire certaines situations. »
Le basket belge se dirige vers le semi-professionnalisme
Si Jimmy regrette tout de même un peu de ne s’être plus battu pour conserver sa place, il assure que « ce n’est pas irréversible. Je n’ai que 24 ans. Si j’obtiens mes galons en TDM1 et TDM2, alors peut-être aurais-je à nouveau ma chance au sein de l’élite. Mais dans des conditions différentes. » Car le jeune homme, par ailleurs épanoui en tant qu’instituteur à l’Ecole Européenne de Bruxelles, estime que le basket belge est en pleine évolution. « Nous allons, je pense, revenir à un système de semi-professionnalisme. C’est déjà un peu le cas à Liège Basket » nous précise-t-il. « Les Belges vont progressivement retrouver leur place et, qui sait, si je continue ma progression, il sera intéressant d’avoir un joueur aux horaires d’enseignant. Mais cela restera à côté de mon métier, sans la pression inhérente à ce que cela soit ma seule activité. »
Une pression que rejette quelque peu Jimmy. « Cela ne reste que du basket » nous affirme-t-il. « Il est inutile de se mettre trop de pression. Il en faut un peu, certes, mais à petite dose. L’important, c’est d’être en bonne santé, que ma famille se porte bien. Le reste est, finalement, accessoire. »
Et si l’ailier-meneur des Sang et Marine adore toujours autant le basket, et notamment le coaching. « Une véritable passion » rappelle-t-il, c’est une épopée de jeunesse qui reste son meilleur souvenir. « Lorsqu’en cadets régionaux, à sept, nous avons été champions de Belgique avec Hannut. Deux belles années avec mes amis où le collectif a triomphé des individualités » conclut-il, tel le coach en devenir qu’il est.
Maxime De Zeeuw est un de nos meilleurs basketteurs à avoir exporté son talents hors de nos contrées. A trente ans, celui qu’Axel Hervelle a lui-même nommé pour devenir un de ses successeurs au leadership des Belgian Lions, peut se targuer d’une belle carrière. Et c’est loin d’être fini.
Maxime était un poste quatre moderne avant même que le concept n’existe. Adroit de loin et solide au rebond, il est bien plus technique que ne peut laisser supposer son gabarit imposant. Capable d’artiller à distance ou de scorer dans la peinture, tout en apportant son écot au rebond et en défense, il fait le bonheur d’Oldenburg, en Bundesliga, depuis 18 mois. « Pour l’instant, nous sommes un peu dans le creux. Nous nous cherchons collectivement » nous précise l’ancien Pépin. « La saison dernière, où nous avons accédé à la finale des Playoffs, fut exceptionnelle. Nous avons l’ambition de faire pareil mais c’est loin d’être chose aisée puisque Bamberg et Berlin, pour ne citer qu’eux, ont vraiment de gros effectifs. » Néanmoins, malgré le début de saison mitigé de club proche de Brême, Max réalise quant à lui de belles performances. « Individuellement, je me sens bien » nous confie celui qui tourne à 12 points et 5 rebonds toutes compétitions confondues. « Mais nous devons mieux jouer collectivement, plus nous faire confiance en défense. Car, offensivement, il y a du talent, nous sommes une des meilleures attaques du championnat. Nous travaillons bien à l’entrainement, ça va finir par venir. »
Au sein d’un championnat relevé, le talentueux intérieur belge semble s’épanouir. « J’apprécie ce championnat et son style de jeu, assez physique. Cela me convient bien » nous explique-t-il. « Le niveau est assez élevé ici, c’est différent de l’Italie où j’ai joué par le passé. Là-bas, les Américains avaient toutes les cartes en main et on s’en remettait à eux. Mais il n’y avait pas de continuité au sein des clubs, avec beaucoup de va-et-vient. »
La Bundesliga s’inspire de la NBA
Un aspect qui a joué lorsque Max a eu l’opportunité de signer Oldenburg. « J’ai saisi l’occasion de rejoindre un club spécial, avec une histoire particulière » avance-t-il. « J’ai parlé avec pas mal de joueurs qui m’ont tous dit du bien de cette entité. Certains gars sont là depuis cinq ou dix ans. Le club est stable, serein, très professionnel. »
Une organisation sérieuse, à l’instar du championnat de division 1 allemand. « C’est très bien organisé ici » commence Max. « Les équipes sont d’excellente qualité et aucun match n’est facile. Le niveau est très bon et tout le monde peut réellement battre tout le monde. De plus, le championnat est très médiatisé, cela s’inspire un peu de la NBA. Tous les matchs sont, notamment, retransmis en live sur un site internet. »
Et si Maxime ne baragouine que quelques mots d’allemand, il le comprend facilement. « Cela se rapproche du flamand, c’est donc plus facile à comprendre » argue celui qui a su garder des liens partout où il est passé.
Car Maxime a déjà eu l’occasion de connaitre quelques clubs. Pepinster et Anvers, en Belgique ainsi que Rome et Nimburk à l’étranger. Une vie de basketteur pro qu’il apprécie à sa juste mesure. « Je n’ai connu que ça » nous rappelle-t-il. « Je sais que j’ai beaucoup de chance. Devoir aller tous les jours au bureau est bien plus contraignant. C’est vrai que la vie de sportif de haut niveau nécessite des sacrifices, mais cela en vaut la peine. J’ai pu voyager partout en Europe grâce à mon métier et me forger des souvenirs que je pourrai raconter plus tard à mes enfants. »
En Allemagne, à cette période, Max peut profiter des joies de Noel. « C’est une grosse tradition ici. Nous irons d’ailleurs bientôt sur le marché de Brême. » Mais pour ce qui est du réveillon, difficile de prévoir où sera le sympathique intérieur. « J’aimerais pouvoir rentrer quelques jours pour profiter de mes proches. Mais vu notre situation sportive actuelle, cela semble utopique » conclut-il.
La Spéciale Aywaille restait sur une bonne dymanique. Trois victoires en quatre matchs pour des Aqualiens qui avaient entamé une remontée au classement après un début de saison délicat. La réception de Waremme était une bonne occasion de confirmer ce regain de forme et d’oublier la défaite de la semaine dernière face à la belle équipe d’Alleur.
Dimanche matin enneigé dans notre belle province. Waremme arrivait groupé plus d’une heure avant la rencontre – le CP n’avait alors pas encore pris la décision de remettre le match. Les flocons de neige tombaient assidûment pour recouvrir la nature de son blanc manteau et les cafés de la toute nouvelle cafétéria aqualienne réchauffaient les courageux qui avaient osé faire le déplacement.
La rencontre du jour opposait deux équipes au bilan diamétralement opposé. Les visiteurs matinaux n’avaient connu la défaite qu’à quatre reprises alors que les locaux n’avaient enregistré que le même nombre…de victoires. Lors du match aller en ouverture de saison, Aywaille avait explosé à Waremme, repartant avec une trentaine de points dans la musette.
Aywaille prend l’avantage d’entrée
Ce sont pourtant les Aqualiens qui prirent le meilleur départ. Solides défensivement et efficaces en transition, Brice Moreau ( 11 unités sur l’ensemble du match) et ses coéquipiers concluaient les dix premières minutes sur le score de 18 à 12.
Après 3 minutes de jeu dans le deuxième quart-temps, Morgan Wey (12 points sur la rencontre) se voyait siffler sa troisième faute sur un rebond offensif et était rappelé sur le banc par son entraineur. Il n’allait plus jouer avant la 22ème minutes du match. Privés de leur seul intérieur de métier, les locaux -toujours frappés par les blessures et évoluant à 8- allaient faire le gros dos pour empêcher Waremme de profiter de la situation. Michael Proesmans, l’entraineur des Rouge et Blanc, jouait le coup parfaitement en alignant de la taille et ses gars recollaient au score. Dominés physiquement, Robin Horrion (7 points et un rebond décisif en toute fin de rencontre) et ses potes allaient parvenir à limiter les dégâts pour rentrer au vestiaire avec un retard minimal, 32-33 à la mi-temps.
Deux grosses défenses
Au retour des vestiaires, les deux équipes démontraient bien qu’elles n’avaient pas bravé des conditions climatiques dantesques pour ne pas empocher la victoire. Alors que le match pouvait basculer dans un camp comme dans l’autre, Pierre Lété, le meneur aqualien encore impérial, plantait 5 unités pour démarrer la seconde mi-temps et permettre à sa formation de repasser devant. Un troisième quart identique au premier et les locaux étaient repassés devant à la 30ème. C’était 50 à 46 avant d’entamer l’ultime période.
Un quatrième quart-temps étouffant. Les deux équipes avaient sorti les barbelés et défendaient le plomb. Le marquoir ne changeait pas durant de longues minutes et c’était à un vrai duel de défenses que l’on assistait. Waremme parvenait tout de même à revenir à égalité mais une superbe défense des locaux et un rebond offensif d’Alexandre Koch (12 pions dimanche) suivi d’une faute à 2,5 secondes de la fin de la rencontre permettait à Pierre Lété de décider du sort de la partie, alors que La Spéciale menait d’un point. Ce dernier ratait sont premier lancer et son entraineur lui demandait alors de rater le second. La bataille du rebond permettait au chrono de s’égrener, et une technique sifflée à Waremme à la fin du temps réglementaire, scellaient le score à 57-55 en faveur des locaux.
Une bien belle victoire pour une équipe qui ne cesse de prouver qu’elle vaut mieux que son classement actuel et qui démontre que l’on peut gagner des matchs sans marquer à distance (deux trois points inscrits seulement ce dimanche). Les Aqualiens se déplaceront à Huy -qui s’est incliné contre Hamoir- samedi 16 décembre. Une victoire permettrait à Julien Vanlaar -toujours blessé- et ses amis de ne plus avoir à regarder derrière eux mais, au contraire, d’envisager la suite de la saison sereinement.
Il y a encore quelques semaines, nous avions tenté de décrypter la série sans défaite d’Aubel au sein de notre élite provinciale. Malheureusement pour Xavier Hubert et ses coéquipiers, ils ont perdu leur brevet d’invisibilité peu après. Au contraire, les dames de Pepinster continuent leur règne sans partage en troisième provinciale. Nous avons tenté de comprendre les raisons de ce succès avec leur entraineur, Terence Gabriel.
Terence, depuis combien de temps es-tu entraineur?
C’est ma quatrième année en tant que coach senior. A l’époque, on m’a proposé de reprendre l’équipe P3 dames du Royal Spa BC car leur entraineur avait démissionné. Ma soeur étant dans l’équipe, j’ai accepté. J’ai gardé cette formation durant trois saisons. A la clef, une montée en deuxième provinciale via le tour final et un maintien en P2 la saison suivante. Suite à divers soucis internes, j’ai quitté le club pour Pepinster avec 8 joueuses dans mes bagages. Quatre joueuses de Soumagne nous ont rejoint pour compléter l’effectif.
C’est donc ta première saison avec les filles de Pepinster?
Oui. Nous avons dû « redescendre » en P3. L’adaptation au club s’est passée de la meilleure des manières. Je peux compter sur le soutien et les conseils d’autres coachs dames (ndlr: Laurent Herten et Antoine Braibant). A cause de certains forfaits ou changements de séries, nous n’avons joués que 7 matchs pour autant de victoires.
Comment expliques-tu cette invincibilité?
Par une grosse charge de travail aux entrainements, une rage de vaincre permanente et un esprit de groupe omniprésent.
Quelles sont les forces de ton équipe?
La défense, la condition physique et l’esprit de groupe sont nos principales forces.
Mes joueuses sont capables d’imposer une grosse pression défensive tout en jouant de manière sainement agressive. Elles ont conscience de l’importance du rebond défensif et maîtrisent bien le « box-out ». Il faut encore travailler la rotation défensive et ne pas oublier l’aide à l’opposé.
Notre jeu en transition est un bel atout, et la condition physique aide beaucoup au bon fonctionnement de cela. Les filles attaquent et défendent à 5, en permanence.
Il faut également préciser que l’esprit de groupe permet aux filles d’être en confiance sur le terrain et de se trouver plus facilement. Cela installe un très bon cadre de travail. Nous nous voyons très souvent en dehors du basket et je trouve cela important. L’ambiance est vraiment excellente au sein du groupe.
Ambitionnez-vous de monter?
L’objectif en ce début de saison était clairement de rejoindre la P2, oui, et c’est toujours le cas à la « presque » mi-parcours. Les filles travaillent beaucoup pour réaliser notre objectif. Je suis satisfait de leur engagement mais il faut les garder concernées et impliquées.
Quelles sont les spécificités du basket féminin?
À notre niveau, le basket féminin est différent du masculin.
La taille y est moins présente et je pense que le basket féminin perdra son identité si les filles copient les comportements individualistes qui existent chez les garçons. Aujourd’hui, les femmes qui pratiquent le basket le font parce qu’elles sont ensemble. Elles ont une envie profonde de s’entraider. Le basket féminin demeure extrêmement collectif, c’est peut être ce qui le différencie le plus du basket masculin. C’est un basket de réflexion, c’est là que le jeu s’exprime le plus collectivement.
Lors de la saison 2015-2016, Liège Basket avait en son sein un beau bébé de 2,06 mètres et 120 kilos qui se faisait tatouer des drapeaux sur les tibias. Son nom? Killian Larson – rien à voir avec le meneur actuel des Principautaires. De cette époque ne reste que Boris Penninck, vestige cette de ère-là. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, les Liégeois portent haut en cette première partie de championnat. Pour les plus nostalgiques ou pour tous ceux qui se demandent comment va ce brave gaillard de Killian, nous avons bravé le décalage horaire pour vous livrer des infos toutes fraîches.
Salut Kilian, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ou t’auraient oublié?
Alors, je m’appelle Killian Larson et j’ai 26 ans. Je suis marié avec ma merveilleuse femme Megan depuis presque 4 ans maintenant. Je vis à Tacoma, dans l’État de Washington et j’ai joué au basket toute ma vie. J’ai évolué en NCAA 1 à Grand Canyon University et je suis ensuite passé professionnel. J’ai joué dans des pays comme la Belgique, la France, la Finlande ainsi qu’à Sofia.
Tu as joué à Liège, où joues-tu désormais?
Je ne joue pas actuellement. Cette saison, ma femme et moi avons décidé qu’il était préférable de rentrer à la maison et de passer un peu de temps privilégié en famille. D’autant plus que nous avons dû nous occuper de certains petites choses à la maison.
Qu’as tu pensé de ta saison liégeoise?
Ma saison à Liège était merveilleuse. Tant du point de vue basket que hors-terrain, j’ai apprécié cette année-là. Nous avons disputé les Playoffs, mais nous nous sommes malheureusement inclinés contre le futur champion: Oostende. Personnellement, j’ai mené la ligue aux rebonds et j’étais vraiment heureux de cela et ainsi que de participer à la post-season. J’aurais aimé que nous puissions d’ailleurs aller plus loin en Playoffs, mais c’est le basket, on ne gagne pas à tous les coups.
« De beaux moments sur le marché de Noel »
Comment t’es tu senti à Liège?
J’ai adoré être à Liège et y vivre. En ce qui concerne strictement le basket, j’ai un peu regretté de ne pas avoir plus de temps de jeu car j’adore jouer et je veux tout le temps être sur le terrain pour aider mes coéquipiers. Mais, étant donné les circonstances, j’estime que c’était une bonne saison. J’ai aimé les fans de Liège Basket et les Liégeois. Ma femme et moi évoquons toujours la Belgique comme notre maison de l’autre bout du monde. Nous reviendrions en Belgique et plus particulièrement à Liège en un battement de cils si l’occasion nous était donnée.
Pourquoi as-tu quitté Liège Basket?
J’ai quitté Liège parce que mon contrat était fini, tout simplement, et les dirigeants n’étaient pas intéressés pour prolonger mon bail dans la Cité Ardente. Mon agent regardait à l’époque des équipes différentes, cependant j’ai dû changer d’agent et j’ai fini par jouer en Pro B française pour Saint Chamond Basket.
Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience liégeoise?
Tous les souvenirs que je garde de Liège sont d’excellents souvenirs. Beaucoup de belles rencontres sur le marché de Noel ou le dimanche sur la Batte. Ma femme et moi avons vraiment adoré Liège. Pouvoir voyager et voir des cultures différentes est étonnant. De plus, les fans de Liège Basket ont fait en sorte que ma femme et moi nous sentions bien, à l’instar d’une grande famille.
« Le basket belge est solide »
Que penses-tu du basketball belge?
Le basket belge est vraiment un bon basket et le championnat est compétitif. Il y a quelques solides joueurs et de bonnes équipes. Je pense que c’est une bonne ligue et qu’elle peut rivaliser avec n’importe quelle ligue. Je sais que, par exemple, pas mal de joueurs viennent en Belgique, y font une grande saison mais ne veulent pas partir ensuite car ils apprécient vraiment le championnat belge.
As-tu gardé des contacts avec des personnes rencontrées ici?
Oui, bien sûr. Nous gardons contact avec certaines des personnes rencontrées durant cette année passée à Liège. Nous faisons de notre mieux pour prendre des nouvelles avec Facebook ou Whatsapp. Je garde aussi contact avec mon ancien distributeur, Jaime Smith, qui joue désormais en Italie!
Qu’appréciais-tu particulièrement à Liège et en Belgique?
J’ai tout aimé de la Belgique, notamment la beauté de villes telles que Liège, Bruxelles et Bruges. J’ai apprécié la gentillesse des gens partout où je suis me suis rendu. A chaque fois, tout le monde était super agréable et accueillant. J’ai aussi aimé voyager à travers la Belgique. C’est un petit pays, il est facile d’en faire le tour et de profiter de tout ce qu’il y a à voir.
Merci Killian!
Merci de m’avoir interrogé et de m’avoir permis d’exprimer ma reconnaissance aux Liégeois et en toute Belgique.